LE LIVRE DU MOIS : JANVIER 2017 |
L'Harmattan 2008 108 p.
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Milovan Glišić LE MUSICIEN & AUTRES NOUVELLES Traduction et préface de Sladjana Nikolić Dans ce recueil de nouvelles serbes, le rire, le sarcasme et l'absurde révèlent une peinture pluridimensionnelle vive et pittoresque de la vie villageoise en Serbie au 19e siècle, avec querelles intestines et personnages hauts en couleur. Toujours en mouvement, cette peinture nous donne l'impression de suivre chaque personnage pas à pas via une caméra mobile. Les chroniques villageoises de Milovan Glišić (1847-1908) sont fortement nourries de la tradition orale et inspirées par l'enfance de l'auteur. * Présentation de Sladjana Nikolić [Milovan Glišić] appartient à la deuxième vague de réalisme serbe qui est intimement liée au théoricien du socialisme, Svetozar Markovié. Ce « deuxième réalisme» met en avant le problème social ; il préconise le roman dit de société : on écrit sur l'actualité. On décrit des personnages «types» de la société serbe de l'époque, ainsi que les milieux respectifs dans lesquels ils évoluent. Milovan Glišić, quant à lui, nous dépeint un décor bien précis de la seconde moitié du 19e siècle ; un décor qu'il connaît bien, puisqu'il est originaire d'une modeste famille paysanne serbe de la région de Valjevo. Ses nouvelles ne présentent pas véritablement d'unité structurelle puisqu'elles comprennent plusieurs thèmes isolés. Par ailleurs, Glišić ne s'intéresse pas à la dimension psychologique des personnages. En fait, l'œuvre reflète, à travers ses personnages, tant sur le plan social qu'économique, les bouillonnements et bouleversements moraux de ce monde paysan. Le thème principal de ses nouvelles est donc le village serbe de la seconde moitié du 19e siècle. Il nous présente une peinture d'ensemble de ce milieu social qu'est le monde paysan, le processus de démembrement de la communauté villageoise, et les conséquences matérielles et morales de l'éclatement de la communauté familiale : le paysan devient la proie facile des fonctionnaires sans scrupules, des usuriers et des spéculateurs en tout genre ; ils le dépouillent sans vergogne. [...] |
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Milovan Glišić
(1847-1908) Père de la nouvelle réaliste serbe, Milovan Glišić est né à Gradac, un village proche de Valjevo et fait son entrée dans la littérature dès ses années de lycée à Belgrade. Puis, pendant ses études universitaires à la Grande Ecole (la première université en Serbie), il collabore aux premiers journaux socialistes serbes. C’est dans l’un d’entre eux, Preodnica [L’avant-garde], qu’il publie sa première nouvelle – « Noć na mostu » [Une nuit sur le pont, 1873]. Membre actif du mouvement politique de Svetozar Marković (par ailleurs le premier idéologue et propagateur du réalisme dans la littérature serbe), il œuvre dans l’esprit du programme révolutionnaire de celui-ci en critiquant d’une plume acérée la société serbe de l’époque. […] Bien qu’elle ne compte qu’une trentaine de nouvelles et deux comédies rurales, qu’elle soit marquée par certaines faiblesses artistiques propres à toute phase initiale d’un courant littéraire, l’œuvre de Glišić est empreinte de force élémentaire et de simplicité, ce qui fait de lui un écrivain important. Son attitude critique vis-à-vis de la réalité, la modernité de sa thématique, ses types de personnages (l’usurier de campagne, le bureaucrate corrompu, le paysan naïf) font de Glišić un vrai réaliste. Jovan Deretć
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