Srdić, Stojan (1950)

 
Srdic Stojan portrait

 

 

Même s’il s’est d’abord illustré dans les domaines de la poésie et de la prose, Stojan Srdić s’est surtout affirmé en tant qu’auteur dramatique dont l’œuvre importante a été plusieurs fois couronnée. Ses meilleurs textes dramatiques – parmi lesquels se distinguent Ćopavi ljudi [Les Boiteux, 1988], Anđeo sa verande [L’Ange de la véranda, 2006], Geto [Le Ghetto, 2012], Salon [Le Salon, 2014] et Moje dete [Mon Enfant, 2015] – sont non seulement très différents sur le plan stylistique mais ils présentent également une diversité de genres. Plus précisément, son œuvre se déploie du drame poétique stylisé – qui pénètre les sphères du symbolisme et se révèle un défi tant pour le metteur en scène que pour le chorégraphe – au théâtre réaliste, voire naturaliste.

Très diversifiés sur le plan thématique également, les drames de Stojan Srdić ont pourtant un dénominateur commun : on le perçoit dans la manière dont l’auteur appréhende l’existence et la destinée de l’homme, en premier lieu la destinée telle qu’elle survient dans la Serbie d’aujourd’hui, mais se transcende pour toucher aux significations générales et universelles. Un autre point commun, du moins en ce qui concerne les pièces citées ci-dessus, mérite aussi d’être évoqué : il s’agit d’un pessimisme particulier qui pourrait à juste titre être qualifié de pessimisme stylisé et qui se reflète par le biais de divers moyens stylistiques allant de la métaphore fluide au grotesque naturaliste. Quasiment tous les personnages de Stojan Srdić sont dans un « état de souffrances », chacun à sa manière, du peuple symboliquement projeté des « boiteux », en passant par les caractères déformés des bas-fonds de la vie, les membres déments, dégénérés du « salon » de la pièce éponyme, jusqu’aux lâches hypocrites aux pulsions aveugles tel Zule dans Mon enfant.

Ce qui caractérise encore, et d’une manière frappante, les pièces de cet auteur, c’est la symbolique liée à leurs personnages déviants. En plus d’être en règle générale scéniquement attrayants et de contribuer à la complexité et à l’étrangeté des rapports entre les acteurs du drame, ils reflètent clairement les déviations du monde décomposé dans lequel nous vivons.

Stojan Srdić est par ailleurs l’auteur d’une bonne vingtaine de drames radiophoniques enregistrés et diffusés dont certains traduits en plusieurs langues étrangères. Parmi eux une place à part revient à Magla [Le Brouillard] inspiré par la rude vie des montagnards de la Bosanska Krajina, une région serbe de la Bosnie occidentale, et par la tradition de la chasse aux loups qui date du début du siècle précédent. S’il rappelle – par son thème central : la lutte acharnée entre la nature et l’homme – les contes de Petar Kočić, le grand écrivain de cette région, Le Brouillard acquiert la force d’une œuvre authentique par sa dimension symbolique. Partant des scènes de la vie quotidienne d’un village du bout du monde englouti dans le brouillard hivernal, et sans jamais quitter le cadre d’un drame d’apparence mimétique, réaliste, l’auteur nous introduit, au fur et à mesure, dans une « autre dimension », celle qui rappelle symboliquement l’apocalypse biblique…

Enregistré dans l’ambiance authentique d’un hiver en Bosanska Krajina en 1985, Le Brouillard a été d’abord élu meilleur drame radiophonique au Festival yougoslave d’Ohrid, puis, la même année, s'est adjugé la deuxième place au festival Prix Italie à Cagliari. Parmi d’autres récompenses, Stojan Srdić a reçu à deux reprises le prestigieux prix Branislav Nušić : en 2005 pour Anđeo sa verande [L’Ange de la véranda] et en 2015 pour Moje dete [Mon Enfant]. Cette dernière pièce a été sélectionnée parmi les meilleures adaptations en 2017 d’œuvres dramatiques serbes et présentée au festival Sterijino pozorje.

Œuvres principales

(Autres) drames : Mikulina ženidba [Les noces de Mikula, 1988] ; Maksim [Maxime, 2005] ; Grč [Convulsion, 2007] ; Stoje vremena [Les Temps se sont arrêtés, 2009].

Recueils de nouvelles : Prarevačka šuma [La Forêt de Prarevac, 1988] ; Ljudi u pidžami [Les Hommes en pyjama, 2001].

Romans : Oblaci i zmije [Nuages et serpents,  2003] ; Krilati mačak [Le Chat ailé, 2007].

Recueils de poésie : Žitije [La Vie, 1988] ; Ulica [La Rue, 1992] ; Ćopavi ljudi [Les Boiteux, 1994] ; Kuća i okolo nje [La Maison et ses alentours, 1995] ; Medena Selišta [Le Village du miel, 1997].

(Autres) drames radiophoniques : Bujica [Le Torrent, 1984], Sahrana [Les Funérailles, 1988], Igra [Le Jeu, 1989], Maksim Crnojević, 1994, Zimska bašta [Le Jardin d’hiver, 2012].

Source : Савремена српска драма