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LETTRE DE FRANCE

par

JOVAN DUČIĆ

Extraits

 


Ducic - portrait 3

Jovan Dučić  / Јован Дучић
(1874-1943) 

Paris, 19..

…Ce qui distingue Paris de toutes les autres villes du monde, c’est qu’on ne s’y sent jamais tout à fait malheureux…Mais Paris est si imposant et brillant que toutes nos misères personnelles se perdent dans le néant. A l’arrière-plan de toutes ces misères, apparaît le Louvre majestueux ; derrière nos vices et défauts, se dresse jusqu’au ciel la cathédrale Notre-Dame ; après chacun de nos malheurs ou actes insensés, nous allons nous promener, souverains, jusqu’à l’Arc de Triomphe…Le simple sentiment de vivre à Paris fait de nous des hommes nés sous une bonne étoile…Car jamais plus rien, aucune force, ne pourra changer le fait que nous avons vu Paris et y avons vécu.

C’est le plus grand carrefour de la vie. Avant de venir à Paris, l’homme est une chose ; après son séjour à Paris, il est différent…(Le peuple français) est le seul peuple capable de tout comprendre, de tout pénétrer et de tout expliquer …

Les Italiens détestent les Français car ils les craignent comme soldats, les Espagnols ne les aiment pas car ils en ont peur comme révolutionnaires, les Roumains en sont amoureux pour leur frivolité et leurs vices, les Serbes les aiment pour leur sens chevaleresque. – Depuis quatre siècles, aucun peuple ne représente son époque aussi bien que les Français. Les Allemands sont étroits, renfermés, épris de leur brutalité comme de leur musique. Si le pays de Bismarck et de (l’empereur) Guillaume reste ce qu’il est aujourd’hui (écrit avant la Première Guerre mondiale, ndt), ce sera le pays le plus puissant et le plus terrible du monde, mais jamais le plus grand. Il répandra terreur et effroi, mais ne sera jamais un centre et un exemple ; ce sera une guillotine qui exécutera tout à la seconde, mais il ne sera jamais la source de grandes idées humanistes et du sentiment d’appartenance à la communauté humaine. Au XVIIIème siècle, à l’époque de la constitution américaine et de la déclaration française des droits de l’homme, la philosophie allema nde était pour moitié théologique ; quand les Sans-culotte parisiens étaient en train d’abattre le féodalisme et de créer une humanité nouvelle, en Allemagne pendant encore un siècle on défilait au pas cadencé du roi-sergent Frédéric II…

Après les Romains, les Français ont été les premiers à évoquer une communauté des hommes ; ils ont les premiers à édicter des lois libérales pour l’ensemble du monde et à faire éclater des révolutions dans leur propre pays, qui ont conduit d’autres pays à se libérer de la tyrannie et des ténèbres…Napoléon n’aurait été qu’un grand conquérant s’il n’avait apporté dans les pays conquis les idées de la révolution française ; dans son propre pays, il serait resté un usurpateur et un tyran s’il n’avait pas été simultanément le principal initiateur de l’organisation de la législation moderne…- Les Français n’ont jamais cessé de représenter le grand héritage latin ; la force et la loi…Depuis longtemps, la France apparaît comme un poteau indicateur à tous les carrefours de l’histoire. Descartes a mis à bas la scholastique, Auguste Comte la métaphysique. Lavoisier a libéré le monde de l’alchimie et a fondé la chimie moderne ; Lamarck a préfiguré les plus grandes lois de lac physique et Pasteur a créé la biologie. Il y a eu aussi quelques monarques français qui ont exercé une hégémonie mondiale ; et les noms de Hugo et de Balzac sont les plus grands dans l’un des siècles les plus grands…

Ce n’est qu’à Paris qu’on a le sentiment de vivre dans le centre culturel de toute l’humanité…La France a donné le jour à d’innombrables grands esprits qui touchent au génie…Le génie français s’est répandu dans l’ensemble de la masse française qui est l’une des plus éduquées ayant jamais vécu sur terre.

Aucun pays autre que la France n’a eu autant de grands rois, chefs militaires et hommes d’Etat. Il y a des peuples qui sont meilleurs peintres et architectes, comme les Italiens ; meilleurs musiciens et philosophes comme les Allemands ; meilleurs navigateurs come les Hollandais et les Portugais ; meilleurs négociants et colonisateurs comme les Anglais. Mais les Français sont les plus grands innovateurs et réformateurs, et les plus grands organisateurs des choses de l’esprit…

Il n’existe pas de plus beau patriotisme que le patriotisme français…Le patriotisme français n’est pas l’expression d’un égoïsme racial et de la xénophobie, comme chez certains autres peuples, mais la manifestation d’un orgueil historique et d’une conception de la tradition. Ce qui rend le Français outrecuidant dans son orgueil national, c’est le fait que, depuis que la France existe, son peuple n’a jamais été asservi à un tiers…Depuis Charlemagne, elle est restée libre sous le soleil…Les dix siècles de son histoire correspondent à dix siècles de liberté ininterrompue et de développement continu. Les Espagnols ont été soumis aux Arabes, les Russes aux Mongols, les Serbes et les Grecs aux Turcs, les Italiens à toutes sortes de gens ; mais la France, même vaincue, n’a pas été soumise et n’a pas perdu son existence étatique. Depuis que le trône de France existe, il est resté entre les mains de souverains français. C’est pourquoi l’homme le plus libre au monde est français ; c’est aussi pourquoi le Français est celui qui dispose de la plus grande autonomie spirituelle sur le continent européen.

Les Français sont les premiers à avoir réalisé l’unité nationale, dès l’époque de Louis XI…Ils se sont toujours développés sur la base de leurs propres traditions…Aujourd’hui, tous les pays du continent européen s’européanisent, c’est-à-dire se dénationalisent, ne faisant ainsi que se franciser ; la culture de certains peuples européens est évaluée à l’aune de leur proximité avec la France. A Madrid, l’architecture est allemande, les toilettes parisiennes, la cuisine levantine, les hôtels anglais…L’ancienne superbe espagnole a disparu ; même don Juan a   rrive aujourd’hui d’Argentine, alors que don Quichotte est parti chevaucher en Italie. Cependant, l’esprit français est resté toujours conservateur, ne se développant qu’à partir de ses propres forces. En France, Boccace, Calderon, les romantiques allemands, Shakespeare et Byron ont eu des émules, mais le génie français, comme le génie des anciens Grecs, a donné à ces modèles étrangers le sceau de sa force incroyable. Aussi le Français est-il la personnification de l’homme attaché à son propre sol…

Aujourd’hui (texte écrit au début du XXème siècle, ndt), la France apparaît au reste du monde comme un banquier et un apôtre. Comme banquier, elle a contribué à l’édification de chemins de fer en Afrique, en Russie et dans les Balkans ; comme apôtre, elle a construit des institutions modernes dans la moitié de l’humanité libre.- Cependant le Français, grand conquérant, ne sait pas voyager et répugne à s’installer dans un pays étranger. Pour lui, tout autre pays que le sien paraît farfelu et ses habitants risibles. Le Français s’échinera à gagner de l’argent au Levant ou en Russie, toujours avec l’objectif de revenir en France afin d’y acheter une maison avec un jardin potager avec des salades et des carottes, et aussi de recevoir une décoration de son pays, avant de mourir auprès de son épouse française…

Les Français sont enfermés en eux-mêmes et leurs traditions. Ce sont des bourgeois accomplis : ils sont capables de changer cent fois de régime politique, plutôt que de modifier une seule de leurs habitudes…Ils représentent certainement le moins cosmopolite de tous les types humains. Quand ils parlent ou écrivent à propos d’autres peuples, ils sont incapables de les analyser autrement qu’à partir d’eux-mêmes. Dans ses tragédies, Racine décrivait des héros de l’Antiquité comme des Français élégants de la cour de Versailles, amoureux transis et adeptes du beau langage parisien. Quant à l’Espagne popularisée dans le monde par Victor Hugo, Théophile Gautier, Mérimée et d’autres, c’est une Espagne qui n’a jamais existé ; il s’agit d’une Espagne provenant du Louvre, de l’époque des  mousquetaires  et de la galanterie, que les soldats ténébreux de Charles Quint et de Philippe II n’ont jamais vue ni connue dans l’environnement âpre et mystique où ils vivaient…

Le Français est le plus grand amoureux des temps modernes…On pourrait dire qu’il a créé une idée de l’amour comme il n’y en avait jamais eu, car il a libéré l’amour de tout précepte, lui restituant notamment un caractère païen…C’est la femme française qui a transformé le rude guerrier de l’époque de Charles VIII et François Ier en homme social ; elle lui a appris comment il fallait s’asseoir, se nourrir et parler en société, à ne pas cracher ni jurer. Les premiers salons du XVIème siècle ont été l’œuvre des femmes, avant même toute influence royale…Mais au début du XVIIème siècle où il n’y a plus ni assemblées particulières ni coteries, commence l’époque de la société et des salons. Les « précieuses » de l’hôtel de Rambouillet introduisent dans la société quelque chose que le monde chrétien n’avait pas connu jusque là : la grâce, un style, un ton, une mentalité sociale qui sont ensuite passés à Versailles. Mais après l’époque de Versailles, et surtout après la Régence, les salons féminins se transforment en sociétés savantes et en clubs politiques…Il ne s’agit plus de salons où des femmes aimables s’émerveillent devant de grands écrivains, mais d’académies où des femmes françaises discutent avec Montesquieu au sujet de l’Etat ou avec d’Alembert de questions philosophiques…

En France, un homme qui n’a pas d’esprit est comparable à ce qu’était dans la Grèce antique un homme sans argent…La conversation, voilà une grande splendeur du génie français. L’esprit français, c’est une caractéristique nationale qu’on n’a jamais vue nulle part auparavant, qui constitue peut-être le trait le plus intéressant de leur psychologie. Nulle part on n’a observé une telle magnificence dans la façon de s’exprimer. Une telle virtuosité spirituelle était inconnue à l’époque d’Aristophane ou à celle de Juvénal. Le causeur (en français dans le texte) est pour la société française ce qu’un théologien éminent est pour la société anglaise…     

Cette agilité de l’esprit sans laquelle un Français est incapable de réfléchir, parler, écrire et même marcher, peut apparaître aux étrangers, comme superficielle et futile, synonyme de flottement et de coquetterie. En fait, l’humour est un talent dévolu aux esprits futiles ; un être profond n’est pas spirituel. L’homme d’esprit lance des étincelles, mais il ne déchaîne pas de flammes. Répondre vite, rendre coup pour coup, n’est pas la vertu d’êtres profonds. Chez les hommes d’esprit, au contraire, tout est dans la rapidité et non dans la profondeur, dans la saillie et non dans la vérité…Même comme écrivain, le Français se comporte avec son lecteur comme au salon avec son auditoire ; il ne leur permet pas de prendre la parole ni de se reposer de ses éclairs verbaux…

Les Anglais ignorent ce qu’est la conversation, la brillante causerie, l’esprit brillant d’un Français en société. Ni la cour d’Angleterre, ni leur société, ni leur littérature, n’ont exprimé cela. Les Anglais cultivent même une conception du bon ton et de la bonne éducation tout à fait contraires à celles ayant cours de l’autre côté de La Manche. En Angleterre, il ne faut pas parler beaucoup, ni parler de soi, de ses goûts, de ses habitudes, car ce serait manquer de discrétion, et être mal élevé. Il ne faut pas non plus parler d’autrui, car ce n’est pas bien élevé. Il ne faut pas, non plus, parler des idées, car cela semble prétentieux et grandiloquent. Il ne faut pas non plus trop briller, car cela suscite la jalousie et porte atteinte à la bonne humeur en société…Les Français, au contraire, s’ils sont trois dans un salon, se livrent à une véritable joute intellectuelle. En voyage, l’Anglais est un bon compagnon de cabine, mais seul le Français est un bon convive pour la conversation à table…

Les Français ont des défauts, mais la France n’en a pas. Je partage les gens en deux catégories : ceux qui aiment la France et ceux qui ne l’aiment pas…

Des milliers de rues étroites et de larges boulevards traversent cette ville immense (Paris). Mais le plus grand et le plus joyeux des boulevards est la Seine, avec la couleur verte de son eau, les feux que le soleil allume sur sa surface et les brumes roses qui se lèvent le soir de son lit de pierre…Sur les grands boulevards parisiens, en partant de l’église de la Madeleine, errent des gens qui vendent leurs marchandises ou leur bagout et des badauds se pressent pour les acheter ; mais ce n’est que sur les berges de la Seine que déambulent ceux qui observent, réfléchissent, étudient et passent leur vie à Paris, dans sa quintessence irrésistible et sa beauté incomparable…

Quatre grands hommes ont construit Paris : Jules César après sa victoire sur les Gaulois ; Clovis qui a transformé en première capitale la petite fortification romaine de la montagne sainte-Geneviève, où existaient encore des pâturages et des prairies ; Louis XI qui a fait de Paris un centre scientifique et religieux ; et enfin Louis XIV qui en a fait une ville de lumière et d’amour. Dès le XIIème siècle, on y construit l’église Notre-Dame et non loin d’elle, au XIIIème siècle, commence à fonctionner l’Université parisienne où viennent s’instruire des étudiants anglais, italiens et allemands. Comme jadis à Athènes, des hommes instruits donnent des cours aux carrefours des rues. Toute la vie de cette grande ville et de cette grande nation s’est concentrée pendant des siècles autour de l’église Notre-Dame et près de la Seine, où se trouvait le centre de la culture et de la piété du grand XIIIème siècle. Notre-Dame a été fréquentée par Dante et Pétrarque, qui s’instruisaient auprès des théologiens et philosophes français – dont l’enseignement n’avait pas de rival, tout comme aujourd’hui cette ville est le plus grand centre de bienséance et de sagesse…

Paris n’est pas une ville, mais un être vivant ; et même plus : une conception et une idée. En effet, l’ancienne Athènes, l’ancienne Rome et le Paris contemporain sont les seules trois villes qui signifient quelque chose de plus qu’une ville au sens strict : ce sont trois continents qui ont vécu par eux-mêmes, avec leur propre célébrité et leur propre destinée…On parle de Paris indépendamment de la France, de l’Europe, du monde, de même qu’on évoque Athènes indépendamment du reste de la Grèce et Rome indépendamment du reste de l’empire…On se sent parisien même quand on n’est pas français, de même qu’un Français peut être très différent d’un Parisien…

La Seine est plus vaste que Paris. Quand elle coule près de Notre-Dame, la Seine est couleur de plomb ; aujourd’hui encore, elle ressemble à un vieux fleuve gaulois et romain. Près du Louvre, elle est verte et impassible, comme un fleuve médiéval et catholique. Plus loin, à côté de l’église des Invalides, elle est de plus en plus livide, sous le ciel qui à cet endroit n’est plus prisonnier des grandes rues voisines. Si, ailleurs, la Seine est de couleur cendre, ici elle est revêtue d’étendards flamboyants qui flottent, éblouissant le regard…Un fleuve est comme une âme : elle porte toujours la beauté de tout ce qui s’y est reflété…Dans l’ancienne Athènes, c’est au bord du petit Ilissus que Socrate enseignait son éthique à ses disciples, comme Aristote l’a fait plus tard pour sa logique. Aujourd’hui au fond du Tibre, gisent beaucoup de sculptures romaines et d’objets en or, qui y furent jetés par les barbares, après avoir appartenu jadis aux maîtres romains de l’univers. Mais il n’est pas de cours d’eau sur la terre où on a prononcé autant de belles expressions spirituelles et accompli autant d’équipées sentimentales que sur ces quais parisiens, comme il n’est pas d’autre fleuve à avoir reflété autant de destinées humaines que la Seine. Rome a régné sur le monde, mais Paris l’a recréé.  

(Lettre de France a été publiée dans le Cinquième tome des Œuvres complètes de Jovan Dučić, édité en 1930 à Belgrade sous le titre général de Villes et chimères.)

 

ПИСМО ИЗ ФРАНЦУСКЕ

Одломци 

Париз 19..

...Што разликује Париз од свих других градова на свету, то је што у њему никад нисмо потпуно несрећни...Али је Париз толико огроман и сјајан да се пред њим све личне беде губе као ништарије. У позадини свију тих наших беда стоји величанствени Лувр ; и за свих наших безбожја и порока стоји у позадини и до неба Богородичина Црква ; после сваке своје невоље или лудости, прођемо, цезарски, кроз Триумфалну Капију...Само тај осећај да живимо у Паризу, чини нас човеком срећне звезде...Јер ништа више, и никаква сила, не може изменити факат да смо Париз видели и у њему живели.

Ово је највећа раскрсница живота. Човек је до Париза једно, а од  Париза је друго...(Француски народ) је једини народ који уме све да схвати, у све продре, и све објасни...

Италијани мрзе Французе јер их се боје као војника, Шпањолци их мрзе јер их се плаше као револуционара, Румуни су заљубљени у њих због њихове фриволности и порока, Срби су заљубљени у њих збох њиховог витештва. – Ни један народ не представља, ево већ четири века, своје столеће тако интегрално као Французи. Немци су уски, затворени у себе, заљубљени у своју грубост као у своју музику. Ако Бисмаркова и Виљемова земља остане онаква каква је данас, то ће бити најсилнија и најстрашнија земља на свету, али никада највиша. Биће ужас и трепет, али никада центар и пример ; биће гиљотина која ће израђивати све на секунду, али никад извор великих хуманих идеја и осећања људске заједнице. У XVIII-ом веку, веку америчког устава и француске шарте о правима човека, немачка је филозофија била у половини теолошка ; и кад париски санкилоти обарају феодализам и стварају ново човечанство, по Немачкој још за један век корача у парадним маршевима касарнски народ Фридриха II...

Французи су после Римљана, били први који су говорили о човечанској заједници ; они су први правили законе либерализма за цео свет, и дизали револуције у својој кући од којих су се и све друге земље ослобађале тираније и мрака...Наполеон би постао само један велики освајач да није у освојене земље истовремено доносио и идеје француске револуције ; а у својој земљи он би остао само узурпатор и тиранин, да није истовремено био главни иницијатор за организацију модерног законодавства...Французи нису никад престали да представљају велико латинство : силу и закон…Ова се земља већ од дуго времена налази на свима раскршћима историје као путоказ. Декарт обара сколастику, а Огист Конт метафизику, Лавоазје је ослободио свет од алхимије и створио модену хемију ; Ламарк је претходио највећим законима физике, а Пастир створио биологију. Било је и неколико француских владара који су имали политичку хегемонију над целим светом ; а имена Ига и Балзака била су највећа у једном од највећих векова.

Само у Паризу имамо осећање да живимо у културном центру свега човечанства...Француска је родила безброј великана који скоро домашају геније...Француски геније раширен је на целу француску масу која је једна од најумнијих што су икада живеле на земљи.

Нико колико Француска није имао толико велике краљеве, војсковође и државнике. Има народа који су од њих били бољи сликари и архитекти, као Талијани ; и бољи музичари и филозофи, као Немци ; и већи морепловци, као Холанђани и Португалци  ; и већи трговци и колонисте, као Енглези. Али су зато Французи ипак највећи иницијатори и реформатори, и највећи организатори духа...

Нема ни једног патриотизма који је лепши од француског...Патриотизам француски није израз расног егоизма и ксенофобије, као код неких других народа, него историјски понос и смисао о традицији. Оно што чини Француза обесним у његовој националној охолости, то је што никад, од кад је постао, није био ничији роб...Од Шарла Великога она (Француска) је слободна на сунцу...Десет векова њеног постојања, то је десет векова непрестане слободе и сталног развитка. Шпањолци су били робови Арапа, Руси робови Монгола, Срби и Грци робови Турака, Талијанци робови свачији ; али Француска, и кад је била побеђивана, није била покоравана, ни губила своју државну егзистенцију. И од кад постоји франсуски престо, он је својина само француских владара. Зато најслободнији човек на свету, то је Француз ; а зато је он и најсамосталнији духовно од свих људи на континенту.

Французи су први који су остварили национално уједињење још за време Луја XI…Француска се увек развијала само из својих сопствених традиција...Данас се све земље на континенту европејизирају, значи денационализирају, у ствари само францизирају ; и култура неколиких народа у Европи цени се према томе колико се та култура приближила Француској. У Мадриду је архитектура немачка, тоалете париске, кухиња ливантинска, хотели енглески...Нестала је стара сопербија шпанска ; чак дон Хуан сад онамо долази из Аргентине, а дон Кихот је одјашио у Италију. Међутим француски дух је био и остао стално консервативан, и развијао се само из своје сопствене моћи. У Француској су имали својих следбеника и Бокачио, и Калдерон, и немачки романтичари, и Шекспир, и Бајрон ; али је геније француски, као и геније старогрчки, туђим узорима давао печат своје невероватне снаге. Зато је Француска оличење човека везана за своје тло...

Данас (текст писан у почетку XX века) је Француска за остало људство банкар и апостол. Као банкар, Француска је направила железнице афричке, руске и балканске ; а као апостол, изградила је модерне уставе половини слободног човечанства. – Међутим Француз, тај велики освајач, ни он не уме да путује, ни да се настани у туђој земљи. За сваку другу земљу мисли да је чудна и њен народ да је смешан. Зарадиће крваво новац на Леванту или у Русији, увек с намером да се врати у Француску, да купи тамо кућу с вртом пуним салате и шаргарепе, и добије француски орден, и умре поред француске жене...    

Французи су затворени у себе и своје традиције. То су ипак најсавршеније буржое : они ће сто пута променити режим у својиј земљи, пре него ли једну своју личну навику...Свакако, то је најмање тип космополите од свих других људи на свету. Кад говоре и пишу о другим народима, они су неспособни да их осете друкче него кроз себе. Расин је у својим трагедијама сликао и античке хероје као галантне Французе из Версаља, лудо заљубљене и париски красноречиве. Оно што су о Шпанији раширили у свету Иго, Готије, Мериме и други, то је Шпанија њиховог Лувра, њихових мускетера и галантерије, нешто што мрачни војници Карлоса V и Филипа II, нису ни видели ни познавали у својој опорој и мистичној средини...

Француз је највећи љубавник модерног века...И за Француза би се могло рећи да је створио једну идеју о љубави каква пре није постојала, јер је ослободио љубав од прецептизма, и вратио јој, између осталог, њен пагански карактер...Француска жена је грубог ратника из доба Шарла  VIII и Франсоа I направила човеком из друштва, научила га како ће седети, јести и говорити ; и да не пљује и да не псује. То је било већ од првих салона XVI-ог века који су били дело француске жене и пре него француског краља...Али у почетку XVII –ог века, нема више посебних састанака ни котерија него ту настаје доба друштва и салона. Прециозе из хотела де Рамбује уносе у друштво оно што бар свет хришћански још није дотле видео : грацију, стил, тон, друштвени менталитет, који су затим прешли у Версај. Али после Версаја, нарочито после Регентства, женски салон постаје учено друштво и политички клуб...То нису више салони где се љупке жене диве великим писцима, него академије где француске госпође дискусују са Монтескијем о држави и са Деламбером о филозофији...

У Француској човек који нема духа, то је што у Грчкој човек, који нема пара...Конверзација, то је једна велика лепота француског генија. Духовитост француска, то је једна њихова црта расна која се никад и нигде пре није видела, нешто што можда чини најинтересантнији случај њихове психе. Нигде се још није видела таква раскош у начину израза. Такву духовитост није знало ни друштво Аристофаново ни друштво Јувеналово. Француски causeur то је за француско друштво оно што је за енглеско друштво славан теолог... 

Ту духовитост без које Француз не уме ни да мисли, ни да говори, ни да пише, ни да корача, чини да он изгледа странцима површан и неозбиљан, лепршав и каћипер. И одиста, духовитост је таленат лакомислених ; дубок човек није духовит. Човек духовит баца искре, али не распаљује огњеве. Брз одговор, удар на удар, није вештина дубоких људи. Код духовитих је, напротив, све у брзини а не у дубини, у досетци а не у истини...Чак и као писац, Француза поступа са својим читаоцем као у салону са својим слушаоцем : не даје да дође до речи ни да се одмори од његовог блеска...

Енглези не знају шта је то конверсација, бриљантна козерија, сјајна духовитост фрнцуског друштвеног човека. Ни њихов двор, ни друштво, ни књижевност нису то израђивали. Чак они сматрају да је добар тон и фино васпитање сасвим обратно него што то мисле с ону страну Ламанша. (У Енглеској) не треба много говорити, ни говорити о себи ; о својој личности, својим укусима, својим навикама, јер то није дискретно а није ни учтиво. Не треба говорити ни о другом човеку, јер то није лепо ни отмено. Не треба говорити ни о идејама, јер то изгледа претенциозно и високопарно. Не треба ни много блистати, јер то изатива завист и квари веселост у друштву...Французи, напротив, ако их је тројица у салону, прелазе у право мачевање духа. Енглез је на путовању добар сусед у кабини за спавање, али је једини Француз добар за столом за разговор...

Французи имају погрешака, али Француска их нема. Ја делим људе на две врсте : на оне који воле Француску и оне који је не воле...

Хиљаде тесних улица и широких булевара пресецају овај огромни град (Париз). Али најлепши и највеселији булевар то је Сена, са зеленилом њене воде, са ватрама које сунце упаљује по њеној површини, и са руменим маглама које се вечером дижу из њених камених корита...По великим булеварима париским, почевши од цркве Свете Магдалене, тумара свет који продаје своју робу или своју сујету, и жури свет који то купује ; али само поред Сене иду они који посматрају, размишљају, уче, и проживљују Париз у његовој неодољивој суштини и несравњивој лепоти...

Четири велика човека изграђивала су Париз : Цезар својом победом над Галима ; Кловис који је од мале римске тврђаве на брегу Свете Геновеве, куда су још били пашњаци и ливаде, направио прву престоницу ; Луј XI који је од Париза направио град науке и вере ; и, најзад, Луј XIV који је од Париза направио град блеска и љубави. Већ у XII-ом веку, се овде на Сени подиже ова Богородичина Црква, а недалеко од ње, већ у XIII-ом веку, постаје Париски Универзитет где долази да учи свет енглески, талијански и немачки. Као некад у Атини, мудраци говоре науку на раскршћима улица. Цео живот овог великог града и ове велике нације, обртао се вековима само око ове Богородичине Цркве и покрај Сене, где је било средиште учености и побожности великог XIII-ог века. У ту цркву су улазили још и Данте и Петрарка, као ученици париских теолога и филозофа, којима нико није био раван, као што је овде и данас највеће средиште уљудности и мудрости...

Париз није град него живо биће ; и још више : један појам и једна идеја. Јер стара Атина и стари Рим и данашњи Париз, то су једина три града која значе нешто од свачег одвојено ; то су три континента који су живели сами од себе и били сопствена слава и сопствена судбина...Увек се каже Париз и независно од Француске, и од Европе, и од целе земље. Тако се само изговарала реч Атина независно од остале Грчке, и Рим независно од осталог цезарског света...Човек се осећа да је из Париза и кад није из Француске ; као што човек може бити из Француске потпуно различан човеку из Париза...

Али је и Сена већа од Париза. Протичући испод Богородичине Цркве, Сена је оловна, и још и данас изгледа стара река галска и римска ; а поред Лувра је зелена и мртва, средњевековна и католичка река. Али даље, испод Цркве Инвалида, она све већма постаје модра и усијана од неба које туде више није заробљено међу велике улице. На другим местима изгледа да Сена носи сами пепео, а овде доле она носи огњене заставе, које лепршају и засењују очи...Река је као и душа : она увек има лепоту свега што се у њој огледало...У старој Атини поред воде малог Илисоса је говорио Сократ ученицима своју етику и доцније Аристотел своју логику ; а у дну Тибра и данас лежи велики део римске скулптуре и злато, које су онамо побацали варвари, а који су некад припадали римским господарима света. Али није било реке на земљи куда су изговорене онолике лепоте ума и учињене толике обести срца као на овим париским кејовима ; нити је и једна друга река ухватила у своја огледала онолико људске судбине колико Сена. Рим је светом владао, а Париз је свет изнова стварао.

(Писмо из Француске је објављено у Петој књизи Сабраних дела Јована Дучића, која је издата 1930. године у Београду под називом Градови и химере.)


In : Jovan Dučić, Poemes / Песмеtraduit du serbe par Petar D. Bubreško, Sebastian Press - Los Angeles, Vidoslov - Trebinje, Metokhia - Paris, 2013, p. .

 

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