SAINT SAVA / САВА НЕМАЊИЋ (1175 –1235)
DES TOURMENTS
Je me mélangeais aux bêtes insensées et devenais leur égal, étant pauvre en actions de grâce mais riche en passions, empli de honte, dépourvu de la Divine liberté, de Dieu condamné, des anges éploré, étant la risée des démons, démasqué par ma conscience, confondu par mes actions mauvaises.
J’étais mort bien avant la mort, je me condamnais bien avant la Condamnation, avant l’infinie torture je me torturais jusqu’au désespoir.
DE L’ESPRIT
Que notre esprit se porte vers les cieux, vers les édéniques beautés, les demeures éternelles, cette vie-là…
Quelle assemblée cela va-t-il être ! Quelle multitude de gens depuis Adam jusqu’à la fin des temps !...
C’est pourquoi, mes chers frères, il nous faut être dans l’affliction et s’imaginer dans cette vie comme étant ceux qui sont en dehors du monde, comme étant ceux dont la vie est aux cieux.
OFFICE POUR SAINT SIMEON
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Ô saint père, tu trouvas la bonne échelle par laquelle vers les hauteurs tu t’élevas, par laquelle Elie acquérait le char de feu, mais lui ne laissa à d’autres l’ascendance alors que toi suite à ta mort montras la voie aux tzars de ta patrie, homme céleste, ange terrestre, phare de ta patrie, ô Siméon le bienheureux, prie pour le salut de nos âmes !
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Bâtisseur de la voûte céleste, Seigneur, de l’église le créateur, affermis-moi dans ton amour, cime de toutes les aspirations, des fidèles la fortification, unique philanthrope !
Ouvrier de l’église de Dieu, tu répondis au Christ et t’établis dans la Sainte Montagne, ô saint père, irradiant de la lumière des bonnes actions tu regardes le Saint, ô Siméon, porteur de Dieu !
Embrassant entièrement la vie spirituelle, Tu demeurais en dehors du monde et de la chair, ô porteur de Dieu, C’est pourquoi tu reçus la gloire de la sagesse Et l’éternelle, ô père, communion.
STEFAN PRVOVENČANI / СТЕФАН ПРВОВЕНЧАНИ(1165-1227)
Stefan Prvovenčani fresque, Mileševa, avant 1228
PRIERE A SAINT SIMEON
Ne m’oublie pas, moi, qui suis indigent !
Ne m’oublie pas, Moi qui me suis couvert d’impiété !
Ne m’oublie pas, Moi qui me vautre dans la délicieuse fange, et tends ta sainte main droite par laquelle tu me bénissais en cette vie illusoire et m’apprenais, en m’invitant à suivre tes pas, quand bien même m’en montrerais-je indigne, même vain, même inutile !
CHANT A TA LOUANGE
Réjouis-toi, ô mon Seigneur, mon début et ma fin, mon saint protecteur.
Réjouis-toi, berger débonnaire des brebis avisées du Christ, Fais-moi paître le troupeau que le Seigneur acquit par ton noble sang.
Réjouis-toi, ô fleur au clair visage, armé en armes invincibles par la puissance de la croix, afin de défendre ton troupeau des loups qui en tous temps sur lui fondent.
Réjouis-toi, maître de l’Alliance nouvelle, qui n’enseignas point à la manière de Moïse mais en disciple de Paul et plantas parfaitement tes enseignements dans nos esprits.
Réjouis-toi, ô sanctifié, des vieillards le guide, défenseur des veuves et des pauvres le gardien.
Réjouis-toi, éducateur vertueux de la jeunesse, maître qui incite au surpassement de soi. Réjouis-toi, aide prompte au cœur de la bataille. Réjouis-toi, vainqueur des ennemis barbares.
Réjouis-toi, échelle qui élèves tes enfants et tes hommes vers les demeures célestes et les pais sur un pré spirituel.
Réjouis-toi, parure belle des prélats et couronne de justice qui point ne se flétrit. Réjouis-toi, ô toi qui parmi les apôtres sièges et parmi eux prêches et enseignes. Réjouis-toi, émule pâtissant des martyrs qui avec eux reçoit la louange.
Réjouis-toi, œil alerte des moines, merveilleux maître et règle inexprimable.
Réjouis-toi, consolation des anachorètes, silence de ceux qui se font moines. Réjouis-toi, ô redresseur de nostorts. Réjouis-toi, ô toi qui rends pur de l’impiété.
Réjouis-toi, havre de paix à tous ceux qui sont sur les eaux.
Réjouis-toi, ô libérateur des chaînes du péché. Réjouis-toi, ô chemin qui mène aux cieux. Réjouis-toi, ô pont qui mène à la vie éternelle. Réjouis-toi, ô source intarissable. Réjouis-toi, ô eden qui demeure, admirable et splendide. Réjouis-toi, fleur du verger céleste. Réjouis-toi, forteresse intellectuelle de ta patrie.
Réjouis-toi, ô vigne très fertile, d’où abonde à flots notre joie.
Réjouis-toi, ô grappe mûre d’où abonde un vin doux qui emporte l’ivresse du péché.
Réjouis-toi, mon saint seigneur, et réjouis-toi encore, à jamais heureux auprès du trône de ton seigneur.
Et daigne te souvenir, ô très saint, de moi, Stefan pécheur, ton serviteur.
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ATANASIJE / АТАНАСИЈЕ (XIIIe siècle)
Ô divine et aimable, sainte et douce voix, ô Sava, (de Dieu le messager) ! Tu nous promis en vérité parmi nous de demeurer jusqu’à la fin du monde, ô Sava, à la divine beauté, Nous, tes enfants chéris, t’ayant auprès de nous comme vertu et espoir pour un dessein divin, nous nous réjouissons. Quel miracle plus lumineux que tout autre miracle, ô frères stupéfaits et remplis d’inexprimable admiration ! Ô l’immense puissance de Dieu et miracle innomé de voir que celui qui Dieu aime et accomplit Sa volonté la tombe ne détruit ni qu’il peut être porté par la terre. De son vivant déjà la haute mer elle-même le servait. Et suite à sa mort la terre ne toucha point à son divin corps. Qui plus est, tel un lis à l’agréable parfum, à travers ses parfums une grâce s’épand de sa jeunesse éclose. Et selon les dires des prophètes : son corps ne vit point de putréfaction.
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PANDEH / ПАНДЕХ (XIIIe siècle)
ON CLAME SON NOM PARMI LES PEUPLES ALENTOUR
Rome est mûre, et sa maturité est sa chute, son péril et sa chute.
Byzance est une ville. Constantin vint de Rome et reçut Byzance qu’il fendit et démolit puis rebâtit et baptisa après réédification – Constantinople.
Et les Romains y régnèrent Jusqu’au Seigneur Basileus Manuel : ils n’y règneront plus jusqu’au terme des jours de colère.
Jérusalem, ville sainte au règne éphémère, périt avant toute autre ville et n’est plus.
Provoquant le dragon en son gîte, mais ne pouvant sauver la ville des incendies du dragon, le martyr Saur lui-même prie pour elle, oh, amertume sur amertume, famine sur famine.
Damas et Varve en deviennent plus humbles, leurs habitants plus modestes et s’en consolent.
Babylone, assemblée des peuples, se lamente et pleure car elle reçoit en partage l’affliction et la tristesse.
Et il ne reste trace de l’Idumée au peuple barbare.
Brûle le désert d’Egypte, incendies et veuvages sont son partage.
Liver, Kalinija et Zaharija, Ugadanija, Kalavrija l’ensemble de ces contrées sont brûlées et décimées par le feu l’Inde s’assemble et gronde
Le Tartare est une grande rivière, on la nomme ainsi du nom de la ville qu’elle traverse. C’est pourquoi les peuples de Chaldée Se nomment Tartares. Deux épées, par deux fois déciment cette terre, car leur furie doit par deux fois la terre décimer.
Les Kumans n’ayant été nulle part ont trouvé la mort.
Les Russes s’enfuient et se dispersent tels des loups. Punis de manière féroce, ils fondent comme la cire sous le feu.
Andrinople tombe fauchée par la famine et devient amère.
Le règne Hongrois fut bref.
Le Serbe, bien qu’en petit nombre, s’arme néanmoins, et fait d’abord la paix avec le grand empereur pour ensuite se lever contre lui et le vaincre tel Josué Amalécites et Gabaonites. On clame son nom Parmi les peuples alentour.
Le Bulgare est jeune. Et lorsque deux se font la guerre, le troisième sort vainqueur.
Changer d’Empire revient à la jeunesse.
LE TSAR STEFAN UROŠ V / ЦАР СТЕФАН УРОШ V (1366-1371)
Stefan Uroš V fresque, Eglise de Psača, entre 1365 et 1371
POUR QUE NE ME CONSUME DU PECHE LE FEU
Ô souveraine souvent louangée, dame gardienne et protectrice, roc de la chrétienté, espoir, tu es la certitude de ceux qui point n’espèrent, c’est pourquoi moi aussi, ton serviteur, le tsar Stefan Uroš, je présente en offrande ces maigres présents et m’en remets à toi, priant pour ton aide et ton intercession, afin que tu me délivres des éternels tourments, afin que tu sois ma gardienne et protectrice au jour du Jugement terrible et dangereux, et me couvre sous l’abri de ton aile, pour que ne me consume du péché le feu. Et je te présente mes offrandes.
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JEFIMIJA (nom monastique) / JЕФИМИЈА LA DESPOTE JELENA / ДЕСПОТИЦА ЈЕЛЕНА (vers 1349 - vers 1405)
Vers de Jefimija diptyque en argent (détail) entre 1368 et 1371
REGRET APRÈS LE JEUNE UGLJEŠA
Petites icônes, mais d’un prix inestimable, qui portent les visages du Seigneur et de la très pure mère de Dieu et que le grand et saint homme offrit au jeune garçon Uglješa Despotović.
Sa jeunesse immaculée a rejoint la céleste famille, son corps, on l’a déposé dans la tombe édifiée par les aïeux en raison de la faute originelle.
Fasse, Seigneur Jésus-Christ, et toi aussi, très pure mère de Dieu, que sans cesse j’ai à l’esprit le trépas, moi qui en fut le témoin chez ceux qui m’ont mis au monde et chez celui qui de moi naquit, après lequel incassemment brûle en mon coeur la tristesse d’une mère vaincue par l’affliction.
ISAIJA LE MOINE / ИНОК ИСАИЈА (XIVe siècle)
SUITE A L’ASSASSINAT DU DESPOTE UGLJEŠA
Suite à l’assassinat de ce preux de valeur, le despote Uglješa, les Ismaélites essaimèrent et survolèrent l’entier pays chrétien tels des oiseaux de proie, saignant les uns, soumettant d’autres à l’esclavage, alors que ceux qu’on épargnait étaient emportés par des morts malheureuses, et que les survivants se mouraient de faim.
Ô, quel misérable spectacle ce fut alors : un pays dévasté où ne restaient ni les hommes, ni les animaux, ni les fruits.
Il n’y avait ni dirigeant ni prince ni d’enseignant parmi les hommes, ni de libérateur, ni de sauveur, car tout baignait dans la peur de l’Ismaélite et les cœurs des hommes de courage se transformèrent en cœurs des femmes les plus faibles.
C’est en ce temps-là, je pense, que le septième rang de la seigneurie serbe toucha à sa fin.
Et, en vérité, c’est alors que les vivants envièrent les morts.
MOINE DE RILA (XIVe siècle)
L’ETROIT TOMBEAU
La tombe à présent mort te contient, ô césar, toi qui jusqu’à hier discourais avec nous. Quelle merveille épouvantable, quelle glorieuse vision ! Toi, qui fus tel un soleil et dont le titre est magnificent, homme héroïque qui se prouva dans le bien, tu es couché tel les morts dans l’étroit tombeau ! Hélas, hélas, comme sans voix tu demeures, défiguré et sans la vue, sans esprit entièrement ! tu péris doublement par ton engourdissement, ô césar extraordinaire ! Ton épouse, digne de louanges, ne t’ayant plus auprès d’elle tel que tu étais, pleure et souffre doublement, pleure amèrement, vaincue par la tristesse. Voyant ceci, ô frères, Portez ardemment vos pensées vers celui qui ci-gît, car il fut si grand dans les deux, et se fit si étroit dans cette petite tombe. Faites tout afin qu’il y demeure bien. En l’an 6851, indict 11, au jour 27 du mois de décembre est mort le glorieux césar Stefan Hrelja Dragovolja, du nom monacal de Hariton, fondateur de cette sainte Église.
JAKOV SERSKI / ЈАКОВ СЕРСКИ (XIVe siècle)
Ô Sinaï, ô lumière de ma luminescence, Ô Sinaï, ô l’ardeur de mon désir de toi, Ô feu qui brûle, mais ne se consume point, Protège-moi de l’éternel feu.
PAHOMIJE / ПАХОМИЈЕ (XIV e siècle)
PAHOMIJE LA MAUVAISE HERBE
Pahomije le pécheur Pahomije la terre l’herbe Pahomije Pahomije la mauvaise herbe.
Mon péché toujours est devant moi.
Sur la couche allongé, pense à ta tombe, écrie-toi. Que la frayeur et la crainte t’arrachent à tes péchés.
Ô Dieu, pardonne à l’âme pécheresse de Pahomije.
SILUAN / СИЛУАН (XIV e siècle)
Fuyant la gloire, c’est la gloire que tu trouvas, ô Sava, là d’où la gloire au peuple s’annonça.
Du peuple lumière de la foi, tu méprisas la lumière afin qu’en toute chose au peuple, lumière s’annonçât.
La haute dignité de l’esprit, la dignité révoqua et ainsi acquit, par l’esprit, un bien plus élevé.
Le dit de gloire de Sava tissa Siluan.
RAJČIN SUDIĆ / РАЈЧИН СУДИЋ (XIVe siècle)
Seigneur, pardonne-nous d’avoir, bien qu’indignes et pécheurs, porté vers le ciel nos regards, car nos âmes sont inquiètes jusqu’à la mort : (par le) Christ roi, bien qu’innocents, césar nous garda dans le donjon cinq mois durant !
Oh, oh que je fus triste en ce confinement et cette puanteur,
Tristesse, tristesse infime ! Je n’ai personne d’autre à qui le confesser, sinon à toi, Kosenica, Mère de Dieu.
Délivre-moi du danger, (car je n’ai commis aucune infidélité,) le Christ le sait.
LE PATRIARCHE JEFREM / ПАТРИЈАРХ ЈЕВРЕМ (XIVe siècle)
CANON DE PRIERES POUR LE DESPOTE STEFAN LAZAREVIĆ
Ô vierge immaculée, du Christ la mère, préserve ton troupeau dans la détresse.
Car nous voici tout à fait lésés et humiliés par les envahisseurs étrangers et les attaquants féroces. Et il n’est nul autre salut qu’en toi, ô Mère de Dieu, rabaisse, ô mère du Christ tzar et Dieu, rabaisse promptement leur orgueil et redonne vigueur au despote Stefan. Car, puisque tu es libre telle une mère auprès de son fils, nous, tes serviteurs, fondons sur toi notre espoir.
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Emplis de toute joie du despote le cœur, et donne à ses soldats et à ses hommes, ô tzar, une paix profonde, fertilité à la terre et le salut à tous ceux qui ta louange chantent.
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Du fond du cœur, voici, nous crions vers toi, ô Vierge, l’unique : prends pitié, ô Reine, de tes serviteurs et offre, nous t’en prions, la victoire au despote Stefan sur ses ennemis.
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Pose sur nous ton regard compatissant, ô tzar universel, et donne de l’audace au despote Stefan face aux barbares impies et infâmes, que chacun voie que tu es avec lui, que de ton peuple tu es l’intercesseur.
Revêts, ô Christ, notre despote du vêtement d’incorruptibilité et de joie, et donne-lui la victoire, ô glorifié, face à ses ennemis, Seigneur et Dieu béni de nos pères.
Revêts entièrement, ô Christ philanthrope, de honte les Ismaéliens, et brise l’orgueil de nos ennemis, qu’ensemble soient couverts d’opprobre et de honte ceux qui enragent contre nous.
Jamais nous ne cesserons, ô Vierge immaculée, de t’implorer, afin que tu prennes en pitié et sauves tes serviteurs, ainsi que Stefan le despote, et préserves indemnes ses soldats, offrant au monde la paix.
STEFAN LAZAREVIĆ / СТЕФАН ЛАЗАРЕВИЋ (1377 – 1427)
Stefan Lazarević fresque, Manasija, 1418
LE DIT D’AMOUR
Du despote Stefan au plus doux, au plus cher, à l’inséparable de mon cœur, que je désire ardemment, beaucoup, au riche en sagesse, à l’ami de mon royaume (ayant dit son nom), ce baiser affectueux, dans le Seigneur, ainsi que l’intarissable don de notre miséricorde.
2.
Le Seigneur créa le printemps et l’été comme le dit le psalmiste, et nombre de merveilles en leurs seins : aux oiseaux un vol rapide et plein de joie, les cimes aux monts, le merveilleux écho des sons divers par l’air invisible, les fruits de la terre, qu’ils soient fleurs ou agréables parfums, et la verdure ; mais le renouvellement et la joie de l’homme lui-même qui pourrait l’exprimer avec dignité ?
3.
Mais tout cela et d’autres divins miracles, que pas même l’esprit perçant embrasser ne saurait est surpassé par l’amour, ce qui n’est point étonnant, puisque Dieu est amour, comme le dit Jean Boanergès.
4.
Il n’y a pas de place pour le mensonge dans l’amour. Caïn, à l’amour étranger, dit à Abel : « Allons aux champs ».
5.
Sévère et d’un vif courant est l’œuvre d’amour, elle surpasse toute vertu.
6.
De manière belle le pare David, disant : « C’est comme l’huile qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe d’Aaron. C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur la montagne de Sion. »
7.
Jeunes hommes et jeunes filles aptes à l’amour, aimez l’amour, mais de manière vraie et irréprochable, pour ne point violer vos jeunesse et virginité par lesquelles notre nature au divin adhère, et de n’être divinement désapprouvés. Car l’apôtre dit : n’attristez point l’Esprit Saint, le signe que vous avez en public par lui reçu lors du baptême.
8.
Nous avons été ensemble, camarade du camarade proche par l’esprit ou par le corps, mais sont-ce les monts, sont-ce les rivières qui nous ont séparés, pour que David s’écrie : « Montagnes de Guilboa ! Qu'il n'y ait sur vous ni rosée ni pluie, car vous n’avez su préserver Saül et Jonathan. » Ô, candeur de David, entendez-vous, ô rois, entendez-vous, est-ce Saül que tu pleures, ô trouvé ? Car j’ai trouvé, dit le Seigneur, un homme selon mon cœur.
9.
Que les vents luttent avec les rivières et qu’ils les assèchent, comme la mer pour Moïse, comme pour Josué le juge, le Jourdain pour l’Arche de l’Alliance.
10.
Et qu’à nouveau on s’assemble, qu’à nouveau on se rencontre pour ne faire plus qu’un dans le Christ, à qui seul est la gloire avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles, amen.
CES MOTS FURENT INSCRITS SUR UNE STELE DE MARBRE AU KOSOVO
Ô homme qui arpentes la terre serbe, que tu sois un étranger ou un de ses habitants, qui que tu sois, lorsque tu viendras sur ce champ nommé Kosovo, partout alentour tu verras les os des morts mêlés aux roches et moi-même, stèle funéraire, étendard victorieux, m’élevant au milieu du champ. Ne passe point sans m’apercevoir, fasse que je ne t’échappe comme une chose qui serait de peu de valeur et vaine, mais viens à moi, rapproche-toi, affable, et considère mon offrande de paroles, d’où tu saisiras la raison, la manière et le pourquoi de ma présence. Car je te dirai la vérité non moins que ceux qui ont une âme, et te conterai l’essence des faits passés.
Ici vivait un grand autocrate, merveille de la terre et monarque serbe du nom de Lazar, un grand prince, stèle inébranlable de la foi, océan du sain raisonnement et d’une profonde sagesse. Esprit de feu, protecteur des étrangers, des affamés le nourrisseur et miséricordieux envers le pauvre, consolation et miséricorde des attristés, qui aimait selon la mesure du Christ. A lui venaient de leur propre volonté et qui plus est avec tous leurs hommes, les gens innombrables que régissait sa main.
Des hommes bons, des hommes vaillants, en vérité des hommes en parole et en action, vêtus d’or et parés de pierres précieuses, brillants tels des étoiles lumineuses, tels la terre parsemée de fleurs. Les chevaux, choisis et innombrables, avaient des selles en or. Ces cavaliers étaient en tout point les plus beaux, les plus admirables.
Des plus nobles et des plus glorieux, tel un bon berger et seigneur, il mena sagement ces brebis spirituelles afin qu’elles puissent bien périr en Christ, recevoir la couronne des martyrs et participer à la gloire céleste. Ainsi, d’un commun accord, cette innombrable multitude, avec le bon et grand seigneur à l’âme courageuse et la foi inébranlable, s’élança vers l’ennemi comme vers une salle des fêtes et vers un banquet et, écrasant le vrai serpent, tuant la bête féroce et le grand ennemi, le gosier d’enfer inassouvissable, c'est-à-dire Amurat et son fils : de serpent et d’aspic la progéniture, bâtard d’un lion et d’un dragon, et tuèrent autour d’eux un bon nombre d’autres.
Etrange sort que Dieu lui réserve ! Les mains sacrilèges des agharéens emprisonnèrent le héros martyr – le grand seigneur Lazar reçut heureux les lauriers du martyr, et devint un témoin du Christ, car aucun autre ne le perça, ô frères, sinon le fils d’Amurat, d’une main meurtrière.
Et tout ceci s’accomplit en l’an 1389, au moi de juin, le quinzième jour, un mardi, à l’heure septième ou huitième, je ne sais – Dieu le sait.
ĐURAĐ ZUBROVIĆ / ЂУРАЂ ЗУБРОВИЋ (XIVe – XVe siècles )
INSCRIPTION SUR LA STELE FUNERAIRE DU DESPOTE STEFAN DANS LE VILLAGE DE MARKOVAC EN L’AN 1427
Le très débonnaire, doux et aimable Seigneur Despote !
Ô, pire encore à celui qui le vit à cet endroit, mort !
DIMITRIJE KANTAKUZEN / ДИМИТРИЈЕ КАНТАКУЗЕН (1435–fin XVe siècle)
L’IMPENETRABLE EST DE TOUTE PART
Séparés de la puissance de vie – l’impénétrable est de toute part, tristesse inconsolable. Là point de curateur, point de prochain.
Lorsque, saisi de fréquents et secs soupirs, lorsque l’incendie embrasera ton for intérieur jusqu’à la déchirure – du fond du cœur tu pousseras un soupir mais ne trouveras de consolateur.
TEODOR LJUBAVIĆ / TEOДОР ЉУБАВИЋ (XVIe siècle)
… Et où pourrait-on fuir ou se cacher ?
La terre et le ciel, le soleil et la lune, les étoiles et la mer, les rivières et les abysses veulent me dévorer…
LE MOINE DU MONT ATHOS / МОНАХ СА АТОСА XVIe siècle
Aujourd’hui je meurs, je me couvre de poussière, je me revêts d’un inaudible habit et chevauche un cheval de bois. On me bâtit une demeure privée de fenêtres, « tu l’habiteras » m’a-t’on dit.
Réjouissez-vous des naissances, lamentez-vous des départs, pleure, toi qui mets au monde – chante, toi qui reçois !
Ma mère m’enfante, la terre me dévore.
À vous par des soupirs je parvenais, sans râle vous quitterai (Ô, amis, je vais partir Pour ne plus vous revenir !). J’escomptais vieillir, Auprès de vous me réjouir, Mais la mort est sans largesse, et n’attend point la vieillesse (elle n’accepte nulle offrande, il n’est nul péché qu’elle ne réprimande) car celle-ci n’épargne ni les rois pour leurs royaumes, ni les riches pour leurs richesses, celle-ci les mères afflige, et blesse les cœurs dans leur jeunesse, car rien elle ne caresse, tout elle agresse.
STELES
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Ci-git Dragaj – Au bout du compte – Rien
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…Vous allez être ce que je suis, je ne serai plus ce que vous êtes.
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