Borislav Radović
II
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LE POÈME DU MOIS : OCTOBRE 2017 |
BORISLAV RADOVIĆ (1935)
BLANCHEUR
La lettre dessine la longue souffrance de la prononciation,
signe de félicité sur le front de grottes muettes ;
le vide est blancheur : aussi vieux que la pensée,
aussi précis qu’une fenêtre vue de loin au crépuscule du soir,
le genou danse autour du feu et de la borne.
Traduit du serbe par Boris Lazić
БОРИСЛАВ РАДОВИЋ
БЕЛИНА
Слово је цртеж дуге патње изговора,
знак радости на челу мутавих пећина;
празнина је бела: стара као мисао,
тачна као окно с вечера у даљини,
колено што плеше око ватре и хумке.
In : Борислав Радовић, Песме, СКЗ, Београд, 1994.
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LAZA KOSTIĆ
(1841-1910)
PARMI LE REVE ET LE REVEIL
O mon cœur abandonné,
qui t’appela devant mon seuil ?
fileuse de rêves sans fin
toi qui files des fils tant fins
parmi le rêve et le réveil.
O mon cœur encor fou,
que fais-tu de fils pareils ?
telle la fileuse tranquille*,
ce que jour file, nuit effile,
parmi le rêve et le réveil.
O mon cœur courroucé,
évite-moi ce dur écueil !
car alors comment se fait-il
que je te perds dans tous ces fils
parmi le rêve et le réveil !
* En original : Pletilja stara, Fileuse ancienne. Le poète fait allusion à Pénélope. [N.d.T.]
Traduit du serbe par Kolja Mićević
In Les Saluts slaves, Editions « Kolja Mićević », Paris-Belleville, 2002, p. 80.