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SLAVISME BAROQUE ET ŒUVRE HISTORIQUE COMME ACTE MEMORIAL DANS LA LITTERATURE SERBE DES XVIIe ET XVIIIe SIECLES

par

MILORAD PAVIĆ

L’historiographie serbe de la période du baroque avait un trait distinctif spécial. Elle était la continuation de l’historiographie ancienne serbe (du XIe au XVIe siècle), mais il lui échut en partage aussi un point nouveau de l’ouverture de la science historique serbe, de la plus grande importance. Dans le baroque serbe on n’avait pas jeté un pont uniquement sur l’abime qui séparait deux styles, mais aussi sur l’abime qui séparait deux civilisations. Pour nous servir de vocabulaire d’Arnold Toynbee, la littérature ancienne serbe appartenait à la civilisation orientale ou byzantine, où les influences de l’antiquité et les influences grecques d’une époque postérieure étaient reçues directement et dans la continuité et l’historiographie de la littérature ancienne serbe partageait aussi ce sort. Au XVIIe siècle, pourtant, la littérature serbe avec son travail historiographique se tourna vers l’Ouest et adopta le style baroque. De cette façon, elle a fait un grand virage par rapport à l’action de ses prédécesseurs au sein de la littérature serbe elle-même, abandonnant pour une bonne part les traditions de la civilisation byzantine. Bien que les historiens serbes à l’époque du baroque aient utilisé, eux-mêmes, la langue grecque et les sources grecques d’une façon très prononcée (Branković, par exemple a des citations amples en grec) et que l’état des études byzantologiques en Europe à cette époque exerçât une grande influence aussi sur eux, il y apparait tout de même un intérêt puissant pour l’historiographie de l’Ouest. Et cela non seulement pour l’historiographie des auteurs de l’Europe occidentale, mais aussi pour les œuvres des historiens croates et particulièrement pour les œuvres de ce genre à Dubrovnik.

Un tel virage a été conditionne par un état nouveau dans l’historiographie européenne, qui a marqué de son empreinte tous les écrits historiques de la littérature serbe des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour comprendre cet élan que l’époque du baroque avait imprimé à l’historiographie serbe, il ne faut pas perdre de vue un phénomène que l’on désigne aujourd’hui encore de noms très différents, mais dont l’importance n’est plus contestée par personne. C’est ce réveil brusque de l’intérêt pour l’histoire et le sort des peuples slaves et particulièrement des Slaves du Sud qui s’est manifesté par toute l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles et qui s’est reflété dans l’historiographie sud-slave. Au XXe siècle il était embrasse par les termes tels que: « slavisme baroque » (Matija Murko, Rude Brtanj, Frank Volman), « panslavisme » (A. Vaillant), « tendance patriotique » (N. Radojčić). « Lexpression de cette direction – pour faire usage de la définition d’Andrija Andjal – est déjà aussi le grand poème épique de Gundulić, Vila slovinka de Baraković, les intentions hardies de Križanić, Illyrisme de Ritter-Vitezović ou l’historiographie de l’humanisme tardif du chanoine de Prague et de l’évêque titulaire de Smederevo – Pešina et de son ami, jésuite Balbino, ensuite l’activité de Kačić-Miošić qui continue le slavisme baroque ragusain et considère Alexandre le Grand et autres rois, empereurs, papes et saints comme Slaves. Dans l’esprit du baroque, parallèlement aux réminiscences classiques, nous y trouvons déjà l’idée de la communauté des peuples slaves ». [...]

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In Balkan Studies, [S.l.], v. 24, n° 2, p. 609-616, jan. 1983..

 
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