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Poète, dramaturge et essayiste, Ljubomir Simović est entré sur la scène littéraire serbe en 1958, avec le recueil de poèmes intitulé Slovenske elegije [Elégies slaves]. Depuis, il a publié encore quatorze recueils, qui se caractérisent par une grande variété thématique et un ton qui joint l’élégie à l’humour, le lyrisme au burlesque. Balada o Stojkovićima [La Ballade des encore vivants, 1972], sorte de résumé de l’histoire de son peuple, est représentative de cette manière qui réunit empathie et dérision. Ailleurs, le poète atteint une grande élévation spirituelle dans l’expression de l’angoisse métaphysique et de l’espérance de la foi : Deset obraćanja Bogorodici Trojeručici hilandarskoj [Dix adresses à la Vierge aux Trois mains de Hilandar, 1983]. La métaphore chez Simović s’élargit souvent en visions aux dimensions de l’apocalypse biblique ou du mythe antique, notamment lorsqu’il évoque la guerre fratricide ou chante la louange de ces sources de la vie que sont les femmes du peuple (Istočnice, 1983). Simović est également, ce qui est plus rare dans la littérature serbe, un auteur de théâtre. Ses pièces ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, et le breton, et jouées un peu partout dans le monde. La plus connue est Putujuće pozorište Šopalović [Le théâtre ambulant de Chopalovitch, 1985], jouée en France dans plus de cinquante théâtres. Les autres pièces sont : Čudo u Šarganu [Miracle au « Chargan », 1975], Boj na Kosovu [La Bataille de Kosovo, 1989 ; 2003] dont Simović a donné deux versions et qui a été portée à l’écran, et Hasanaginica (1974), qui emprunte le titre de la plus célèbre des ballades de la poésie populaire serbe mais dont l’auteur a fait un drame moderne sur la manipulation, où abondent les allusions explicites à la politique et à l’idéologie. L’œuvre en prose de Simović comprend plusieurs ouvrages de divers genres : le journal de ses rêves (Snevnik, 1987), et celui du bombardement de la Serbie en 1999 (Guske u magli [Les oies dans le brouillard, 2005]), la chronique, sous forme de roman, de sa ville natale (Užice sa vranama [Užice avec les corneilles], 1996), deux recueils d’essais sur les poètes et dramaturges (Duplo dno [Le Double fond], 1983, 1991, 2001), et sur les peintres et les sculpteurs serbes (Čitanje slika [La lecture des images], 2006), enfin quatre autres livres rassemblant articles, essais, discours, analyses et commentaires sur les événements des deux dernières décennies où alternent, se complètent et se croisent littérature et politique, société, théâtre et poésie. Depuis 1988, Ljubomir Simović est membre de l'Académie serbe des Sciences et des Arts. D’après Encyclopédie serbe, Belgrade, 2008.
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