La littérature serbe contemporaine

Enquête : poésie

 

Réponses de Goran Korunović

 

Korunovic Goran

Goran Korunović

 

I. 1990 - 2000

1.

La dernière décennie du XXe siècle aura été l’une des périodes les plus tourmentées de l’histoire serbe et yougoslave contemporaine, une période marquée par des événements dramatiques aux conséquences tragiques : l’effondrement de la Yougoslavie, de longues années de guerre civile, le bombardement de la Serbie par les forces de l’OTAN… Dans quelle mesure et de quelle façon ces événements ont-ils pesé sur la littérature et sur son évolution au cours de cette décennie ?

Quoique thématiser la grande crise et les événements de la guerre était inévitable aussi en poésie, nombre de poétiques des années 1990 n’ont pas reflété de façon manifeste les « fractures » historiques d’alors. Les conséquences réelles de cette période ne sont apparues avec davantage de netteté que plus tard, au XXIe siècle : chute de la pertinence de la critique littéraire ; obscurité de la vie paralittéraire qui jette une ombre sur la présentation publique et la valeur estimée des livres de poésie ; renforcement des « blocs » poético-idéologiques qui entendent la « scène » poétique comme un espace où débattre de la question de l’identité nationale serbe ; crise du financement des périodiques. Au cours des années 90 ces conséquences n’ont heureusement pas totalement empêché l’existence d’œuvres émouvantes et intrigantes.

2.

Le contexte historique et social spécifique – dans lequel les rapports entre politique et esthétique se sont encore un peu plus tendus – a-t-il favorisé l’émergence de certaines formes de littérature dite « engagée ». Si oui, comment cet engagement littéraire s’est-il exprimé, et pour quels résultats sur le plan esthétique ?

Les années 90, me semble-t-il, ont apporté une poésie engagée moindre en quantité que celle qu’on aurait pu attendre. La question même de l’engagement en littérature est complexe, la poésie politiquement subversive ne doit pas être explicitement engagée. Néanmoins, si nous parlons de poésie engagée au sens étroit du terme, je citerai le recueil de Mirjana Stefanović Pomračenje [Obscurcissement] (1995). Évaluer la valeur de la poésie ouvertement engagée en usant des critères les plus rigoureux n’est pas nécessaire car sa présence même sur la scène littéraire apporte la preuve importante, indispensable de l’existence d’une conscience critique des diverses formes d’hégémonie et d’abus de pouvoir, des questions de classe et d’exploitation sociale. Et même si elle n’atteint pas de hauts sommets esthétiques, qu’elle existe est un bien meilleur signe que son absence dans la vie littéraire.

3.

Avant 1990 la littérature serbe montrait un grand degré d’ouverture aux nouvelles tendances de la scène littéraire mondiale et, en particulier, européenne. Le contexte politique spécifique et la situation d’isolement dans laquelle la Serbie s’est trouvée à la fin du XXe siècle ont-ils influé sur une telle orientation (ouverture) de la littérature nationale ?

Une certaine interruption s’est assurément produite dans les contacts avec le milieu ouest-européen mais aussi, et peut-être de manière plus sensible, dans l’espace yougoslave. Une décennie est, je pense, une période de temps trop brève pour que survienne une interruption dramatique d’interactions littéraires plus profondes, d’autant plus qu’avec l’époque (post)moderne la typologie et les « vecteurs » des influences littéraires se sont ramifiés, devenant plus fluides et plus imprévisibles.

4.

Quels concepts poétiques caractérisent la poésie serbe à la fin du XXe siècle et en quoi se différencient-ils ?

Très brièvement, et en ayant conscience de me livrer là à une indubitable approximation et à une réduction de la diversité poétique, je suggèrerai les quelques concepts suivants : vériste-narratif, transsymboliste, collectiviste-traditionnaliste, féministe, puis les différents « visages » de la néo-avant-garde et les échos du haut modernisme.

5.

Au cours des années 90, au demeurant comme lors des décennies précédentes, plusieurs générations d’écrivains coexistaient sur la scène littéraire serbe. Quels poètes ont imprimé la trace la plus profonde dans la littérature de cette décennie ?

Lire et apprécier la poésie est de plus en plus pour moi un acte particulier, personnel, une aventure intellectuelle intime, et quelque chose de cette expérience se perd à être rendu public. Je vais toutefois mentionner ici les poètes et poétesses pour lesquels le jugement que je porte sur leurs œuvres n’a pas varié de façon significative depuis mes premières lectures au début des années 90.

J’en nommerai d’abord trois qui sont apparus à la fin des années 80 ou au cours des années 90 et qui appartenaient aux courants poétiques « latéraux », en marge des courants dominants de la dernière décennie du XXe siècle. Nenad Jovanović, un poète à l’imagination néo-avant-gardiste conséquente, aux pirouettes et aux images humoristiques et ironiques, à l’intellectualité discrète mais vive, aux inventions expérimentales. Il faut signaler aussi Dejan Ilić, auteur d’une contemplation toute en réserve et d’une perception sensible de l’environnement / du monde. Le troisième est Oto Horvat, un poète lyrique dont les vers oscillent entre la charge émotive et le rapport ironique à la réaction émotionnelle à une expérience thématisée.

Horvat Oto

Oto Horvat

Le second groupe que je désire citer se compose d’auteurs à la poétique de différentes natures qui occupaient une place remarquée dans la vie littéraire dès les années 70 et 80 et qui, à la fin du siècle, ont confirmé cette place au panthéon de la poésie serbe : Novica Tadić qui, dans les années 80 a assis son statut de poète-culte du pessimisme anthropologique radical et des inépuisables variations du monde devenu étranger et diabolisé ; Vojislav Despotov qui, avec son recueil Deset deka duše [Dix décagrammes d’âme] (1994), préserve l’éthos néo-avant-gardiste et entretient le rapport démystificateur à l’acte poétique ; Milutin Petrović publie au cours des années 90 plusieurs recueils dans lesquels il présente des variations de sa démarche reconnaissable de test de la validité de l’expression elliptique et une trame existentielle radicalisée de la poésie.

Enfin, il faut absolument citer deux poétesses : Danica Vukićević dont la sensibilité visible, fluide, apparait à travers un cours imprévisible et surprenant de la contemplation, et Marija Midžović dont la poésie impressionne par le questionnement ironique sur l’identité féminine et ses nombreuses références à la culture ­– celle avec un grand C et celle populaire.

6.

Selon vous, quels recueils de poésie ont « survécu » aux années 90 ? En quoi se distinguent-ils des autres, et en quoi ont-ils gardé leur intérêt et leur actualité pour le lecteur d’aujourd’hui ?

Établir une liste de cette nature ne me correspond pas trop car cela introduit une certaine dimension de compétition dans le champ de la création poétique. De ce fait je vais donner une liste d’ouvrages qui n’a pas la prétention d’être « la » carte poétique ou canonique des années 90, mais qui est un retour sur les souvenirs personnels que je garde de mon expérience de la découverte de la poésie de la dernière décennie du XXe siècle.

Milutin Petrović, Nešto imam [J’ai quelque chose] (1996) : des poèmes spécifiques pour leurs vers lapidaires, enchaînés d’une manière qui empêche la mise en place d’un contexte plus concret de l’expression mais, du coup, révèle un sujet déchiré, périodiquement tourné vers la seule question de la création poétique.

Danica Vukićević, Kada sam čula glasove [Quand j’ai entendu des voix] : poésie de la réflexion atypique du sujet féminin qui associe l’autodérision et une sensibilité stratifiée ; surprenant pittoresque et pirouettes humoristiques.

Nenad Jovanović, XIX (1996) : contamination spirituelle néo-avant-gardiste d’associations libres, d’un intellectualisme mesuré, de la réflexion en sourdine, de traces de mélancolie, le sujet initié trouvant souvent le point de départ de ses associations dans sa propre mémoire et dans l’expérience à première vue et triviale du quotidien.

Vojislav Despotov, Dix décagrammes d’âme : quoique ce ne soit pas là son meilleur recueil, c’est un ouvrage important des années 90 car à l’horizon poétique de la poésie serbe contemporaine, il recèle et rend visible une sensibilité néo-avant-gardiste authentique et la relation à la création poétique.

Despotov Vojislav

Vojislav Despotov

Novica Tadić, Napast [Calamité] (1994) : bien que ce recueil soit, à bien des égards, une redite, une variation sur les « modèles » poétiques des livres précédents, sa sombre vision anthropologique naît de situations apparemment anodines de la vie quotidienne, routinière : une rencontre dans la rue, une conversation chemin faisant, le vacarme ordinaire de la ville.

Vladimir Kopicl, Pitanje poze [Question de la pose] (1992) : livre poétique où se fondent des tonalités mélancoliques, un rapport ironique aux conventions de la poésie lyrique, et un jeu humoristique typiquement néo-avant-gardiste agrémenté de références à la grande Culture et à l’Histoire.

Oto Horvat, Zgrušavanje [Coagulation] (1990) : dans ce recueil précoce comme dans nombre d’autres, Oto Horvat est un poète aux mots choisis et aux émotions subtiles où se sent toujours une ironie discrète et opportune.

Dejan Ilić, U boji bez tona [En couleur sans ton] (1998) : dès ses premiers livres, Dejan Ilić noue une trame poétique qui imprègnera la plupart de ses recueils ; elle sous-entend une évaluation sensible et des pouvoirs représentatifs de la langue et offre une réflexion maîtrisée et une description poétique consciente d’elle-même.

Marija Midžović, Beogradska sirotica [L’Orpheline de Belgrade] (1997) : ce recueil de poèmes dans lequel le sujet féminin donne souvent dans l’autodérision et l’humour tout en se référant avec lucidité à la Culture et à la culture populaire, décrit les rapports entre les personnes et l’identité des deux sexes.

Ana Ristović, Zabava za dokone kćeri [Amusement pour filles oisives] (1999) : livre poétique spécifique par son sujet féminin qui découvre la vie intime dans une analogie avec les motifs de la littérature, de la politique, l’expérience quotidienne et triviale.

II. 2000-2016

 7.

Le changement de régime politique en Serbie en 2000 coïncide avec le début d’un nouveau siècle. S’agissant de la littérature serbe, peut-on parler d’un nouveau début ? En d’autres termes, par rapport à la décennie précédente, des changements radicaux sont-ils survenus ?

Quoiqu’on ne puisse les qualifier de nouveau début de la poésie serbe, ces changements existent et ont bel et bien laissé l’impression d’une nouveauté visible. Il faut nécessairement signaler plusieurs phénomènes qui marquent les quelques dix années précédentes de la scène poétique serbe et tranchent radicalement avec la vie littéraire de la dernière décennie du XXe siècle. Avec l’arrivée d’une vague de nouveaux poètes et poétesses se produit un accroissement du nombre des lectures publiques devant un auditoire très important, ce, dans les clubs et les cafés, des endroits nullement typiques pour ces soirées dites littéraires et de promotion de la poésie. Cela s’accompagne de l’apparition de petites maisons d’éditions indépendantes, puis de magazines électroniques consacrés à la création littéraire, d’autoéditions et de quelques panoramas de la nouvelle poésie. En d’autres termes, on assiste à une relativisation de la division entre scènes littéraire centrale et marginale, à la formation d’un public littéraire/critique alternatif, à la réévaluation de la poétique dominante des décennies précédentes, et à la recherche de nouvelles pratiques poétiques. Ce genre d’aspirations a, naturellement, de tous temps existé mais la nouvelle génération littéraire a, de manière plutôt inattendue, placé la poésie au premier plan, et les nouveaux modes de communication et « l’espace » de l’Internet ont sans aucun doute contribué à ce que les nouvelles recherches en matière de poésie et leurs présentations publiques apparaissent, à première vue du moins, très fraîches et innovatrices.

8.

Selon vous, quelles sont les caractéristiques particulières de la poésie serbe au cours des années 2000-2016 sur les plans thématique, formel, et poétique ?

Le pluralisme thématique, formel, et poétique des années 90 s’élargit encore après 2000 et se disperse encore davantage. Les tendances existantes se poursuivent et varient au XXIe siècle et, souvent, les créations de poètes/poétesses plus jeunes reprennent et adaptent à leur poétique propre, individuelle, les modèles expressifs et formels des années 90, mais aussi des deux décennies précédentes. En conséquence, plutôt que la typologie de ces courants poétiques, il est peut-être plus essentiel de faire ressortir un élément nouveau : la visibilité plus grande sur la scène poétique de la poésie féminine qui change radicalement de statut. Même si les tendances féministes existaient avant 2000, du point de vue de la création poétique mais aussi de l’engagement social les quelque quinze dernières années, « l’espace » culturel et public s’ouvre plus à la poésie écrite par des femmes. Sont publiés, entre autres, Mačke idu u raj [Le chats vont au paradis] (2000) de Radmila Lazić et Diskursivna tela poezije [Les Corps discursifs de la poésie], un panorama que présente en 2004 Dubravka Đurić. Nombre de poétesses figurant dans ces publications occuperont ensuite une place importante sur la scène poétique et pas uniquement dans le cadre féministe. Le qualificatif « poésie féministe » ne révèle pas tous les traits propres de la poétique des auteures les plus intéressantes mentionnées dans ce corpus, par exemple Danica Vukićević, Tamara Šuškić, et Ana Seferović. Leur « écriture féminine », tout en définissant avec sensibilité et nuances les caractéristiques de l’identité féminine, révèle aussi les ambivalences et l’envers de l’existence contemporaine entendue au sens large. Au sens le plus restreint, la poésie de ces trois auteures a renforcé dans la poésie serbe contemporaine les sensibilités qui, avant 2000, seulement s’annonçaient.

9.

Les quinze dernières années ont vu apparaître une vague de nouveaux poètes dans la littérature serbe. Qui citeriez-vous en particulier ? En quoi se différencient-ils des écrivains qui s’étaient affirmés au cours des années 90 ?

Si on peut dire de l’actuelle scène poétique serbe qu’elle sous-entend une pluralité accusée des poétiques, la nouvelle vague de poètes a alors parcellisé plus encore le « champ » des possibilités poétiques – à ceci près par rapport aux générations précédentes : l’influence de la poétique traditionnaliste et collectiviste sur les nouveaux poètes/poétesses se trouve réduite au minimum.

Je m’efforcerai de mentionner ici quelques poètes/poétesses dont les pratiques reflètent l’étendue des recherches créatrices dans le cadre de cette nouvelle vague. Dans un tel éventail il faut d’abord mentionner les poétiques d’origine néo-avant-gardiste. Dans la poésie d’Uroš Kotlajić les images néo-surréalistes expriment un sujet dynamique discursivement irréductible, souvent spécifique par son aspiration à articuler avec des mots les manques qui, paradoxalement, le constituent. Dans ce qui est présentement son dernier recueil, Takk (2015), Vladimir Vukomanović s’appuie en partie sur la pratique néo-surréaliste, combinant des contenus psycho-empiriques dynamiques et un intérêt pour la diversité de la forme et de l’expression. Dans une « clé » néo-avant-gardiste quelque peu plus radicale se réalisent dans le tout premier recueil de Bojan Marković Riba koja je progutala svet [Le poisons qui a avalé le monde] (2013) une extension formelle spécifique et une liberté d’associations ludique.

Sont également de sensibilité néo-avant-gardiste les recueils déjà anciens de Marjan Čakarević, sauf que leur trame poétique n’est pas néo-surréaliste mais avant tout expérimentale et conceptuelle, consacrée aux espaces urbains et à de systèmes de diverses sortes. Dans son dernier livre Tkiva [Tissus) (2016), Čakarević ressuscite l’expression moderniste et, par-là même, se rapproche des poètes qui relativisent avec plus de cohérence la narration et un sujet plus stable. L’auteur représentatif de telles pratiques est Petar Matović qui, par une poésie qui mêle description et confession, embrasse un large spectre de thèmes, de la sphère privée à la politique.

Dans son tout premier livre Beleške o mekom tkivu [Notes sur un tissu mou] (2013), Danilo Lučić, lauréat du prix Branko, présente des modalités expressives voisines mais une narration sporadique et quelque peu hermétique. L’une des lauréates elle aussi du prix Branko, Anja Marković enrichit dans Kowloon (2016) la modalité d’une description mâtinée de confession par une sensibilité atypique, plus complexe, empreinte de terreurs et d’érotisme. Ana Marija Grbić dans son dernier recueil Venerini i ostali bregovi [Le mont de Vénus et autres monts] (2014) compose un sujet un peu plus diffus mais conserve néanmoins le monologue comme courant de narration.

Légèrement à l’écart de ces courants se situent les poétiques de Tamara Šuškić et d’Ana Seferović. Là où Šuškić croise subtilement le côté pittoresque, presque cinématographique, et elliptique de l’expression, donnant forme à un large spectre de l’existence, Ana Seferović suit dans son dernier recueil la sensibilité d’un « cœur retourné » comme il est souligné dans l’un des poèmes.

10.

Quels recueils de poésie publiés entre 2000 et 2016 recommanderiez-vous à l’attention des éditeurs et traducteurs français, et pourquoi ?

Au premier plan se trouvent ici les recueils des poètes et poétesses nés après 1976. Tamara Šuškić, Road and Family Songs (2012) : recueil poétique spécifique pour son sujet éthéré, hautement sensible qui façonne un monde de héros lyriques, mélancoliques, et inconsistants, à l’unisson avec la culture pop.

Ana Seferović, Zvezda od prah-šećera [L’Étoile de sucre en poudre] (2012) : recueil intéressant dans lequel se réalise une identité féminine à la fois dynamique et fragile.

Anja Marković, Kowloon : par des métaphores dosées s’expriment dans les poèmes de ce recueil les sentiments nés de diverses terreurs, expériences physiques, et rencontres sensibles du sujet et du monde.

Ana Marija Grbić, Le mont de Vénus et autres monts : recueil dans lequel le sujet lyrique prolixe tente de réinterroger des expériences amoureuses/vitales et intègre sa propre personnalité.

Uroš Kotlajić, Pesme [Poèmes] (2011) : recueil de poèmes d’amour mais qui va au-delà car il contient une subjectivité stratiforme, sinueuse, instable, et donc une « épiphanie » des perceptions et émotions.

Vladimir Vukomanović, Takk : recueil qui présente une diversité formelle et expressive qui associe une expérimentation linguistique et un noyau émotivement stratifié de poésie.

Danilo Lukić, Notes sur un tissu mou : manuscrit poétique écrit de manière vériste spécifique pour son interrogation de l’existence urbaine, du plan physique à la manifestation publique.

Petar Matović, Odakle dolaze dabrovi [D’où viennent les castors] (2013) : recueil qui se rattache à l’expression mainstream des poètes serbes modernistes tels Ivan V. Lalić et Borislav Radović ; dominante en matière de motifs et de thèmes plus proche de notre époque.

Marjan Čakarević, Sistem [Système] (2011) : bien qu’il ait ensuite publié plusieurs recueils qui furent remarqués, il faut revenir sur cette expérience où Čakarević présente au fond une parabole dispersive et fragmentée sur le système linguistique mais aussi sur n’importe quel système.

Cakarevic Marjan

Marjan Čakarević

Bojan Marković, Le poisson qui a avalé le monde : recueil d’expérimentation radicale par la forme et l’énergie centripète de sa langue.

11.

Nous vivons à l'heure de l'Internet et de la « civilisation numérique ». Selon vous, l'apparition des réseaux sociaux a-t-elle accéléré la formation de nouveaux cadres formels pour la création littéraire ?

Oui mais, pour l’instant me semble-t-il, dans une moindre mesure. L’élargissement du champ de l’exposition littéraire, de la réception et de la promotion de la littérature est plus visible – tout cela se voit offrir un espace plus important sur les réseaux sociaux.

12.

Ladite « culture mass médiatique » est en pleine expansion en Serbie : on tient de plus en plus les œuvres littéraires et, plus généralement, artistiques comme de simples marchandises dont la valeur s’estime selon les critères du marché et du profit. De quelle manière et dans quelle mesure les phénomènes cités influent-ils sur la littérature serbe contemporaine, sur son évolution, sur son statut dans le cadre de la culture nationale, et sur sa réception ?

Par rapport aux autres genres littéraires, la poésie est la moins soumise aux lois du marché et du profit. Je crois qu’un problème plus important se pose à la poésie serbe contemporaine : la vie paralittéraire spécifique qui parfois conditionne de manière problématique l’évaluation qualitative des recueils de poésie.

 

Traduit du serbe par Alain Cappon


Date de publication : mai 2017

Date de publication : juillet 2014

 

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Le poème titré "Salut à la Serbie", écrit en janvier 1916, fut lu par son auteur Jean Richepin (1849-1926) lors de la manifestation pro-serbe des alliés, organisée le 27 janvier 1916 (jour de la Fête nationale serbe de Saint-Sava), dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. A cette manifestation assistèrent, â côté de 3000 personnes, Raymond Poincaré et des ambassadeurs et/ou représentants des pays alliés.

Grace à l’amabilité de Mme Sigolène Franchet d’Espèrey-Vujić, propriétaire de l’original manuscrit de ce poème faisant partie de sa collection personnelle, Serbica est en mesure de présenter à ses lecteurs également la photographie de la première page du manuscrit du "Salut à la Serbie".

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