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Nebojša Ćosić Aši appartient aux auteurs des années 1980 qui, forts du rayonnement des maîtres que furent Milorad Pavić, Borislav Pekić ou Danilo Kiš, instaurent le mouvement postmoderne dont la particularité sera de mêler avec finesse fantastique, satire sociale et questionnement métaphysique. Son univers décalé repose, d’ailleurs, sur une satire swiftienne d’un monde contemporain encore habité, tant bien que mal, par l’antiquité, les dieux de l'Olympe. Ces derniers se mêlent à la vie de chaque jour, ô combien prosaïque, des humains. Nebojša Ćosić banalise ainsi le quotidien des dieux, des héros et des philosophes de sorte à ce qu’ils participent de plein pied aux modes de communications et aux échanges sociaux modernes. Le paradoxe temporel, l'onirique, l'uchronie ou la science-fiction sont les socles sur lesquels l'auteur s’appuie essentiellement, sous une forme à la fois ironique et mélancolique, de l'aliénation. Nouvelliste fécond, Nebojša Ćosić a publié entre autres : Histoires à propos de la mort (Priče o smrti, 1987), Le ciel étranger (Tuđe nebo, 1991) ; Enfants de la mégapole (Deca velegrada, 2005), Voyages fantastiques (Fantastična putovanja, 2017). Il est aussi l’auteur de plusieurs romans, Lula, 1999, La colonie lunaire (Mesečevo naselje, 2002), Boomerang, 2006, Le désespoir du philosophe (Očaj filozofa, 2020). Caractérisent tous ces ouvrages la multiplicité des points de vue et l’identité incertaine des narrateurs. La manière de l’auteur est délibérément décousue, discontinue, erratique. Si la trame narrative est éparpillée, si les connotations parodiques, citations et pastiches abondent, si les énumérations ou mises en forme explicites du récit sont interminables, c'est que le fragment, en tant que forme, a la préférence de l'auteur. Dans ses métafictions l'allusion plutôt que l'action est le véhicule de l'histoire, les figures de style telles l'énumération, la répétition, la multiplication servant à créer une vision parodique du monde où les protagonistes demeurent prisonniers de certains automatismes qui les dépassent. Si la vie de ces véritables antihéros est inauthentique, la raison en est la présence des mécanismes de répétition dans leur psyché même, dans leurs rêves, de sorte que leurs desseins les plus intimes (et qui ne sont les leurs qu'en apparence), ne se résument qu'à des modèles préétablis. Tout à la fois parodique, sardonique et mélancolique, Ćosić joint à ses énumérations, composées dans une prose lyrique limpide et fluide, les motifs récurrents de Babylone, de la mégapole et de la vie mécanique. Diplômé en Littérature yougoslave et générale de l'Université de Belgrade, Nebojša Ćosić a enseigné en province puis a brièvement travaillé à la Bibliothèque de la ville de la capitale serbe. Depuis 1995, il se consacre essentiellement à l'écriture : figure connue de l'underground belgradois, il partage sa vie entre l'écriture à domicile et la participation active à la vie littéraire et culturelle de Belgrade. Il est membre de la Société des écrivains serbes. ♦ Études et articles en serbe : Vasa Pavković, « Sunce tuđeg neba » (Le soleil d’une terre étrangère), Sveske, n° 5, 1991 ; Dušica Potić, « Znamenja promene » (Les signes du changement), Književne novine n° 840, 15 avril 1992 ; Ana Glišić, « Kreator i njegova imitacija » (Le créateur et son imitation), Književna reč, n° 389/390, février 1992 ; Ivana Keković, « Pripovedačka mora (Cauchemar narratif), Književna reč, n° 452/453, juin 1995 ; Stojan Đorđić, « Ne bez ironije » (Non sans ironie), postface in : Choix de nouvelles 1, Znak, Belgrade, 2016. Boris Lazić |