LE LIVRE DU MOIS :  avril 2011

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ANTHOLOGIE DE LA POESIE SERBE CONTEMPORAINE
par Boris Lazić

Udruženje književnika Srpske - Un infini cercle bleu
Banja Luka - Paris, 2011

 

Voici une invitation au voyage en terre de poésie. On voyage, pour paraphraser le poète au rire amer, sardonique, comme on s’enivre : les manières sont diverses, leur but unique ; se quitter, se perdre afin  de mieux se retrouver, peut-être, en bout de course. (...)

La poésie serbe contemporaine offre un important champ d’étude. Afin de pouvoir la rendre accessible au lecteur français, le choix effectué offre un aperçu du développement de la poésie serbe depuis les poétiques avant-gardistes des années soixante-dix et quatre-vingt jusqu’aux voix polyphones de la production littéraire actuelle. (...)

Les poétiques présentes dans ce recueil participent de plusieurs courants littéraires. Ce qui caractérise néanmoins les poètes de ce panorama est une excellente connaissance de la tradition littéraire serbe et de la poésie serbe moderne. (...)

Plusieurs conceptions disparates se rejoignent ici pour offrir au corps textuel, poétique une grande richesse d'éléments formels. Il en est ainsi du narratif et néo-lyrique, du recours au mythe, au discours métaphysique (souvent accompagné du souffle long), de la poétique de rupture du langage. Poétique de l'ironie, du doute, d'une remise en question du matériau (la langue) grâce auquel prend corps l'oeuvre même, le poème.

Ce travail sur le renouveau de la langue est un des traits essentiels de la poésie serbe moderne. Renouveau du langage, du vocabulaire, recherche de la « mélodie maternelle», expérimentations avec la graphie, mais aussi renouveau des thèmes et sujets abordés par les auteurs. Jeux transtextuels avec les grands thèmes, essai de réalisation du « Livre intégral », d'une « totalisation » de l'hypertexte en un souffle éclectique et baroque d’une part, d’une autre part poésie du dépouillement verbal souvent doublée d'une veine néo-lyrique (dont la tradition remonte à S. Vinaver et M. Nastasijević) au souffle bref et qui est non sans rappeler l'extrême économie avec laquelle, en France, Guillevic construisit son « Art poétique ». Un sentiment de perte, de mélancolie, irrémédiables, imprègne ces poèmes : entre identité(s) subie(s) et identité revendiquée, il témoigne d’une atmosphère et d’un temps : régime socialiste, guerre civile, transition démocratique. (...)

Si la prose classique et contemporaine serbe est présente en librairie et accessible aux lecteurs, il n’en va pas de même de la poésie (...) L’Anthologie de la poésie serbe contemporaine que nous vous présentons aujourd’hui a pour ambition de combler, en partie, cette lacune.

(Extrait de la préface de Boris Lazić)

Lire aussi :

Jean-Luc Raharimanana : Le nègre d'Europe

Te voyant pleurer aujourd'hui
mon peuple
je me suis réjoui de ce que tu avais conservé la faculté de pleurer
de ce que tu exécutais et transmettais de père en fils
l'art de pleurer pour une pitance
Comme tu es doué mon peuple
malheureux
et bouffon de bon Cœur
que Dieu n'a rien appris à faire
                                     (Stevan Tontić)

La poésie serbe pose la question primordiale de l'engagement du poète. Que sont ses mots face aux bruits des canons ? Que sont les frémissements de ses muscles, de ses mains caressant les feuilles contre les tremblements des immeubles ou des signatures paraphées sur les accords de guerre ?

Quand les bombes tombent autour du passant, pourquoi le solliciter encore pour lire un fort joli poème ?

De toute façon, la poésie peut-elle exister dans un pays si belliqueux ?

(Extrait : texte intégral)

 

Table des matières

Boris Lazić : « Haut modernisme et poésie de fin de siècle » (introd.). 

Prologue

Radivoj Stanivuk : Anniversaire de la mort de Celan.

ANTHOLOGIE

Milan Milišić : La rue qui portera mon nom ; (Nations) ; Epoque de bronze ; L’apostasie ; Fioles d’urines. Ranko Jovović : Ô coing, je te mangerai ; La fable ; Aube terrestre, ô que tu es sainte ; Soupir après la Bastille ; Quotidiennement.  Ranko Risojević : Le père ; Dixième élégie bosnienne ; L’église ; Compte sur la mort ; Le matin ; L’écho ; Unis. Aleksandar Ilić : Je sais. Stevan Tontić : L’Europe, aujourd’hui et depuis toujours ; Mićo Tontić s’explique avec le seigneur ; Ma douce et sanguinaire tribu ; La mort tisse pour mon  peuple des chemises et des caleçons ; Cette tête ; Ma femme. Milenko Vujičić : Le très-haut ; [L’infini s’éteint] ; Les signes ; Les vagabonds ; Soupir du vent ; Rose. Milosav Tešić : La colline de l’âne ; Tel un navire sur l’océan ; L’eau bonne, Joviz ; Gorge. Darinka Jevrić : Le monologue du poète ; Paroles du chroniqueur de la mort ; Les cloches de Dečani ; Une fresque. Jovan Zivlak : Dieu est infime ; A ce que je sache ; La languette ; L’arbre ; La conversion. Raša Livada : L’apprenti ; Les bannis ; Eglise Nikolajevska ; Les pères ; Purgatoire. Duško Novaković : Aux fils, pour un amour des pères, en somme ; Le droit aux confettis ; A une tête ; A une ville ; Epitaphe pour Danilo Kiš. Zdravko Kecman : Défense de la poésie ; La vieille ; Le pacte ; L’oubli ; Janvier ; Sian Williams ; Traversée de la promenade. Novica Tadić : Dostoievski ; Rongeur des saintes écritures ; Pétales ; Pouvoir obscur ; La momie ; Une plume arrachée à la queue d’une poule de feu ; [le monde est un divin]. Bratislav Milanović : Le poète aveugle ; Le chantre des Balkans ; Dans l’atelier de Ljubica Mrkalj ; Il y en a toujours un ; Dialogue avec le coauteur. Zdravko Krstanović : Un feuillet de l’Apocalypse ; La boucle d’or ; Hadès, rose, rosée ; Petit poème de nuit ; Note sur le Kalemegdan ; Pays sans moineaux ; Les rêveurs. Vojislav Despotov : J’écris des poèmes ; Les poèmes populaires ; La politique de Pénélope ; Awax ; Programme ; Zoran M. Mandić : Si tu restes sans tête ; La trahison ; Les autres. Slavoljub Marković : C’est passé, cela passe, cela passera ; La main ressent à travers l’objet ; [Nous avons bâti des villes] ; Dubrovnik. Ivana Milankova : Illusion ; Hadrien, pour les corps et pour les dieux ; Hommage ; Dans les angles blancs, alors qu’ils me crucifiaient. Selimir Radulović : Frères allemands éternels ; L’obscure, en rêve ; Lorsque se dissipèrent les heures ; Avril, pastel. Anđelko Anušić : Complainte sur la maison ; Epitaphe pour quelqu’un d’inconnu ; L’imbécile ; Favoris d’ahasvérus et des belles lettres ; Poème d’un moine anonyme du monastère Krka ; Le flocon ; Prière matinale de l’apatride. Vasa Pavković : Inaudible ; Le contraire ; Esquisse a propos des politiques en exil ; De la poétique ; Désespoir ; XII ; Boire du lait. Nebojša Vasović : Possibilité de savoir ; Le temps ; Les yeux ; Sonnet de l’émigré ; La plume ; Journal I. Nenad Grujičić : La vie et le rêve ; Les conséquences ; Impuissante puissance ; Après la naissance ; Le climat. Bećir Vuković : Sans raison apparente ; Citoyen X ; Librement ; Parc central ; Ce n’est pas drôle. Radomir Uljarević : Bologne ; Manuscrit ; Migration ; Pelote ; Rue Vuk Stefanović Karadžić ; Boite noire ; Etranger d’où viens-tu ? Simon Grabovac : Depuis cette perspective ; Mon seul ; On se regroupe ; 5.1 ; Maintenant que ; Pègre. Nebojša Devetak : Répondeur automatique ; Je n’ai rien ; Vivre en province ; Le métier de l’exil ; Vers l’autre rive ; Parfois je suis cruel ; L’église. Milenko Stojičić : La pyramide d’Arthur ; Acte de naissance universel ; Petit philosophe et grand garçon ; Entre nous, a propos d’apocalypse ; Onton ; Brigitte Bardot des lettres ; Soldat du verbe. Nikola Vujčić : (Dimanche) ; Dimanche, après-midi ; [j’ observe le blanc] ; Le langage ; Reconnaissance ; Les paumes sont des coquillages. Vlasta Mladenović : L’asile intérieur ; Cercle d’éternité ; Pour Héraclite l’obscur ; Voix de Delphes ; Poème journalistique ; Livres primes pour lecteurs naïfs ; Euroécriture ; Staniša Nešić : Voici l’homme ; Ivan Negrišorac : Guerre médiatique ; Peut-être vaut-il mieux ne pas survivre à la honte ; On passe encore l’examen du baccalauréat ; Non, je ne tremble plus en passant auprès des vitrines ; Regarde, ses moustaches pendent comme de la morve ; Branko Maširević : Sansangelisme ; La mort intérieure ; Psaume ; La main. Aleksandar Lukić : Pour Joseph. Nina Živančević : [On ne pense a l’art que] ; Eternité pédantesque ; Chasse royale ; Dans la ville qu’affectionnait Pessoa. Živko Nikolić : Création du monde ; Ouverture de la tombe ; Scandale ; La durée ;  Sarcophage mon asile. Bajo Luković : Les têtes de pierre ; Parmi les ombres ; Cassure ouverte ; Bornes secrètes ; Jelena Lengold : L’amazone ; L’adieu ; A propos de solitude ; Sombres bibliothèques ; Poème mort-né. Radivoj Stanivuk : La tombe ; La cuisine, obscurité originelle des choses ; La poésie ; Cette vie que je me suis promise ; Du poète. Zoran Djerić : Avec le spectre de Laza Kostić ;  Escapisme, élégie. Dragan Jovanović Danilov : Cimes enneigées ; Europe sous la neige ; Blanc ; La truite ; En une solitude insulaire. Goran Stojanović : Le sculpteur et l’opulence ; Voilà ; Le monde est une musique trompeuse ; Une corbeille de pleine lune pour le lendemain ; Les chaises du bar ; J’écris encore ce poème. Vojislav Karanović : Autopoétique ; Ouverture ; Le cinéma ; Le musée des figurines vivantes. Saša Jelenković : Continent de miel ; Journal de bord ; La forteresse ; Inoffensif. Zoran Bognar : Bordel america ; Les dieux des athées ; La terre gouverne le sousterrain ; Le germe de notre débâcle. Simo Mraović : [ J’ai rencontre un grand homme politique ] ; [Un ange habite l’ordinateur] ; [Il y a de cela quelques années] ; La merde sur de la merde ; Poète mon âme. Danijela Kambasković-Sawers : Vocation ; Emblème ; Emigration ; Chauffeur de taxi belgradois. Gojko Božović : Là où je suis ; Scènes ; Un monde retrouve ; La mesure ; Alen Bešić : Bouchée ; Summertime ; Transmutation ; Par la banlieue ; Cons : Bibliothèque. Petar Matović : Virus : Serbia ; Désir d’une écriture féminine ; Les feux de saint héraclite. Jasna Ani : [elle va traverser ton corps] ; [une inscription sur les os] ; [Je ris d’un rire de sang, solaire] ; Monstres de soie.

Epilogue

Zoran Đerić : Là-bas, et de là-bas.

Notices biographiques.
Sources sur les activités poétiques du monde littéraire serbe.

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