C’est de la confiance que naît la trahison. (proverbe arabe)
La trahison ne réussit jamais car, lorsqu’elle réussit, on lui donne un autre nom. (proverbe américain)
1.
Si « l’aspiration à la trahison habite l’homme depuis la nuit des temps et est à tout jamais incarnée dans l’histoire de Judas et de ses trente pièces d’or » (Transparents, p. 226), qu’est-ce que trahir, que recouvre le concept de trahison ? Pour le sens commun, trahir, c’est passer à l’ennemi, renier sa foi, sa patrie, ses valeurs et ses convictions, œuvrer contre elles. En d’autres termes, c’est pactiser avec le diable. Toutefois, tout comme l’amour ou l’amitié, la trahison peut signifier et recouvrir une multitude de sentiments et de comportements sensiblement différents. Abordé dès les premiers écrits, réétudié, décliné sous nombre de formes et variantes, ce thème occupe une place essentielle, primordiale même, dans l’œuvre de Svetlana Velmar-Janković qui ne cesse de s’interroger sur la nature véritable de la trahison, ses motivations, les manières dont on s’en rend coupable. On trahit, mais pour le bénéfice de qui ? Celui de l’ennemi. Mais cet ennemi, qui est-il ? Qui est celui – ou celle – qui se met à son service ?
La Trahison – qui, parmi nous, ne l’a pas pratiquée ? En abusant, par des peccadilles ou des fautes répréhensibles, la confiance aveugle que l’on avait placée en nous ? La première trahison, en rien moins excusable, s’exerce à l’encontre des nôtres, de nos proches par les liens du sang, de ceux auxquels nous unit une proximité affective. « Quand la confiance s’effondre, dans un abîme on chute », observe le prince Mihailo. (L’Abîme, p. 443.) D’où l’interrogation, le cas de conscience de la jeune narratrice de Stigmate qui confie à sa mère :
« L’année dernière, je pensais que si je rejoignais leur organisation des pionniers, si j’acceptais que l’on me noue le fouloir rouge autour du cou comme on le ferait d’un licou, je te trahirais toi, et aussi mon oncle et ma tante et grand-mère – nous tous. Aujourd’hui, je ne le pense plus. » (Stigmate, p. 201-202.)
Ce questionnement, fictionnel, annonce celui, également fictionnel de Dans le noir où Marija Pavlović donnera quant à elle un consentement fortement teinté de rébellion adolescente contre l’autorité et l’image parentales, puis celui, sans doute plus proche de la réalité, de Transparents où Svetlana refusera d’adhérer au prétexte qu’elle n’est pas « prête ». Néanmoins personne n’échappe à cette première forme de trahison, ni les jeunes héroïnes des premières nouvelles succombant au charme innocent de leur protecteur et/ou beau-frère, ni la tante de Stigmate qui souille un temps la mémoire de son mari en perpétuant la relation faite d’attraction et de répulsion avec Vitomir, ni Milica Pavlović qui, de façon analogue, pèche en pensée et éprouve attirance et répulsion pour l’assistant et au final rival jaloux et ennemi de son mari. Trahir, c’est encore ne pas répondre à certaines attentes, susciter une déception immense, à la mesure de la confiance aveugle que l’on avait en vous. Au sens propre, Pavle ne trahit pas Svetlana, mais à apprendre qu’il est resté « là, tranquillement à lire en attendant » (Stigmate, p. 282) une hypothétique autorisation de lui rendre visite, c’est bel et bien trahie que se sent Svetlana. Et même doublement puisque, sans autorisation, Pavle et sa famille n’auraient pas passé outre à l’interdiction de les fréquenter. D’où la colère dont elle explose, la tristesse qui l’inonde, et le souvenir inaltéré, intact, dans sa mémoire d’une conversation vieille de plus d’un demi-siècle.
Au nombre des coupables de traîtrise, de trahison aux dépens de leurs proches, citons encore la princesse Julija qui, dans L’Abîme, lassée de s’escrimer inutilement pour le bien d’une Serbie arriérée et hostile à tout changement, trahit par deux fois le prince Mihailo et nous laisse en fin de compte l’image d’une épouse déloyale, mais aussi d’une pauvre femme délaissée, immolée sur l’autel de la patrie. Mihailo lui-même, dès son accession au trône, paraît tourner le dos à sa propre nature et tuer les espoirs placés en lui ; à son tour il chute dans l’autoritarisme dont il faisait si grand reproche à son père, le prince Miloš qui, sournois, matois, l’avait renversé, sacrifiant par-là même son propre fils à sa soif démesurée, intarissable, et inassouvie de pouvoir.
Certains rejettent la trahison, Leposava Vulović bien sûr, mais aussi Molerčić qui, dans L’Abîme – nécessité oblige – n’entretient plus que de glaciales relations de façade avec la princesse Julija une fois la fourberie de celle-ci avérée ; s’apparente également à un tel rejet le refus de Svetlana de se baigner dans la petite crique paradisiaque de l’hôtel à Mlini si Pavle s’en voit interdire l’accès. D’autres composent avec la trahison, trouvent un palliatif pour n’avoir pas à y succomber : la destruction de la lettre de Vitomir pour Nevena, afin de ne renier ni son engagement politique ni son amitié pour sa camarade ; la fuite de Belgrade à Kumanovo pour Vitomir menacé d’exclusion parce que soupçonné de placer avant l’amour du Parti celui d’une femme « indigne de lui » (Stigmate, p. 234) ; la fuite encore pour la tante, mais cette fois dans la mort afin de rejoindre celui que, malgré tout, elle aura tant aimé.
Mais toutes les trahisons ne se valent pas, les traîtres ne portent pas tous pareillement le sceau de la vilenie. Il est à remarquer que chez Svetlana Velmar-Janković rares sont ceux à inscrire leur trahison dans les faits. Nombre de personnages s’y adonnent en pensée, puis se ressaisissent avant de commettre l’irréparable. Pourquoi cette récurrence pourrait-on dire obsessionnelle du thème de la trahison chez Svetlana Velmar-Janković ? Parce que dès son plus jeune âge, il lui a fallu se rendre à la triste évidence : tout le monde trahit tout le monde. Ce dont le Pr Pavlović fait l’amer constat dès les premières pages de Dans le noir : « Notre époque est l’une des plus sordides, crois-moi. La plus sordide. Tout n’y est que trahisons. Et pièges. » (P. 24/22.)
Incarnent bien entendu la trahison trois personnages : Olgica, Zora, et Peca. Calculatrices, manipulatrices, ces trois créatures féminines SONT la trahison. À elles trois, elles composent un portrait assez complet qui emprunte un soupçon de ceci à l’une, un zeste de cela à l’autre, une pointe d’autre chose encore à la troisième. Elles obéissent à des motivations qui ne leur sont jamais communes, à tout le moins entièrement. Si Zora et Peca peuvent être taxées d’ingratitude, Olgica ne saurait l’être au même titre. Peca trahit pour « servir » un idéal, Zora aussi, sauf que la cupidité prime chez elle et de loin toutes les convictions politiques, mais peut-on parler de même à propos d’Olgica ? Un dénominateur commun les réunit cependant : la haine. La haine qui distend pareillement les visages de la Zora de Transparents et d’Olgica, qui, dans un premier temps, ne déforme pas les traits de visage de Peca révélant les caches où Buba a dissimulé bijoux et objets de valeur, mais qui éclate dans toute son intensité au procès des frères Teokarović à Jagodina :
« Non, tu ne peux imaginer l’effroi qui te saisit quand, sous tes yeux, des familiers que tu pensais bien connaître se muent en étrangers qui te haïssent, quand leurs visages se défont, se distordent sous l’effet de pensées maléfiques, quand sortent de leurs mâchoires béantes des cris de primitifs africains, de cannibales. » (Transparents, p. 258.)
La haine, aiguillon de la revanche, a déjà été pointée dans Stigmate. Et aussi la jalousie, les voisins trouvant « insupportable de devoir trouver refuge justement dans notre cave » (p. 4) et n’aimant pas « le jardin précisément parce qu’il est beau et que c’est le nôtre » (p. 64-65). La fortune – visible – des Pavlović excite la convoitise de la Zora de Dans le noir, celle – désormais un souvenir – des Teokarović dans Transparents alimente toutes les rancœurs justifiées ou imaginaires de Peca et des ex-ouvriers de la manufacture d’étoffes… passés à l’ennemi, devenus eux. Toutefois, délaissant le portrait de la traîtresse qu’elle ait pour nom Peca, Olgica, ou Zora (et, surtout, si elle a pour nom Zora ?!), Svetlana Velmar-Janković procède à une nouvelle lecture de ses souvenirs car, ainsi qu’elle s’en explique, il est pour elle d’autres champs à explorer :
« Jusqu’à ce mois de juin 1945 s’était déjà produite une telle accumulation de trahisons que je juge préférable que celle de Zora, détachée des autres pour sa singularité mais aussi pour son exemplarité, reste dans le temps d’un livre, dans le temps de Dans le noir, et ce, à demeure. Autant me préoccupent les transparents qui palpitent au-dessus des premières années de l’après-Seconde Guerre mondiale, au-dessus de ce noir, autant m’a quittée l’envie de me consacrer aux parangons de la trahison humaine, ceux-ci étant pratiquement toujours identiques. Me séduit bien davantage la recherche de leurs motivations, surtout celles insuffisamment connues. Derrière celles bien connues, que l’on peut supposer être la peur, ou, très banalement, la cupidité, ou, encore, un complexe d’infériorité, il doit s’en trouver d’autres qui plongent leurs racines dans les sphères du Mal. Les reconnaître et les nommer présente vraisemblablement de plus grandes difficultés, mais c’est pour cela précisément que je voudrais parvenir jusqu’à elles malgré les obstacles auxquels, ce faisant, je ne cesse de me heurter. » (Transparents, p. 243.)
2.
En politique, il n’y a pas de traîtres, il n’y a que des perdants. (André Thérive, Essai sur les trahisons)
À l’angoisse de Zora sur le devenir de son « âme » l’ex-boutiquier et commandant à la retraite qui se repent oppose – intérieurement – son désarroi, sa totale incapacité à répondre : « Je ne sais pas ce qui va advenir de mon âme à moi. Si j’en ai une. » ( Dans le noir, p. 242). Mais il est frappant que la figure emblématique de la Trahison – avec T majuscule –, la seule à porter cette marque d’infamie, cette flétrissure, n’est pas en proie à ce questionnement métaphysique. On constatera que le fictif Professeur Pavlović ou le bien réel Vladimir Velmar, seul « traître » au sens commun du terme puisque ayant composé avec l’ennemi, est celui qui s’avilit le moins en « trahissant ». Répond-il, à l’image d’une Zora, à des motivations de l’ordre de l’intérêt personnel ? Non. Peut-il lui être imputé de renoncer à ses convictions pour en épouser d’autres ? Encore non. Choisit-il le « bon camp » afin de se mettre, lui et les siens, en sécurité ? Une fois encore, non. À chacun des chefs d’accusation, la réponse ne peut être que Non. La participation au gouvernement du général Nedić, la collaboration, quoique synonyme de trahison, est ici un acte positif, réfléchi et, surtout, totalement désintéressé puisque visant à sauver des hommes et des femmes qui, explique Transparents, jamais n’auront su ni ne sauront à qui ils doivent d’avoir eu la vie sauve, Vladimir Velmar ayant dû à l’insu de tous « assumer le rôle du sauveur demeuré dans l’ombre, dans l’anonymat » afin « d’arracher aux lieux de torture et de mort, à la prison de la police spéciale, aux listes de prisonniers à fusiller, quelques-unes parmi les personnes importantes pour la science et la culture, et même pour la vie politique en Serbie. » (Transparents, p. 157.)
On notera toutefois que la fictive Milica Pavlović et la bien réelle Mme Velmar agissent en parallèle et à l’insu de leurs époux, qu’elles mènent elles aussi dans l’ombre un combat qui, au vu des moyens mis en œuvre et de sa finalité, ne se distingue guère de celui de leurs époux. « Le devoir de sauver un être » commente Milica Pavlović, « nous a subitement donné (…) des droits fantastiques : à l’hypocrisie et au mensonge, bien sûr, mais aussi à la trahison. » (Dans le noir, p. 131.)
La Trahison véritable serait et pour Dušan Pavlović et pour Vladimir Velmar de se trahir soi, de privilégier la passivité ou l’indifférence à sa propre prise de risques et exposition au péril. Peu leur importe qu’on leur accole des étiquettes de collaborateur, de renégat, de traître. Sous leurs airs hautains pour le premier, bourrus pour le second, ils affichent les mêmes qualités de cœur, la même force de caractère, la même droiture, le même sens du sacrifice personnel pour le bénéfice des autres ou de tous. En quelque circonstance que ce soit, le Traître qu’ils incarnent exerce son libre-arbitre. En conscience. Sans se voiler la face ni ignorer que le choix qu’il se voit contraint de faire est à nouveau celui du moindre mal. Homme de convictions, il va jusqu’au bout de celles-ci, préférant en tout point sa dignité d’homme à toute compromission morale et intellectuelle. Sa destinée est celle que lui trace la mission qui s’impose à lui et qu’il ne fuira pas. Pour ses qualités morales, il devrait être porté aux nues, glorifié, mais l’histoire fait toujours la part belle aux vainqueurs, jamais aux vaincus et à ceux qui leur ont apporté un soutien, fût-il minime. Ainsi Dušan Pavlović et Vladimir Velmar sont-ils des traîtres et, pour tels, seront nécessairement tenus. Une condamnation sans appel. Qui exclut toute autre sentence que l’exécution. Qui tient toute circonstance atténuante pour inenvisageable. Du fait, entre autres, et surtout, de l’origine sociale des prévenus. Pour lui échapper, une seule et unique issue pour Vladimir. De tous temps celle des traîtres : la fuite, l’exil. Au risque assumé par le seul Vladimir puisque Dušan, arrêté, sera fusillé, de se noircir encore, de témoigner à sa propre charge, d’apporter la preuve – si besoin était – sinon de sa lâcheté, de sa culpabilité. Sans jamais perdre conscience pour autant que ce « moindre mal » est pour lui l’unique moyen d’éviter aux siens un surplus de souffrances.
Mais, en fin de compte, qu’est-ce donc que la trahison ? Si trahir implique la lâcheté, Vladimir Velmar ne saurait être qualifié de traître puisque le courage, précisément, ne lui fait pas défaut. Si la trahison est l’envers du patriotisme, c’est justement ce dernier qui le jette et le fait se jeter délibérément dans le « piège » – selon le mot du Pr Pavlović –, fatal de la collaboration. D’où ce magnifique texte que nous offre Transparents :
« (…) En entrant au gouvernement du général Milan Đ. Nedić, – au demeurant, à l’instar de Nedić lui-même – il s’est sciemment sacrifié. Il s’est finalement résolu à cette entrée, devait-il me dire un quart de siècle plus tard, quand il s’est avéré que c’était de l’intérieur de la Serbie occupée, uniquement de l’intérieur de la patrie défaite, et uniquement aussi avec l’aide de l’ennemi, que l’on pouvait faire quelque chose pour le salut des Serbes de Croatie victimes d’un génocide tel que n’en avait pas encore connu la Seconde Guerre mondiale. Quel piège lui avait tendu le destin ! N’était-il pas lui-même Serbe de Croatie ? Enfant de la vallée de la rivière Una, n’avait-il pas appris depuis longtemps que la réalité politique des Serbes de Croatie diffère énormément de celle des Serbes de Serbie ? Jamais il n’aurait pu se pardonner d’avoir fait la sourde oreille lorsqu’on a fait appel à lui pour participer au sauvetage des membres de sa tribu soumis à l’anéantissement et à l’extermination ; mais il lui a fallu s’avouer que pareille participation avec l’ennemi sous-entendait – non pour sa seule personne, mais aussi pour sa propre famille – de s’exposer aux conséquences de cette collaboration. En outre, il voyait, et alors qu’étaient rares ceux désireux ou capables de le voir, qu’à l’image de tous les grands conquérants, Hitler devait perdre la guerre. Non, il n’y avait rien d’étrange à ce qu’il fût bourru, rien d’étrange non plus à ce qu’il fût incompris de tous. ‘Son incroyable force aura scellé son destin et le nôtre’ m’a dit un jour, à une époque très éloignée des années d’occupation, ma mère qui, elle aussi, tenait pour inacceptables les raisons de la crucifixion de mon père. » (P. 152-3.)
Néanmoins, là où d’aucuns ne verront qu’une simple tentative de réhabilitation, pire, de justification des agissements d’un père par sa fille, Svetlana Velmar-Janković affine sa réflexion et s’interroge sur le patriotisme et l’héroïsme. D’une manière ou d’une autre, il faut le répéter, tout le monde trahit tout le monde, et celles censées incarner la pureté ne font exception à la règle : Milica Pavlović en hébergeant Pavle Zec, communiste gravement blessé ; Mme Velmar en apportant un soutien ponctuel aux déjà peut-être pires ennemis de son mari. Le patriotisme peut prendre moult formes, de l’hostilité à l’ennemi qui débouche sur l’action et fait prendre les armes et le maquis, à l’intransigeant refus d’avoir quoi que ce soit à faire avec l’ennemi, ce que Svetlana Velmar-Janković traduit en citant une phrase de l’étude que le professeur Radivoje Konstantinović a consacrée au Silence de la mer de Vercors : « Tant que le combat n’est pas engagé, seul le silence est digne. » Si Mme Velmar fait entièrement sienne cette conception du patriotisme et, partant, de l’honneur, la manière dont son mari entend ces mêmes valeurs suscite chez elle l’incompréhension mais nullement le rejet :
« Le patriotisme de ma mère sous-entendait la résistance sous toutes ses formes à l’ennemi ; en cela, il était pur, ignorant de la compromission, et… conventionnel : avec l’ennemi, on ne collabore pas, un point, c’est tout (...) L’éthique de ce patriotisme-là se modèle sur l’archétype du héros qui combat l’ennemi de son peuple au prix de sa vie et, très fréquemment aussi, au prix de la vie de ses proches. Le patriotisme de mon père de même ignorait toute compromission dans sa débauche d’efforts pour sauver toute vie qui pouvait l’être au sein de ce peuple petit, non unifié, exposé à de grandes souffrances. Mais il était par ailleurs non conventionnel, modelé sur le type de l’anti-héros. Cet antihéros du vingtième siècle ne combat pas l’ennemi ouvertement, mais il lutte néanmoins pour le bien de son peuple et, de ce fait, possède les meilleures chances de perdre, outre sa famille, tout ce qui jusque-là lui importait : renom, dignité, honneur. De l’instant présent jusqu’à la fin des siècles. » (Transparents, p. 153.)
Qu’on le catalogue authentique patriote ou vil traître, Vladimir Velmar courait donc tous les risques d’être ad aeternam le perdant, le vaincu, comme le laisse entendre la citation précédente. Laissons le dernier mot à Vladimir Velmar lui-même qui, en 1969 à Florence, plus résigné que désabusé, mais avec une parfaite lucidité, faisait à sa fille Svetlana ce constat repris dans Transparents :
« Ta mère [était], comme toujours, dans le camp des révoltés – le bon. Ton père, comme d’habitude, dans le camp des apparents vainqueurs – le mauvais – à qui il incombera un jour de prouver que ce camp était le bon, ce, aux calendes grecques. » (P.179/158.)
BIBLIOGRAPHIE : LIVRES CITÉS
Dans le noir (Lagum, BIGZ, Belgrade, 1991), traduit du serbe par Alain Cappon, Phébus, Paris, 1997.
Stigmate, titre indisponible en traduction française : Ožiljak, Stubovi kulture, Belgrade, 1999.
Transparents, titre indisponible en traduction française : Prozraci, Stubovi kulture, Belgrade, 2003.
L’Abîme (Bezdno, Stubovi kulture, Belgrade, 1995) : traduit du serbe par Alain Cappon, Phébus, Paris, 2004.
*Extrait du livre Svetlana Velmar-Janković par Alain Cappon (manuscrit en français, 2006). Ce livre est publié en traduction serbe sous le titre Svetla Svetlane Velmar-Janković (traduit en serbe par Nikola Bjelić, Belgrade, Stubovi kulture, 2006).
Date de publication : avril 2011
> DOSSIER SPÉCIAL consacré à Svetlana Velmar-Janković
|