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Dragana Mokan Poétesse, nouvelliste et romancière, Dragana Mokan (1981) a publié plusieurs ouvrages dont le recueil de poèmes Kako mi je prošlo vreme [Comme mon temps s'est écoulé, 2003], le recueil de nouvelles Pustite im laganu muziku [Passez-leur de la musique légère, 2019] et un roman 33 sna [33 songes, 2021]. Ce qui frappe et plaît dans les nouvelles qui composent Passez-leur de la musique douce, c’est – entre autres – le style direct, concis, sans fioritures : des phrases courtes, sans proposition subordonnée, voire ultracourtes, des phrases parfois dépourvues de verbe qui, mieux que toute autre, traduisent le ressenti du narrateur à un instant donné, des phrases elliptiques telle celle citée en titre, qui, pour étrange qu’elle puise paraître à première lecture, reflète en cinq mots une image vue en longeant un court de tennis. Passez-leur de la musique douce L’autre qualité du recueil est la faculté de Draga Mokan à laisser son lecteur bien souvent « assis entre deux chaises » et s’interrogeant avec perplexité sur l’endroit, sur la dimension où il se voit/ s’est vu emmener : dans la réalité ou aux confins du fantastique où, par exemple, une conversation s’engage avec… une autruche ? Dans le rendu d’une extrême solitude qui flirte avec la schizophrénie ? Dans la relation d’expériences qui se réduisent à des souvenirs imprécis, flous, et qui, à tort ou à raison, sont perçues telles les séquelles d’un… trip ? « Le livre refermé, dit Srđan Srdić dans sa postface au recueil, [le lecteur] à qui l’ouvrage aura plu se trouvera dans une grande incertitude quant à ce qu’étaient ses attentes. Le nombre de possibilités et de perspectives est si élevé, l’auteure s’est autorisée une telle liberté que toute supputation, toute prédiction du pas suivant qu’elle fera sur le plan poétique, formel, linguistique s’avère une tâche vaine. C’est aussi l’une des nombreuses beautés de ce livre. » |