Radičević, Branko (1824-1853)

 

Radicevic Branko portrait


 
 
 
 

Notre choix

 
Poèmes traduits

Tristesse et souvenir
Adieux des étudiants
(choix de poèmes)

 

 


 
 

 

 

Branko Radičević est une de ces figures lumineuses et pérennes des lettres serbes dont l’éternelle jeunesse brille par-delà les siècles. Poète novateur à la mort précoce (il meurt de tuberculose à 29 ans !), d’une aisance verbale stupéfiante, il marque par son œuvre l'avènement de la nouvelle littérature serbe dans son ensemble. Délaissant l'expression classiciste et son vocabulaire slavon au profit de la langue vernaculaire et des formes poétiques héritées à la fois de la poésie romantique occidentale (Byron, Schiller, Uhland, Heine, Pouchkine) et de la poésie lyrique orale, il introduit en poésie un nouveau langage, de nouvelles formes, une nouvelle diction et dans un même mouvement introduit une nouvelle manière d'écrire, de percevoir, de ressentir. Son humour, sa jeunesse et sa spontanéité insufflent à ses poèmes une vivacité telle qu'elle fit cas d'école.

Il y eut un avant et un après Branko Radičević. La publication, à Vienne, de son premier recueil de poésie marque une date dans les lettres serbes modernes : Песме / Poésies (1847) sortent la même année que la traduction du Nouveau testament de Vuk St. Karadžić, de Рат за српски језик и правопис / De la guerre pour la langue et l'orthographe serbes de Đura Daničić et Гoрски вијенац / Les Lauriers de la Montagne de P. P. Njegoš. L'ensemble de ces ouvrages démontrent la souplesse d'expression et l'éventail de thèmes que peut aborder la nouvelle norme de la langue littéraire serbe établie par le philologue Vuk Karadžić (norme qui embrasse l'ensemble des régions serbes, que ce soit la Voïvodine en Europe centrale, la Principauté de Serbie, la Bosnie ottomane ou le Monténégro sur l'Adriatique). En ce sens, Branko Radičević participe pleinement à la victoire des idées romantiques et réformatrices de Vuk Karadžić, disciple de Herder et ami des frères Grimm.

Radičević est né à Slavonski Brod, ville de Slavonie et province de l’empire austro-hongrois. Son père était fonctionnaire et, à ses heures, traducteur littéraire. Sa mère meurt jeune, atteinte de la tuberculose, ainsi que son frère et sa sœur. Lui-même s'éteint à vingt-neuf ans des suites de cette maladie. Il effectue sa scolarité à Zemun (à partir de 1830), au Lycée de Sremski Karlovci (1836), comme nombre d’intellectuels serbes avant lui, dont Karadžić, puis à Timisoara (1841). Il s'exerce à la poésie dès l'école et compose son célèbre Ђачки растанак / Les Adieu des étudiants en langue allemande d'abord. Soutenu par son père, il poursuit ses études à Vienne (1843), où il se lie au cercle littéraire de Vuk Karadžić et s'éprend de sa fille, Mina. Ami de Bogoboj Atanacković, nouvelliste et romancier, de Đura Daničić, philologue et traducteur de l'Ancien testament en serbe vernaculaire, il délaisse peu à peu la poésie lyrique et élégiaque, ses thèmes de prédilection (l’amitié, l’errance, l’amour libertin, le regret, le pressentiment de la mort imminente) au profit d’une poésie polémique qui prend fait et cause pour les idées linguistiques et culturelles de Karadžić (Пут / Le chemin) qu’il traduira par une poésie épique assez malhabile. Il devient ainsi le premier des romantiques à composer des ballades et poèmes satiriques bien que son don premier soit la poésie lyrique, élégiaque, euphonique, expression vraie de son talent et noyau dur de son œuvre.

Etudiant en droit à Vienne, poète déjà renommé en Serbie, il s’installe en Syrmie durant la révolution de 1848. Il fera plusieurs séjours à Belgrade mais, craignant son influence auprès des étudiants, les officiels de la Principauté de Serbie l’expulseront de la capitale serbe, contribuant ainsi à sa légende. En 1849, toujours à Vienne, il s’inscrit en faculté de médecine et publie, en 1851, un deuxième recueil de poèmes.

Branko Radičević a introduit, dans la poésie serbe, plusieurs nouvelles formes (dithyrambe, élégie, romance) et nouveaux thèmes : la vie lycéenne, la vie estudiantine et urbaine, l'insouciance de la jeunesse, l’hédonisme, l'amour, le regret de la fiancée défunte, l'exaltation des plaisirs où se mêlent avec brio poésie bucolique et érotique, un large éventail de sentiments et d’états d’âme, etc.

Branko Radičević s'éteint à Vienne. Ses restes seront transférés à Stražilovo, sur les hauteurs de Sremski Karlovci, auprès du Lycée qui a marqué sa jeunesse et l'a formé en tant que poète. Son père, traducteur du Guillaume Tell de Schiller, a publié sa poésie posthume en un volume, en 1862.

Etudes et articles en serbe : Зоран Глушчевић, „Туга и опомена“ / Tristesse et souvenir, in З. Глушчевић (éd.), Епоха романтизма / Epoque du romantisme, Belgrade, 1966, p. 207-211 ; Миодраг Поповић, Историја српске књижевности – Романтизам / Histoire de la littérature serbe – Romantisme, Belgrade, 1972 ; Јован Деретић, Историја српске књижевности / Histoire de la littérature serbe, Belgrade, 1983 ; Душан Иванић, „Пјесничко дјело Бранка Радичевића“ / Œuvre poétique de B. Radičević, in Б. Радичевић, Сабране песме / Poèmes réunis, Belgrade, 1999 ; Душко Бабић, Мистика српског романтизма / Le mysticisme du romantisme serbe, Српско Сарајево, 2004.

Boris Lazić

 Mentions légales
UMB logo Bx CLARE logo logoMSHA Logo MKS
Designed by JoomShaper