Branko Miljković
II
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LE POÈME DU MOIS : SEPTEMBRE 2017 |
BRANKO MILJKOVIĆ
(1934-1961)
PRELUDE
Ô toi feu si froid qui brûles partout Autour de moi mais ne crées point de jour Les maisons ignorent où sont passés les gens L’aube où sont ceux qu’elle vient d’éveiller Pleine de tournesols seule minuit le sait Coq végétal sis sur le toit du monde Qui uniquement les éveille car Les morts savent être en état de veille Suivre le fleuve les étoiles les oiseaux Et poursuivre la vie à la dérobée
Traduit du serbe par Boris Lazić
БРАНКО МИЉКОВИЋ
ПРЕЛИД
Хладна ватро која изгараш Свуд око мене а дан не ствараш Не знају куће где одоше људи Нит позна јутро оне које буди Ал зна их поноћ пуна сунцокрета Биљни петао на крову света Који их само зато буди Што мртви знају да буду будни Да следе реку звезде и птице И наставе живот криомице
In : Миодраг Павловић, Антологија српског песништва, СКЗ, Београд, 1990.
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LAZA KOSTIĆ
(1841-1910)
PARMI LE REVE ET LE REVEIL
O mon cœur abandonné,
qui t’appela devant mon seuil ?
fileuse de rêves sans fin
toi qui files des fils tant fins
parmi le rêve et le réveil.
O mon cœur encor fou,
que fais-tu de fils pareils ?
telle la fileuse tranquille*,
ce que jour file, nuit effile,
parmi le rêve et le réveil.
O mon cœur courroucé,
évite-moi ce dur écueil !
car alors comment se fait-il
que je te perds dans tous ces fils
parmi le rêve et le réveil !
* En original : Pletilja stara, Fileuse ancienne. Le poète fait allusion à Pénélope. [N.d.T.]
Traduit du serbe par Kolja Mićević
In Les Saluts slaves, Editions « Kolja Mićević », Paris-Belleville, 2002, p. 80.