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Poète et nouvelliste, critique littéraire et essayiste, Radivoj Stanivuk est né en 1960 à Zrenjanin, en Voïvodine de Serbie. Diplômé en sciences politiques à l'Université de Belgrade, il obtient un D.E.A. en littérature générale et comparée à la Sorbonne Nouvelle en 1994. Il a travaillé successivement comme journaliste et animateur du programme littéraire de la Maison des jeunes de Belgrade, vendeur de tableaux en Italie et libraire en France. Il a été l’invité du MEET en tant que poète en résidence à Saint-Nazaire. En tant que poète et traducteur littéraire (il traduit du slovaque et du français), il a séjourné en Slovaquie et au Québec. Radivoj Stanivuk a publié les livres suivants : След [La trace, 1983] ; Тамна градитељка [La bâtisseuse sombre, 1988] ; Чежња и гнев [Langueur et colère, 1991] ; Безимена недеља [La semaine sans nom, 1994] ; Ритмови мегалополиса [Rythmes de la mégapole, 1997] ; Langueur et colère, odes et poèmes de voyage, 2000 ; Ноћ лутајућих звезда [La nuit des étoiles errantes, 2010] ; Похвала природним покретима [Eloge des mouvements naturels, 2010]. Il a vécu dix ans en France où ses poèmes, traduits par Christine Chaton ou Boris Lazić, ont été publiés dans Europe, Nota bene, Sud, Caravanes, Prétexte, Méditerranéennes, La nouvelle alternative, Encre vagabonde, Variable et Dialogue. Comme le démontre son opus littéraire, la poésie de Stanivuk est essentiellement le témoignage de sa rencontre avec la complexité d’un monde qui sans cesse se dérobe à son appétit d’amour, de grâce. Que ce soit dans ses poèmes bucoliques, ses poèmes de voyages ou ses peintures de la vie urbaine, Radivoj Stanivuk, est dans son for intérieur un contemplatif, intimiste et autoréflexif, un poète du dialogue, de la rencontre avec l’altérité. Il n’a de cesse qu’il trouve le singulier, la vérité individuelle, la dispute salvatrice. Ainsi, chaque découverte d’un paysage urbain – et des strates culturelles dont celui-ci se compose – est pour lui l’occasion de s’ouvrir à de multiples réseaux culturels dont sa poésie, en retour, se nourrit. Ses poèmes de voyages embrassent aussi bien l’Europe centrale et méditerranéenne que les mégapoles slaves et occidentales. Radivoj Stanivuk est poète de la langueur, de la colère, mais aussi de la culture, de la connaissance ; érudit, il est aussi religieux au sens gnostique et mystique. Sa poésie représente un vaste dialogue avec la tradition littéraire moderne qui privilégie, sur le plan de la forme, le souffle long et sur le plan du contenu, l’évocation de l’espace urbain des mégapoles tentaculaires contemporaines. Elle suggère à la fois une forte idée d’engagement social et une apologie de la vie intérieure. Les instants de grâce, d’épiphanie poétique, rédemptrice, sont les résultats soit des rencontres avec les œuvres d’art, soit de l’abandon à la nature. Sur le plan formel, Stanivuk privilégie le vers libre, le vers blanc, un souffle long et ample, diversifié, le parallélisme, les jeux de sonorités (assonances, allitérations), citations, montage. Postmoderniste au sens de la technique et du discours subversif, il insuffle à sa poésie un fort sentiment élégiaque. Son recueil au titre programmatique ‒ Чежња и гнев [Langueur et colère] ‒ résume bien sa poésie : la langueur exprimerait ses aspirations, la colère ses révulsions. Sa poésie, critique, subversive et mélancolique lorsqu’elle témoigne des sociétés humaines, des rapports de force qui les régissent, se teinte d’une touche plus apaisée, plus sereine lorsqu’elle rend gloire – selon la tradition des canons byzantins – à la beauté du monde, à une nature qui, bien qu’indifférente, reflèterait un sourire divin aux facettes multiples et toujours bienvenues. La poésie de Radivoj Stanivuk a été traduite en français, russe, slovaque, bulgare, hongrois, slovène et macédonien. Il a reçu les prix littéraires suivants : « Smeli cvet », « Stevan Pešić », « Dimitrije Mitrinović ». Il vit aujourd’hui à Maglić, près de Novi Sad, et se consacre essentiellement à la lecture et l’écriture. ♦ Etudes et articles en serbe : Selimir Radulović : „Mitsko i lirsko“, Letopis Matice srpske, Novi Sad, septembar 1989, vol. 444, n° 3 ; Zoran Đerić : „Ritmovi mogalopolisa“, Krovovi, Sremski Karlovci, n° 39/40, 1997, p. 93 ; Bojana Stojanović-Pantović : „Zatočenik samoće“, Naša Borba, 1/2-8-1998 ; Boris Lazić : „Pariz, beskrajni lavirint samoće“, Povelja, Kraljevo, februar 1999, n° 1, p. 120; Jana Aleksić : „Metapoetičke razglednice sa putovanja po unutrašnjim predelima duše“, Gradina, Niš, n° 40-41/2011, p. 273-279. Boris Lazić |