Boris Lazić

Stèles, inscriptions



Obradović by Uroš Predic
Nécropole de Radimlja


Les inscriptions funéraires, épitaphes des monolithes d’Herzégovine orientale (terre de saint Sava), de Serbie, de Bosnie, de Dalmatie, du Monténégro sont, dans les pièces les plus représentatives, une expression métaphysique de la culture chevaleresque qui s'exprime aussi dans les romans et les cantilènes (Bugarštice), les plus anciens poèmes épiques serbes chantés à la cour des seigneurs. Elles donnent une image plus nuancée, plus individualisée mais aussi plus profane, plus réaliste de la civilisation médiévale. Les stèles les plus riches en plastique décorative, en figures hiératiques, offrent aussi une calligraphie cyrillique plus rude, plus rustique.

La stèle seigneuriale type se présente de la manière suivante : sa base est prismatique, la partie supérieure est un sarcophage en forme de maison où, aux motifs du cercle se joignent ceux de la demi-lune, de l’épée et du bouclier. L’ensemble des motifs décoratifs renvoie à l’imagerie chrétienne et trouve des correspondances visuelles dans les miniatures et onciales des évangiles (Évangile de Miroslav, XIIIe siècle, Herzégovine orientale). Rondes, tournois et parties de chasses expriment la manière de vivre, et les inscriptions, lapidaires, les allégeances d’obéissance, de fidélité du chevalier. Humour et sentiment tragique de la vie vont de pair pour dépeindre la fugacité de l’existence. Les motifs essentiels en sont le rendu d’un point crucial de l’existence, diverses observations à propos de la vie, de la mort, ainsi que des plaintes et des prières pour préserver la tombe de la profanation.

Tant sur le plan de la forme que du contenu, ils s’inscrivent dans la tradition antique, gréco-latine de l’épitaphe à la formulation ciselée, mais traduisent un esprit slave. L’inscription des stèles, au style biblique, est elliptique, la formule concise, laconique, et l’original utilise beaucoup l’aoriste, temps de la conjugaison qui s’y prête parfaitement. Sur le plan de l’art plastique, par leur rudesse, leur violence, leur caractère monumental les monolithes représentent l'un des legs slaves préchrétiens et l’héritage culturel le plus singulier, le plus important de la Bosnie, de l’Herzégovine et de la Rascie médiévales.

Un paradoxe, entre autres, de cet héritage tient au fait que peu de peintres des églises-nécropoles Némanides ont signé leurs œuvres (rares sont en effet les noms qui apparaissent sous forme de signatures cryptées, dans les comptes et factures de l’administration étatique, dans les chroniques), à la différence des tailleurs de pierre qui sculptèrent les tombeaux de la dynastie des Kotromanić, certains allant même jusqu’à porter un regard critique sur leur œuvre (« Puisse le dixième avoir de la valeur », s’exclame un des calligraphes !). Plus on a affaire à la petite noblesse et aux gens du peuple, plus souvent apparaissent les noms des tailleurs, des graveurs, des scribes. Il faut garder présent à l’esprit que, sous l’occupation ottomane, nombre d'églises furent brûlées, dévastées, de stèles brisées (notamment celle du despote Stefan au Kosovo) et qu’il ne s’agit là que de reliques. L’humour, les traits d’esprit des textes gravés s’apparentent de manière frappante à ceux des écrivains modernes tels Petar Kočić, Branko Ćopić, Meša Selimović. Ils portent un regard serein et sont emprunts de cette douceur particulière aux Bosniens.

Sur le plan de la langue, les stèles (de même que les documents qui traitent du droit) marquent un passage du slavon au serbe vernaculaire : les formules consacrées sont slavonnes et les datations byzantines, mais les descriptions, profanes, empruntent les formules poétiques de la poésie de geste dont c’est la première apparition écrite et qui, chantée en langue vernaculaire et recueillie sur le Littoral, s'est souvent enrichie de l’apport lexical des villes méditerranéennes. Les stèles et les diverses inscriptions témoignent ainsi de l’état de la langue à travers les siècles ainsi que de son évolution (les dates de nos traductions correspondent au calendrier grégorien ou nouveau calendrier.

Une  nécropole parmi les plus importantes et les plus connues, mais qui fut aussi le jouet du plus grand nombre de mystifications, se situe à Radimlja en Herzégovine orientale. C'est celle de la maison des Miloradović-Hrabren, les bâtisseurs du monastère orthodoxe de Žitomislić et de la ville de Mostar. Sa construction s'étendit tout au long du Moyen Âge. A Radimlje reposent les membres de l’une des familles de la noblesse serbe qui s’illustra le plus dans la résistance à l’occupant ottoman. La branche des Miloradović émigrés en Russie présida, au début du XVIIIe siècle, à l’établissement des premières relations diplomatiques entre le Monténégro et la Russie, à l’articulation des relations politiques et culturelles entre l’Église serbe et l’État russe, et donnera à la Russie plusieurs généraux illustres au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Un lien indélébile, essentiel, existe entre l’identité médiévale et son expression moderne et il se traduit, également, par la conscience de cet héritage. Les Miloradović exilés ont toujours soutenu, financièrement, cultuellement, leur patrie d’origine. Radimlja et ses stèles sont une des expressions les plus originales et les plus accomplies de la culture des Serbes orthodoxes.

LITTÉRATURE

Bogdanović, Dimitrije, Istorija stare srpske književnosti [Histoire de la littérature serbe ancienne], SKZ, Beograd, 1980.

Jovanović, Tomislav, Stara srpska poezija, Zapisi i Natpisi, Arenge [Ancienne poésie serbe, Notes et Inscriptions, Donations], Deset vekova srpske književnosti, Matica srpska, Novi Sad, 2013.

Panić Surep, Milorad, Kad su živi zavideli mrtvima [Lorsque les vivants envièrent les morts], SKZ, Beograd, 1960.

Ostrogorsky, Georges, Histoire de l’Etat byzantin, Payot, Lausanne, 2007.

Obolenski, Dimitrije. Vizantijski komonvelt [Le Commonwealth byzantin], Prosveta, Beograd, 1996.

Pavlović, Miograd, Antologija srpskog pesništva [Anthologie de la poésie serbe], SKZ, Beograd, 1964.

Radojičić, Djordje Sp., Staro srpsko pesništvo (La poésie serbe ancienne), Bagdala, Kruševac, 1988.

Radojičić, Djordje Sp., Antologija stare srpske književnosti, XI-XVIII veka [Anthologie de la poésie serbe ancienne, XI-XVIIIe siècles], Nolit, Beograd, 1960.

Trifunović, Đorđe, Primeri iz stare srpske književnosti [Exemples d’ancienne littérature serbe], Slovo ljubve, Beograd, 1975.

Trifunović, Đorđe, Iz tmine pojanja [Chants tirés de la nuit des temps], Stari srpski pesnički zapisi, Beograd, 1962.

Trifunović, Đorđe,Azbučniksrpskih srednjovekovnih pojmova [Dictionnaire de la terminologie serbe médiévale], Nolit, Beograd, 1974.

Slijepčević, Đoka, Istorija srpske pravoslavne crkve [Histoire de l’Eglise orthodoxe serbe], BIGZ, Beograd, 1991.

« SRP », Prijedor-Banja Luka, 2019, année II, numéro 5, éditions Grafit DOO, Banja Luka, p. 43-44.

Vego, Marko, Zbornik srednjovjekovnih natpisa Bosne i Hercegovine [Recueil des inscriptions médiévales de Bosnie-Herzégovine], Izdanje Zemaljskog muzeja, Sarajevo, 1962-1970.

Komar, Goran, Ž, Ćirilični natpisi na stećcima [Les inscriptions cyrilliques des stèles], Štampar Makarije, Beograd, 2019.

 

 

STÈLES


Traduit par
Boris Lazić


*
 

Ci-git Blagaj
En fin de compte
Rien

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE L’HÔTE MILUTIN
Humsko, près de Foča, 1318.

En ton nom, très sainte Trinité ! Voici la stèle du Seigneur Hôte Milutin originaire de Crnica. Il a trouvé la mort mais non par la grâce de Dieu.

La vie : j’ai vécu parmi l’honorable seigneurie bosnienne. Je recevais des dons des grands seigneurs et de la noblesse ainsi que de la seigneurie grecque.
Tout cela se sait !

*

INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE PRIBISLAV PETOJEVIĆ
Ljusić, près de Uloga, 1353.

Ici repose le gentilhomme Pribislav Petojević, sur sa noble terre. J’ai servi fidèlement le seigneur et duc Tvrtko. Puis j’ai trouvé la mort.

Écrit par Bratoje.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE DABIŽIV
Vaganeš, près de Novo Brdo, 1355.

Dabiživ, petit-fils de Drobnjak, a érigé ce temple de la Sainte Mère de Dieu avec ses frères, Hran et Bogoje, son père, qui est moine, et sa mère Višnja.

Dabiživ l'a lui-même  inscrite du temps du règne du tzar Stepan.

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INSCRIPTION FUNERAIRE DE MARIA PALÉOLOGUE
Église de Saint Dimitrije, Skoplje, 1355.

Issue d’un sein impérial, j’aboutissais en milieu impérial. Mon nom séculier a été Maria. Par la grâce de Dieu, souveraine. Considérée digne d’être moniale, je fus renommée Marta. Quand mon heure dernière fut venue on me posa en terre en l’an 6863 (1355), au moi d’avril, le septième jour, au temps où régnaient sur les Serbes et les Grecs mon fils bien-aimé, l’empereur autocrate Stefan et mon petit-fils bien-aimé, le roi Uroš.

Quand à vous, pères et frères dans le Seigneur, souvenez-vous de moi dans vos prières !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU SCRIBE DRAŽESLAV
(Dubrovnik, 1. Juin 1367)

Dražeslav le scribe
a écrit ceci
de sa main de peu d’utilité.

La terre est ma mère,
le tombeau ma patrie.

Nous venons de la terre
et y retournons.

*

INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE TODOR, FILS DE ŽAGAR

Pourquoi vous étonner, ô hommes, de me voir reposer dans le tombeau ? Sachez que vous êtes aussi périssables que moi. Aussi je vous prie, pères et frères, souvenez-vous de moi dans vos prières et dites : « Souvenir éternel ! »

Au mois d’août, le 27 jour mourut Todor, fils de Žagar le juriste, et ce tombeau est érigé en son éternelle mémoire. En l’an 6895 (1387).

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE BOGDAN HATELJEVIĆ
Milavići, 1391.

Ici repose Bogdan Hateljević, serviteur du voïvode Radič. Je naquis à Dobra sous une bonne étoile, faisant ce qui est juste parmi ma compagnie et mourus en servant mon seigneur avec fidélité. Mes fils ont posé cette stèle.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU NOBLE VLATKO VLAĐEVIĆ
Vlađevina, près de Rogatica, 1399.

Au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, ci-gît Vlatko Vlađević, qui n’a jamais supplié aucun homme, quel qu’il soit, et qui a vu bien des pays, mais est mort chez lui, et après qui il ne reste fils ni frère.

Cette stèle a été élevée par son voïvode Miotoš, serviteur du Seigneur et par la grâce du prince Pavle, qui a enterré Vlatko, en se souvenant de Dieu.

*

INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU VOÏVODE MIOTOŠ ET DE SON FILS
Vlađevina, près de Rogatica, 1399-1415.

Au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, ci-gît le voïvode Miotoš avec son fils Stjepko, aux pieds de son seigneur Vlatko Vlađević, au service duquel il a été sa vie durant et dont il a élevé la stèle funéraire avec l’aide de Dieu et par la grâce du prince Pavle. Posez cette stèle sur sa noble terre.

Paroles du voïvode Miotoš : « Je ne péris de la main de personne et personne n’est mort de la mienne. Je ne voulais pas tuer. »

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU DUC MEDULIN
Trebinje, après 1412.

Ci-gît le duc Medulin. Je n’ai jamais eu beaucoup de possessions
mais n’ai jamais manqué de rien non plus, et je donnais.

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INSCRIPTION DU POPE VLKŠA
Lieu-dit de Crkvine près du village de Markovac, à Mladenovac, en l’an 1427.

Markovac Despot Stefan crtez natpisa na istocnoj strani m 

Le tzar en gloire, le Christ, sort vainqueur.

Moi, le despote Stefan, fils du saint prince Lazar et suite à sa mort et par la grâce de Dieu souverain de tous les Serbes et de la plaine du Danube et de la Save, d’une partie des terres de Hongrie, de la Bosnie et du Littoral de Zeta, mon règne de droit divin je l’ai passé le temps que Dieu a bien voulu m’accorder, trente huit ans. Puis me vint l’ordre du tzar et Dieu universel et l’ange qu’Il m’a envoyé me dit : « Va » ! Et c’est ainsi que mon âme s’est séparée de mon pauvre corps à l’endroit nommé La tête, alors que s’écoulait l’an 6935 (1427), l’indict cinquième, au dix-neuvième cercle du soleil, au mois de juillet, jour dix-neuvième.

Jésus Christ sort vainqueur.

L’honorable seigneur despote Stefan, le très débonnaire, doux et aimable Seigneur Despote ! Ô, pire encore à celui qui le vit à cet endroit, mort !

Moi, Đurđe Zubrović, pécheur, serviteur de Dieu, j’ai posé cette stèle.

Seigneur aie pitié du pope Vlkša.

Markovac Despot Stefan natpis na istocnoj strani v

*

INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VUKAŠIN DOBRAŠINOVIĆ
Konjsko, près de Trebinje, après 1433.

Ci-gît Vukašin Dobrašinović. Au jour de ma mort chacun des miens m'a plaint.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE BOGDAN OZRENOVIĆ
Rogatica, après 1486.

Au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, ci-gît le noble Bogdan, fils du noble Domša Ozrenović. Jusqu’au jour de ma mort je n’ai eu de conflit avec aucun homme, bon au mauvais, et qui me connaissait, celui-là cherchait ma compagnie. J’aurai voulu être un preux de valeur, mais la mort m’a fauché. Je quitte violemment un père très endeuillé et ma compagnie. J’ai été en de bonnes grâces.

Je suis parti vers tous les miens.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU VOÏVODE VUKOSAV VLAĐEVIĆ

ci-gît le voïvode Vukosav Vlađević. J’ai vécu avec ma compagnie et trouvé la mort auprès de mon seigneur sur les Marches agitées. Ma compagnie m’a ramené sur mon noble héritage.

Maudit soit qui me toucherait.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VUKAN RADONIĆ
Davidović, près de Bileća, XVe siècle.

ci-gît Vukan Radonić. Je repose depuis longtemps déjà
et dois reposer longtemps encore.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU VOÏVODE RADIVOJ OPRAŠIĆ
Oprašići près de Rogatica, seconde moitié du XVe siècle

Ceci est la stèle de l’honnête et illustre voïvode Radivoj Oprašić. Tant que j’ai été, j’ai vécu dans l’honnêteté et la renommée. Je gis en terre étrangère, ma stèle, en revanche, repose sur mon héritage.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VRSAN KOSARIĆ
Forteresse de Blagaj, XVe siècle

Et ceci est inscrit par Vrsan Kosarić, captif qui n’éprouve nulle joie.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VUKOBRAT VLAĐEVIĆ
Gornje selo, Miruše, XV-XVIe siècles

Ci-gît Vukobrat Vlađević, serviteur de Dieu.
Son fils Radonja lui a taillé ce tombeau.

Ô tristesse, qui le fera pour moi ?

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DES ENFANTS DU PRINCE OBRAD
Podgradinje, XV-XVIe siècles

Ci-gît Vuk, fils du prince Obrad, avec sa sœur Jela,
et sa mère Ana a déposé ces pierres.

Doublement maudit qui y toucherait.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE RADOJE MRKIŠIĆ
Djedići, près de Trebinje, XVIe siècle

Ceci est la croix de Radoje Mrkšić. Alors que j'étais en train de prier Dieu et ne pensant à aucun mal – un coup de foudre m'a tué !

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INSCRPTION DU COMTE MIROSLAV
Fin du XIIe siècle

Au nom du père et du Fils et de l’Esprit Saint. Moi, comte Miroslav, j’ai fait bâtir l’église de saint Cosme et de saint Damien sur mes terres, aux jours du Grand duc, le glorieux Nemanja.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VIGAN MILOŠEVIĆ
Pierre tombale encastrée dans le mur de l'église catholique du château de Kočerina, XVe siècle

Au nom du Père et de Fils et de l’Esprit Saint, amen. Ci-gît Vigan Milošević, qui servit le ban Stjepan, le roi Tvrtko, le roi Dabiša, la reine Gruba et le roi Ostoja. En ce temps-là, le roi Ostoja se brouilla avec le duc et la Bosnie entière et déclara la guerre aux Hongrois. C’est alors que ma vie, à moi, Vigan, s’est achevée, et je fus inhumé sur mes terres, sous Kočerina.

Et je vous prie de ne pas marcher sur moi.
J’ai été ce que vous êtes, vous serez ce que je suis.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE VARD

Ceci est la pierre tombale de Vard.

A qui a-t-elle été, à qui est-elle à présent, à qui sera-t-elle ?

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE STOJSAV MILOŠEVIĆ
Nécropole orthodoxe de Grac, près de Konjic

Ci-gît Stojsav Milošević sur son noble héritage, connu de bien des gens.

Ceci est l’œuvre de Pribil Bjelopčeljanin et l’inscription est celle de son fils Divin.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE RADOVAC VUKANOVIĆ
Inscription sur la roche du canyon de Hutovo

Inscrit est le nom de Radovac Vukanović : j’ai connu l’impôt auprès du voïvode et, jusqu’au jour où je l’offensai, je n’avais perdu aucun ami.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE LUKA
Svitava, près de Čapljina.

Ceci est le tombeau de Luka, fils de Stjepan. Ma naissance fut la cause d’une grande joie et ma mort d’une grande tristesse.

Ces figures sont l’œuvre de Tomaš Boro.

Puisse le dixième d’entre elles avoir quelque valeur !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE LA DAME KATALINA
Nécropole de Vranjevo selo, près de Neum. XIVe siècle

Ci-gît la dame Katalina avec son seigneur le duc Nikola qui a été au service de Kotromanjić, son beau-père, ainsi que du glorieux ban Stjepan.

Cette stèle a été érigée par Vladislav et Bogiša, son frère.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE STANA ĐURENOVIĆ

Ci-gît la gente dame Stana, femme de Đuren.

Zelija a taillé la pierre et Rato en a gravé l'inscription.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE OBRAD
Stolac

Ci-gît Obrad de Radič. Son demi-frère Dragiša a fait tailler cette stèle.

Ceci fut écrit par Semorad et l’inscription gravée par Milić, tailleur de pierre.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE POLIHRANIJA
Veličani, Popovo Polje, XIVe siècle

Au nom du père et du Fils et de l'Esprit Saint, ci-gît la servante de Dieu Polihranija, du nom profane de Radača, femme du comte Nenac Čihorić, belle-sœur du comte Vlatko et du serviteur Dabiživ et de l'intendant Stipko et fille du comte Milten Draživojević, sœur du trésorier Sanko.

Son fils Dabiživ seul avec ses hommes a fait élever cette stèle sous le règne du seigneur et roi Tvrtko.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE POKRAJAC OLIVEROVIĆ
Ljubomir, près de Trebinje, début du XVe siècle

Le comte Pokrajac Oliverović fut mis en terre ici du temps du seigneur et duc Sandalj. Frères et seigneurs, moi, Pokrajac, serviteur de mon seigneur, j’étais libre et j'ai vécu selon mon bon vouloir. Dieu fit prospérer ma maison et j’accueillais honnêtement mon seigneur et ami mais vint alors la mort au milieu de l’abondance et, avant que de mourir, j’ai été témoin de l’affliction de ma maison.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE DABIŽIV
Olovo

Ci-gît Dabiživ, dans sa noble terre, mais avec lui tout n'est pas mort !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE GOMBALIČ
Pierre incrustée dans le vieux pont de Goražde

Ci-gît Gombalič, serviteur de Dieu.

Triste voyageur qui regrette le monde d'ici-bas !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE KURJAK VUČIĆ
Kom, près de Konjic

Kurjak Vučić. Qu’on me tua à Bijelo Polje, cela Dieu, Bosnie et Dubrovnik le savent...

Oh, tristesse ! Combien dois-je reposer !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE RADONJA RATKOVIĆ

Ci-gît Radonja Ratković. Je suis mort en luttant pour mon seigneur, le duc Sandalj, sous la ville de Ključ.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE DIVAC
Nécropole de Mršić, près de Vlasenica

Ci-gît, par la grâce de Dieu, l’orfèvre Divac avec sa femme.  De mon vivant, tous ceux que je servis, je le fis avec droiture et fidélité.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE GRADIŠA
Après 1193.

Au temps du grand prince Kulin, fut à la cour le grand juge Gradiša et il y fit construire le temple de Saint Georges, où il repose,
et sa femme Varvara y fut déposée.

Et ceci a été bâti par Draže Ohmućanin. Dieu ai pitié de nous.

Inscrit par le pope Prokopije.

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INSCRIPTION DE L’ARCHITECTE FRA VITO DE KOTOR
Sur l’église du monastère de Dečani, 1335.

Fra Vito, petit frère architecte, de Kotor, ville royale, j’ai bâti cette église du saint Pantocratore pour le seigneur roi Stefan Uroš troisième et son fils, l’illustre et grand et très glorieux seigneur roi Stefan. Elle fut bâtie en huit années. Et l’église fut entièrement achevée en l’an 6843.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE RADIVOJ DRAŠČI
(XVe-XVIe siècles)

Ci-gît Radivoj Draščić. Je fus un preux de valeur et c’est pourquoi je vous prie
de ne rien toucher !

Vous allez être comme moi,
Je ne puis être comme vous.

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE PRIBISAV MILOŠEVIĆ
Piperi, près de Majevica, XVe siècle

Ci-gît Pribisav Milošević sur sa noble terre, à Visori. Ayant dit le tropaire, trois frères et cinq fils ont édifié cette stèle : Pribil, Radiš, Radiša, Radmil, Talac, Bran.

Ci-gît Pribisav Milošević, homme noble, tué par Cijep Hrnković alors qu’il rendait visite à sa parenté.

Celui-ci l’a payé !

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INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE OZRISLAV KOPIJEVIĆ
(Début du XVe siècle)

Je n’ai pas cherché la mort.
Haï en raison du Royaume de Bosnie
et de la seigneurie serbe,
c’est pour avoir été au service de mon seigneur
qu’on m’a percé
et fendu
et vif écorché.

Je n’y ai pas trouvé la mort.
Je suis mort
le jour de la naissance du Christ.

Le seigneur voïvode
m’a enterré
et a posé cette stèle
avec son inscription.

Écrit par le scribe Radoje.

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> Anthologie de la poésie serbe médiévale


Date de publication : juin 2021


Date de publication : juillet 2014

 

> DOSSIER SPÉCIAL : la Grande Guerre
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Le poème titré "Salut à la Serbie", écrit en janvier 1916, fut lu par son auteur Jean Richepin (1849-1926) lors de la manifestation pro-serbe des alliés, organisée le 27 janvier 1916 (jour de la Fête nationale serbe de Saint-Sava), dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. A cette manifestation assistèrent, â côté de 3000 personnes, Raymond Poincaré et des ambassadeurs et/ou représentants des pays alliés.

Grace à l’amabilité de Mme Sigolène Franchet d’Espèrey-Vujić, propriétaire de l’original manuscrit de ce poème faisant partie de sa collection personnelle, Serbica est en mesure de présenter à ses lecteurs également la photographie de la première page du manuscrit du "Salut à la Serbie".

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