Milena Žikić Tanja Milosavljević
LA VIE DES RÉFUGIES SERBES EN CORSE DANS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Témoignages de Jelena Lozanić, jeune humanitaire
1. Jelena Lozanić photo extrait du livre de Jelena Lozanić La mission bénévole pour la Serbie dans la Première Guerre mondiale cf : Bibliographie
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Entre 5000 et 6000 Serbes ont été réfugiés en Corse pendant la Première Guerre mondiale.[1] La France a été si généreuse qu’elle a accueilli une partie de la nation serbe exilée - non seulement sur l’île mais aussi dans tout le pays pour les soigner et les aider à reprendre une vie normale. Ainsi la France a-t-elle fourni à la Serbie l’assistance la plus grande au cours de cette sombre période. La Serbie a témoigné sa reconnaissance à la France en lui érigeant au centre du plus grand parc de Belgrade un monument emblématique sur lequel est gravé : « Aimons la France comme elle nous a aimés ». Une belle amitié franco-serbe s’est forgée dans ces moments dramatiques de la Grande Guerre.
Jelena Lozanić, une humanitaire serbe qui était elle-même sur l’île, a laissé son témoignage sur le séjour des Serbes en Corse à cette époque.
1. LES RÉFUGIÉS SERBES EN CORSE EN 1915
La deuxième décennie du XXe siècle fut marquée par les guerres qui éclatèrent dans les Balkans. Les deux guerres balkaniques (1912-1913) contribuèrent au renforcement de la Serbie et à son expansion territoriale[2], mais aussi à l’intensification des tensions avec l’Autriche-Hongrie dont résulta l’attaque menée par cette dernière contre la Serbie en juillet 1914. Malgré les premières victoires de l’armée serbe (batailles de Cer et de la Kolubara à la fin de 1914), la Serbie commence à subir des défaites car attaquée par les armées austro-hongroises mais aussi, simultanément, par celles bulgare et allemande. La période d’occupation qui suivit, de novembre 1915 à l’automne 1918, entraîna une nouvelle répartition administrative de territoires des Balkans.
Pendant ces trois ans, la Serbie se trouva face à un manque d’aide médicale ainsi que de personnel. La pénurie de personnel fut quelque peu compensée par des missions humanitaires venues de l’étranger, parmi lesquelles la Croix-Rouge qui joua un rôle clé. Des représentants du Fonds de soutien serbe, Sir Edward Boyle et sa mère Helen Boyle participèrent également à des missions bénévoles en Serbie.[3] Lors du retrait de l’armée serbe[4] (le calvaire albanais de 1915[5]), la famille Boyle fut ainsi évacuée à Thessalonique avec des milliers de Serbes, où elle prit des mesures pour les aider.[6] Grâce à l’implication de M. Boyle, les réfugiés furent transférés en Corse, à Ajaccio. Depuis le port de Thessalonique, les navires français transportèrent les blessés et les malades pour qu’ils soient soignés en Corse, les soldats chantant « Francuska lađa [Le bateau français] ».
2. Navires français
6000 Serbes environ furent pris en charge par les autorités françaises en Corse et l’Hôpital des femmes écossaises. Edward et Lady Helen Boyle se trouvaient eux aussi sur l’île.[7]
2. TÉMOIGNAGES DE JELENA LOZANIĆ SUR LA VIE DES RÉFUGIÉS SERBES EN CORSE
2.1. La vie de Jelena Lozanić
Jelena Lozanić, d’origine serbe, est née le 12 mars 1885 à Belgrade. Elle était la fille de Sima Lozanić, professeur éminent de la Grande école à Belgrade, membre de l’Académie royale serbe et premier recteur de l’Université de Belgrade. La mère de Jelena, Savka Lozanić, était une travailleuse humanitaire. L’enfance de Jelena fut ainsi marquée par la science et la recherche grâce à son père et sa carrière professionnelle, et d’autre part par un rapport exceptionnel envers l’humanité. Tenant l’esprit de sacrifice et l’humanité pour des lignes de vie très importantes, Jelena suivra le chemin de sa mère dans le domaine social et humanitaire avec une grande volonté pour aller à la rencontre des personnes en situation précaire. Au cours de la première guerre balkanique (1912-1913), elle soignera les blessés à l’hôpital militaire du sanatorium de Vracar à Belgrade puis se trouvera au début de la Première Guerre mondiale aux États-Unis pour des missions volontaires et puis en Corse.
De 1915 à 1918 la Corse accueillit entre 5000 et 6000 réfugiés serbes en convalescence. Une assistance médicale gratuite leur fut fournie par la Mission anglaise qui dépensa l’équivalent de 60000 à 70000 dinars par mois pour les réfugiés serbes et leur fit don de vêtements, linge et couvertures. Le personnel de l’Hôpital des femmes écossaises qui comptait 50 femmes, fournit également une assistance volontaire, très dévouée et témoigna aussi beaucoup d’amour au peuple serbe.
2.2. L’arrivée de Jelena Lozanić en Corse
En 1916, après avoir séjourné aux États-Unis où elle était envoyée par la Croix-Rouge dans le but de recueillir de l’aide en argent et en vêtements pour les Serbes[8], Jelena Lozanić s’est trouvée en Corse pour soigner les colonies des réfugiés. Elle a fidèlement consigné ses impressions et souvenirs dans le journal qu’elle avait commencé à tenir à Nice en septembre de la même année. Des extraits en furent publiés dès octobre 1916 dans « Le journal serbe ». Jelena Lozanić commençait par une description de la Corse :
Comme beaucoup d’entre nous qui n’avions jamais vu cette île, je pensais que la route à suivre serait difficile. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Un petit navire marchand m’a transportée au port de l’Île-Rousse en huit heures. Nous sommes arrivés dans cette petite ville antique vers 4 heures du matin. La matinée était si belle, les couleurs si uniques, l’île si belle dans sa variété que je n’arrivais pas à croire que c’était « la » Corse dont on m’avait parlé. Je regrette de ne pouvoir faire une description détaillée de sa vraie beauté naturelle car je pense qu’elle ne « suffirait » pas pour rendre compte. À cet égard, je ne peux que dire que la Corse justifie pleinement son surnom d’Île de Beauté).
2.3. Installation des réfugiés serbes en Corse
La ville d’Ajaccio a abrité quelques milliers de réfugiés serbes. Ils furent pris en charge avec beaucoup d’égard, logés, nourris, soignés. La Mission anglaise et l’Hôpital des femmes écossaises y furent très actifs. Un hôpital fut aussi ouvert à Ajaccio avec une maternité et un petit sanatorium pour les réfugiés souffrant de tuberculose. Jelena rapporte, suite à son entretien avec un compatriote arrivé sur le premier navire en provenance de Thessalonique, que des voitures circulaient dans les rues de la ville pour récolter des vêtements pour les Serbes nouvellement arrivés et que les habitants ôtaient leurs manteaux et les lançaient comme des cadeaux qu’ils offraient :
On ne peut qu’imaginer la difficulté de la tâche pour installer tout ce monde, pour fournir vêtements, linge, et tout le nécessaire », écrit Jelena Lozanić le 6 octobre 1916 dans son journal.[9]
Le gouvernement français accorda immédiatement à chaque réfugié une allocation de 1,25 franc par jour et à tous un hébergement temporaire dans des casernes. Un grand nombre d’enfants furent placés dans des écoles et des internats.
L’hôtel « Schweizerhof » logeait également une centaine de réfugiés. Jelena Lozanić eut aussi l’occasion de le visiter et elle écrit à ce propos :
J’y ai dîné une fois. J’étais heureuse de voir tous nos gens ensemble et de pouvoir leur parler. L’hôtel est beau, grand, avec des chambres spacieuses, propres et confortablement meublées. La nourriture y était excellente. Sauf que la résidence et les repas se payaient de 6 à 10 dinars et demi par semaine.[10]
Je suis aussi allée à la belle villa « Tour Albion » qui avait été louée par la Mission anglaise et comptait une soixantaine de réfugiés serbes. La villa « Lafont » abritait les plus prospères, seul le logement était gratuit ; le reste était payant pour les personnes y séjournant.[11]
2.4. Aide médicale
Une assistance médicale fut fournie aux réfugiés grâce à l’assistance des autorités françaises qui les accueillirent avec chaleur, gentillesse, et firent de leur mieux pour alléger leur pénible situation. L’Hôpital des femmes écossaises, installé dans une grande maison avec un jardin, comptait 200 lits, une ambulance, une maternité et une salle pour les jeunes enfants. Dix grandes tentes dans le jardin abritaient des patients, principalement ceux atteints de la tuberculose. En octobre 1916 naquirent dans cet hôpital 33 enfants, 30 garçons et 3 filles. En plus des patients hospitalisés, 50 réfugiés y étaient pris en charge chaque jour pour un traitement ambulatoire.[12]
3. L’hôpital militaire pour les rescapés Serbes (Hôpital des femmes écossaises), Ajaccio, 1915-1918.
Alors que diverses maladies – typhus, diphtérie – s’étaient déclarées peu après l’arrivée des réfugiés sur l’île, les infirmières écossaises se rapprochèrent des autorités françaises et obtinrent un espace de quarantaine où s’ouvrit un service traitant les maladies infectieuses qui se remplit rapidement. Voyant le travail de l’Hôpital des femmes écossaises, Jelena Lozanić écrit :
J’ai été très émue de voir avec quel esprit de sacrifice et d’amour ces femmes s’occupaient de nos patients et quelle sympathie elles éprouvaient pour les nôtres réfugiés en Corse. Je n’oublierai jamais cette nuit à l’hôpital avec des médecins anglais et des patients : les convalescents chantaient nos chansons serbes avec les infirmières présentes. L’un d’eux s’est mis à jouer de la flûte et tout le personnel médical, infirmières et médecins, à danser le ‘kolo’ serbe avec les patients.[13]
4. L’Hôpital des femmes écossaises à Ajaccio. Les interventions sur les patients.
2.5. Éducation
En plus de leur apporter une aide médicale, la Corse scolarisa les enfants serbes réfugiés sur l’île pendant la Première Guerre mondiale. Des témoignages sur leur scolarisation sont aussi présents dans le livre de Radovanović :
Un grand nombre d’élèves qui avaient embarqué sur les bateaux alliés furent ensuite scolarisés en dehors des frontières de leur Patrie, notamment dans des centres scolaires en France. Leurs journées d’école furent bercées par la nostalgie du pays, la peur pour leurs proches, mais aussi par la gentillesse et la générosité de leurs enseignants et professeurs. »[14]
Il y avait des écoles différentes : Cours secondaire de jeunes filles, École de formation des maîtres et des enseignants, École Normale, et bien d’autres.
5. Collège Fech à Ajaccio, groupe de lycéens serbes avec leurs éducateurs et directeurs
Et à Ajaccio une salle de lecture était aussi un « club » où les réfugiés serbes pouvaient se réunir. Une classe servait de salle pour les cours d’anglais que donnait Lady Boyle chaque semaine. Jelena Lozanić a noté à propos de cette salle de lecture :
Nos femmes avaient formé un petit comité et venaient travailler sur une base hebdomadaire. Quand je leur ai rendu visite, j’ai été accueillie par une jolie jeune femme serbe qui m’a montré tous les ateliers. Dans une pièce spacieuse, qui servait de salle de lecture, il y avait une table avec de nombreux journaux serbes, des livres, journaux et magazines anglais et français, et le long des murs des cartes de divers champs de bataille et des photographies de personnages célèbres de l’époque. Une chambre était meublée avec goût et confort, dotée de grandes chaises en rotin et décorée de fleurs variées réparties en bouquets sur les tables. Lorsque nous sommes entrés dans l’autre pièce, nous y avons trouvé des garçons qui jouaient à un jeu de balle anglais. L’endroit avait été spécialement conçu pour les enfants avec divers jeux de société. »[15]
6. Écolières serbes pendant leur scolarisation à Ajaccio, 17 mai 1917.
La scolarisation et le séjour en France ont laissé une trace profonde dans la vie personnelle et professionnelle des élèves serbes. Ils ont ramené dans leur patrie non seulement des connaissances mais aussi les bonnes manières qui devaient marquer les années 1930 dans la scène sociale et culturelle de Serbie. Ainsi les Français réussirent-ils à avoir une influence indéniable sur la vie sociale et politique dans la Serbie de l’après-guerre.
2.6. Une Église serbe à Ajaccio
Une petite église fut également ouverte à Ajaccio pour y dire la messe. En vérité, ce fut Djordje Djuric qui la transféra de Thessalonique en Corse. Lady Boyle et Sir Edward la dotèrent de l’indispensable. Après sa visite, Jelena écrit :
Je suis allée à l’église dimanche matin. Nos prêtres serbes ont célébré l’office divin, le chœur a merveilleusement chanté et à la fin du service, nous avons reçu la communion – comme si nous étions en Serbie. Saint Guy et saint Pierre ont eu une célébration solennelle en Corse, comme lors de nos deux grandes fêtes religieuses. L’église était bondée à chaque fois. Beaucoup de personnes ne purent entrer dans l’église et suivirent la messe dans la cour.[16]
7. Ajaccio, l’église orthodoxe
8. Ajaccio, le cimetière serbe
2.7. Activités diverses
En Corse, les réfugiés serbes eurent l’occasion de travailler, tous pouvant le faire dans un magasin, un hôtel, une entreprise, ou comme ouvriers agricoles. À Ajaccio, un magasin de chaussures, un autre de vêtements pour hommes, et un atelier de menuiserie n’employaient que des Serbes. Pour les femmes et les filles, il y avait des ateliers de broderie, de confection de toiles, tapis, tabliers, chemisiers, serviettes, oreillers, serviettes, etc. Plus de 230 femmes y travaillèrent. Leurs réalisations furent vendues par le Fonds de soutien serbe à Londres.[17]
2. 8. D’autres villes (Bocognano, Ucciani, Piana)
Outre Ajaccio, d’autres grandes villes, mais aussi de plus petites communes offrirent l’hospitalité aux réfugiés : Bocognano, Ucciani et Piana devinrent en quelques mois des lieux d’asile où l’Hôpital des femmes écossaises avait une antenne avec, à chaque fois, une infirmière ainsi que les médicaments et les fournitures hospitalières les plus nécessaires.
A Bocognano, 450 réfugiés serbes furent logés dans des maisons privées. Le village comptait également un atelier où les femmes et filles serbes brodaient, tissaient le lin ou des tapis, peignaient la laine, une église pour les réfugiés et un foyer pour garçons - 33 enfants âgés de 9 à 15 ans dont les parents étaient restés en Serbie. Ils y suivirent des cours de lecture, d’écriture, de mathématiques, puis de géographie et d’histoire. En plus des matières théoriques, on leur enseignait également la menuiserie, la cordonnerie et la couture destinée aux filles.[18]
9. Villa « Le chalet » à Bocognano En 1916-1917 cette vila abrita l’école pour garçons. Dans sa cave une salle avec les outils indispensables à la menuiserie avait été installée.
10. Réfugiés serbes dans le jardin d’une maison rurale à Bocognano Quelques femmes semblent avoir dans les mains des tricots et les hommes des outils agricoles.
Le petit village d’Ucciani avait accueilli environ 250 réfugiés dans des appartements privés. Un atelier de tissage employait des femmes et un foyer soignait les garçons malades. À Ucciani, le Fonds de soutien serbe avait obtenu un terrain à labourer. Après sa visite Jelena Lozanić écrit :
Quand nous sommes allés visiter la propriété, nous avons trouvé de nombreux travailleurs qui l’entretenaient et percevaient un salaire de 2-3 dinars par jour. Tous les fruits et légumes étaient destinés aux différentes colonies de réfugiés serbes. Sur cette propriété, j’ai également vu un homme originaire de Vranje (ville dans le sud de la Serbie), qui fabriquait de la vaisselle en terre cuite, travail pour lequel il était payé par la Mission qui prenait toute cette vaisselle pour son propre usage. »[19]
Un autre lieu d’hébergement des réfugiés fut le village de Piana situé à deux heures et demie de route d’Ajaccio. Il en abritait 50 dans un hôtel loué par le Fonds de soutien serbe. Après sa visite, Jelena Lozanić écrit :
Le bâtiment lui-même est très beau, neuf, le mobilier est moderne, la nourriture bonne et délicieuse. Des préparatifs sont aussi en cours en vue de l’ouverture rapide d’une église serbe.[20]
3. CONCLUSION
Grâce à ses notes rédigées en Corse, Jelena Lozanić a réussi à préserver de l’oubli l’histoire du peuple serbe écrite pendant la Première Guerre mondiale. Elles ont raconté la convalescence de nos soldats en Corse pendant ces difficiles évènements historiques.
Dans les dernières lignes de son journal, Jelena exprime toute sa gratitude envers les peuples français et anglais ainsi qu’à ses compatriotes :
Avant de conclure cette partie sur la vie de nos réfugiés en Corse et le travail acharné des membres de la Mission anglaise, il me faut en tant que Serbe remercier le peuple français et le gouvernement français pour leur cordiale hospitalité, la sympathie manifestée pour les nôtres réfugiés temporairement mais pour qui la France aura été une seconde patrie. Nous, les Serbes, serons éternellement reconnaissants envers le peuple anglais et jamais ne pourrons remercier comme il se doit le chef de la Mission anglaise, Sir Edward Boyle, qui se sacrifia sans réserve et sans cesse pour nous tous en Corse. Il avait le souci de répondre à nos besoins matériels, de nous aider sur le plan spirituel afin que nous puissions plus facilement supporter ces difficiles jours d’exil. Presque un an déjà que Sir Edward et sa mère sont en Corse, ils pensent y rester jusqu’au jour où les Serbes pourront rentrer au pays.
Jamais ne pourrons oublier tout le bien que l’Hôpital des femmes écossaises a fait pour nous et resterons à jamais reconnaissants à ces nobles femmes pour leur immense travail, leur dévouement, et leur grande bienveillance.
Enfin, je voudrais remercier très chaleureusement mes compatriotes pour leur accueil, leur hospitalité, et toutes les attentions qu’ils m’ont manifestées pendant mon séjour en Corse.45
Nous le voyons, la Serbie et la France possède une histoire conjointe très riche et ancienne, mais peu connue de beaucoup d’entre nous. Les évènements historiques de la Première Guerre mondiale ont créé des liens indéfectibles et très solides entre les deux pays, et l’Alliance franco-serbe a très peu d’équivalents dans le monde – dit M. Mondoloni, ancien ambassadeur de la France en Serbie, dans la version française du livre sur les Serbes en Corse et les Corses dans les Balkans « De la Corse aux Balkans ».[21]
Dans cette histoire d’amitié et de solidarité, la Corse a aussi joué un rôle de première importance. Elle aura accueilli pendant la Grande Guerre plusieurs milliers de Serbes qui avaient fui leur pays mais étaient bien décidés à le reconquérir. La Corse, alors pourtant elle-même saignée à blanc, a ainsi fait honneur à sa tradition ancestrale d’hospitalité.[22] Ce que Jelena Lozanić, humanitaire et bénévole en Corse à cette époque, a confirmée dans ses témoignages.
BIBLIOGRAPHIE
BATAKOVIĆ Dušan, La Serbie dans la Grande Guerre. Témoignages, mémoires et écrits historiques français, Bibliothèque National de Serbie, Belgrade, 2016.
LARENAUDI Pascale, MILOSAVLJEVIĆ Tanja, RADOVANOVIĆ Zoran, CASAMARTA Jacques, ORSINI Hadrian, LANNOY Guy, 2019, De la Corse aux Balkans, Scudo, 2019.
LOZANIĆ-FROTINGHAM Jelena, Dobrotvorna misija za Srbiju u I svetskom ratu : pisma iz Amerike i Kanade 1915-1920, [Mission de bienfaisance pour la Serbie pendant la Première Guerre mondiale : lettres d’Amérique et du Canada], Belgrade, 1970.
RADOVANOVIĆ Zoran, Srbi na Korzici [Les Serbes en Corse], Prometej, Novi Sad, 2014.
SREBRO Milivoj, « Le Golghota albanais ou la traversée des enfers. Écho de la Grande Guerre dans le roman serbe », dans La Grande Guerre des écrivains, dir. Romain Vignet et Jean-Nicolas Corvisier, Classiques Garnier, p. 683-713, 2015.
ŽIKIĆ Milena, Žene u ratu [Les femmes dans la guerre], Novi Sad, 2019.
Les journaux :
Srpske novine [Le journal serbe] du 6 octobre 1916, n° 78, p. 3, Jelena Lozanić, « L’œuvre de la mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
Srpske novine du 8 octobre 1916, n° 79, p. 2, Jelena S. Lozanić, « Le travail de la mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
Srpske novine du 13 octobre 1916, n° 81 ; p. 2. Jelena S. Lozanić, « Le travail de la Mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse. »
Les archives :
Les archives militaires n° 5 (Vojni arhiv VA), Belgrade, Ratna arhiva vojnog, sa odeljenjima i ustanovama od 1914 do 1923.godine, Belgrade.
Les archives de Yougoslavie (Arhiv Jugoslavije), Jovan Jovanović Pižon, fonds n° 80 ; dossier n° 75.
Photographies
A l’exception de la photographie n° 1, toutes les autres sont extraites du livre Srbi na Korzici [Les Serbes en Corse] de Zoran Radovanović, Prometej, Novi Sad, 2014.
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NOTES
[1] La vie des Serbes en Corse est décrite par Zoran Radovanovic (2014) dans son ouvrage « Srbi na Korzici » [Les/Des Serbes en Corse], Prometej, Novi Sad.
[2] Le 30 mai 1913, la paix de Londres met fin à la Première guerre des Balkans à l’issue de laquelle la Serbie atteint ses objectifs de guerre en libérant la vieille Serbie, le Kosovo et la Métochie. La pénétration au sud et au sud-ouest jusqu’au lac de Dojran en Macédoine, puis à Gevgelija, Ohrid et vers la côte Adriatique du nord de l’Albanie, a influé sur la formation d’une nouvelle carte politique dans la péninsule balkanique et contribué à accroître la réputation de l’armée serbe en Europe. Cependant, l’objectif de guerre le plus important de la Serbie, l’accès à la mer, n’était pas encore atteint. La Deuxième guerre des Balkans, conflit opposant les États des Balkans, Serbie, Grèce, Monténégro et Roumanie, rejoints par la Turquie, contre la Bulgarie, aboutit au traité de paix signé à Bucarest le 10 août 1913 : la Serbie y obtient l’est de la Macédoine de Vardar mais pas les débouchés - stratégiquement significatifs - vers la mer Adriatique.
[3] En septembre 1914, le Fonds de soutien serbe avait été créé à Londres pour recueillir de l’aide (vêtements, matériel médical) pour la population serbe en danger. Il fonctionnait telle une « Maison serbe » à Londres et son comité était présidé par Helen Boyle. Entre 1914 et 1918, le Fonds aura ouvert huit hôpitaux. Pour plus de détails voir : M. Žikić « Les femmes dans les guerres de libération serbes (1912-1918) », Novi Sad, p. 147-157, 2019.
[4] La retraite de la Serbie a été décrite par ancien ambassadeur de Serbie en France M. Bataković dans le livre - La Serbie dans la Grande Guerre (2016). Cf. bibliographie.
[5] Pour plus d’informations sur ‘cet événement clé de la Grande Guerre dans les Balkans’. Voir « Le Golgotha albanais », Milivoj Srebro, 2015.
[6] Les archives serbes (AS), Ministère des affaires étrangères - Département politique (MID-PO), n 520, document V / 763.
[7] Les archives de Yougoslavie, Jovan Jovanovic Pizon, fonds n. 80 ; dossier n. 75.
[8] Jelena a éveillé l’intérêt des Américains pour les Serbes, beaucoup de gens écrivant à leur sujet et recueillant de l’aide.
[9] Srpske novine, [Le journal serbe] du 6 octobre 1916, n° 78, p. 3. Ibid.
[10] Ibid.
[11] Srpske novine du 8 octobre 1916, n° 79, p. 2, Jelena S. Lozanić « Le travail de la mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
[12] Les infirmières prenaient grand soin des patients serbes. La responsable de l’hôpital était Mary H. Greene. L’ambulance était confiée à Yaung Jean. Le personnel infirmier était composé des infirmières anglaises Melville Jane, Hiaton-Smith Muriel, Helen Tracey, Katherine M. Barr, Katherine Nicolson, Ethel Maud Scammell, Isabella C. Wallage, Annie Lindsay, Jean Lindsay, Caroline Reid. Toutes reçurent la croix de Miséricorde. La décoration Saint Sava V fut décernée aux infirmières Margaret McPhee, Francisca Wilson, Bypo, Dorotea Brown, Elena Hill. (Vojni arhiv, P5, K.61, F.1D.32).
[13] Srpske novine du 8 octobre 1916, n° 79, p. 2. Ibid.
[14] Radovanović Zoran, Srbi na Korzici, Prometej, Novi Sad, 2014.
[15] Srpske novine du 8 octobre 1916, n° 79, p. 3, Jelena S. Lozanić « Le travail de la mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
[16] Srpske novine du 13 octobre 1916, n° 81, p. 2. Jelena S. Lozanić, « Le travail de la Mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
[17] Srpske novine du 8 octobre 1916, n° 79 ; p. 3, Jelena S. Lozanić, « Le travail de la Mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse ».
[18] Srpske novine du 13 octobre 1916, n° 81 ; p. 2. Ibid.
[19] Srpske novine du 13 octobre 1916, n° 81, p. 2. Jelena S. Lozanić, « Le travail de la Mission anglaise et la vie de nos réfugiés en Corse. »
[20] Ibid.
[21] Laurenaudi P., Milosavljević T., Radovanović Z., Casamarta J., Orsini H., Lannoy G. (2019), « De la Corse aux Balkans », Scudo édition, Corse, 1970.
[22] Ibid.
Milena Žikić est docteur en sciences historiques Tanja Milosavljević est docteur en sciences du langage
Date de publication : juin 2021
Date de publication : juillet 2014
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