LE LIVRE DU MOIS : octobre 2011 |
> Dossier spécial : Ivo Andrić
> O. Barrot :
Belfond, 1994
Librairie Plon, 1956
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LE PONT SUR LA DRINA
DANS LE MIROIR FRANCAIS
Dossier de presse - extraits choisis
Remarque : Na Drini ćuprija, maître-livre d’Ivo Andrić, publié en 1945, a fait l’objet de deux traductions en français parues sous des titres légèrement différents : Il est un pont sur la Drina, traduction de Georges Luciani (Paris, Librairie Plon, 1956) ; et Le Pont sur la Drina, traduction de Pascale Delpech (Paris, Belfond, 1994). Par ailleurs, ce roman a été réédité plusieurs fois en France (voir : œuvres traduites d’Ivo Andrić).
* « Plus que la couleur des descriptions et la richesse psychologique, c’est cette sobriété, marque sûre du vrai sens de l’histoire, qui fait d’Il est un Pont sur la Drina un très grand livre ». Robert Escarpit : « Un Tolstoï yougoslave ? Ivo Andritch », Le Monde, 16/17 décembre 1956, p. 7. * « Le récit coule comme les eaux de la Drina : imperturbablement. Par instants, [Andrić] s’adapte à ce qu’il raconte de façon étonnante. Il sait avoir la rigueur un peu froide de l’historien, puis il s’anime comme un écrivain populaire, parfois s’enfle comme un poète, frise l’épopée, et avec tous ces mouvements produit un livre impressionnant ». Marcel Gabriel : « Des sultans à Tito », L’Express, 28 décembre 1956, p. 26. * « Disons-le tout de suite : cet ouvrage ne ressemble à rien de ce que nous avons l’habitude de connaître. En dépit de son sous-titre ‘Chronique de Vichegrad’, il ne s’agit pas d’un livre historique ou semi-historique (...) tant les épisodes de fiction y sont importants. On ne peut pourtant pas le réduire à un roman, tant la richesse et la variété de ces éléments de fiction dépassent le cadre d’une simple intrigue romanesque. Il nous arrive de songer à un recueil de contes, mais jamais (un) recueil de contes (pas même les Mille et une nuits ou les Contes de l’Alhambra de Wahsington Irving) n’a possédé une telle continuité. En fait, nous ne pouvons définir d’une façon satisfaisante cet ouvrage et ce, croyons-nous, parce que l’esprit qui a présidé à son élaboration n’a pas son équivalent en France ». Georges Perec : « Il est un pont sur la Drina, par Ivo Andritch », Les Lettres nouvelles, vol. 45, janvier 1957, p. 139. * « Andritch possède une intelligence analytique, il croit à la primauté de l’art, aux valeurs classiques de mesure et de goût. Il travaille son style, surveille sa langue et met quelque coquetterie à conserver son sang-froid quand il raconte des événements horribles comme le supplice du pal ou de l’étranglement. Il veut rester un spectateur lucide, ironique, et il prône un certain dandysme intellectuel : c’est un moraliste et un conteur. […] Ivo Andritch montre une admirable maîtrise dans la manière dont il ordonne les ombres et les lumières, mélange la cruauté et l’humour, la bonhomie désinvolte du conteur avec la perspicacité du moraliste, l’exactitude de l’historien avec la grâce du poète. Il ne s’abandonne jamais à l’émotion ni au délire : sa réserve, la distance qu’il garde sans cesse avec le sujet qu’il traite donne à cette œuvre beaucoup d’élégance et de pureté. » Marcel Schneider : « Le vrai visage de la Yougoslavie », Les Nouvelles littéraires, n° 1593, 13 mai 1958, p. 5. * « La sensibilité blessée qui s’exprimait dans les poèmes d’Andritch se retrouve dans ses romans ; et pourtant ils sont empreints de résolution virile et d’optimisme. Ils traduisent l’obsession du mal, de la misère et de la cruauté, mais ils laissent en fin de compte au lecteur une impression réconfortante, apaisante. C’est que l’univers d’Andritch n’est pas fermé à l’espoir. » Robert Brechon : « Ivo Andritch : l’enracinement et l’exil », La Critique, tome XIII, n° 180, 1962, p. 401. * « L’art d’Ivo Andrić (…) paraît d’une grande simplicité. Sa phrase fluide d’un classicisme quasi oriental, fait surgir en quelques traits des figures et des situations inoubliables. » François Salvaing : « Mille et une nuits d’un pont », L’humanité dimanche, 31 mars 1994. * « Quelle bonne idée que de rendre enfin accessible au public français, dans une belle traduction nouvelle, un des plus grands romans de notre siècle, Le Pont sur la Drina (…) depuis longtemps épuisé. La tragique actualité yougoslave aura-t-elle au moins le mérite d’inciter à lire l’œuvre d’un des très grands écrivains contemporains, que même les plus grandes consécrations – notamment le prix Nobel de littérature en 1961, le seul à avoir été attribué à un Yougoslave – n’avaient pas suffi à faire sortir d’un petit cercle de connaisseurs ? » Nicole Zand : « Le pont aux onze arches », Le Monde, 8 avril 1994. * « …Andric s’inscrit surtout dans la tradition d’une région – du Danube à la Méditerranée – qui a nourri du XIXe siècle à nos jours des générations d’écrivains, chantres des luttes pour l’indépendance de leur pays (… ) Il s’en singularise cependant dans la mesure où il ne vise pas à authentifier la présence d’une communauté, à justifier ses droits historiques comme seule détentrice légitime de la terre natale – ce qui est le propos de son contemporain Kazantzaki… ou, aujourd’hui, de Kadaré quand il affirme l’antériorité des Illyriens sur tout autre peuple de la région, Grecs compris. Et c’est bien ce qui fait la beauté, la richesse, l’émotion de l’œuvre d’Andrić – plus proche dans son immersion dans des peuples et des religions juxtaposés, d’un Panaït Istrati faisant revivre la mosaïque de Braïla ou d’un Elias Canetti, celle de Rusé, alias Routchouk ». François Maspero : « Ah, Dieu ! Que la Bosnie est jolie... », La Quinzaine littéraire, 16 avril 1994. * « C’est un merveilleux conteur, héritier d’une tradition européenne où percent, comme chez Kadaré, des accents de mélopées orientales. Le récit a valeur de symbole. (…) La vraie littérature, avec son souci des destinées individuelles, sa sensibilité et son arrière-plan métaphysique, permet ici de comprendre un peu mieux le drame bosniaque… et l’âme humaine. » J. Bo : « Le Pont sur la Drina par Ivo Andrić », L’Express, 21 avril 1994. * « [Andrić] a laissé derrière lui un chef-d’œuvre d’une puissance littéraire incroyable et d’une résonance politique singulière : le Pont sur la Drina ». François Wagner : « Un ‘Pont sur la Drina’ : la chronique des deux mondes », La Tribune, 26 mai 1994. * « Andrić sait admirablement peindre les atmosphères les plus étrangères. Sa phrase sinueuse sait toucher au plus vif des sujets ; souvent la pointe – jamais appuyée – vient percer les motifs les plus vils, dégager les mobiles les plus nobles. Une sorte de désenchantement baigne ses chroniques, comme si l’histoire avec ses cruautés et ses injustices pour les plus faibles obligeait à une modestie désabusée. » Francis Wybrands : « Ivo Andrić : Le Pont sur la Drina », Etudes, septembre 1994. |
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