Velimir Mladenović
Université de Novi Sad / Université de Poitiers

 

La littérature serbe dans Les Lettres françaises
(1945-1970)

Velmar Jankovic S portrait 1

Les Lettres françaises, n° 145, 1947

 

Résumé : Cet article se propose de présenter et d’analyser tous les textes publiés dans Les Lettres françaises de 1945 à 1970 qui se rapportent à la littérature serbe. Ces textes datant de l’époque où la Yougoslavie existait encore, peu d’articles se réfèrent directement à la littérature serbe, mais la majorité d’entre eux se consacrent, d’une manière ou d’une autre, aux auteurs serbes et à leurs œuvres.

Notre étude tente de répondre aux questions suivantes : quels thèmes, genres littéraires et écrivains serbes ont suscité l’intérêt de l’hebdomadaire français ? Quels sont les principaux motifs, sur les plans politique et esthétique, de la publication dans Les Lettres françaises des articles consacrés à la littérature serbe.

Mots clés : Les Lettres françaises, littérature serbe, Louis Aragon, Miodrag Bulatović, Dušan Matić

Introduction :
Les Lettres françaises et les arts des Balkans

Les Lettres françaises sont nées en 1942, au moment où les conquêtes militaires de l’Allemagne nazie semblaient ne pas devoir prendre fin.[1] La création est formellement issue d’une discussion entre Louis Aragon, Jacques Decour et Georges Politzer. Résistants, ces deux derniers sont arrêtés, torturés et fusillés au mois de mai 1942. Fondées comme un hebdomadaire culturel et artistique, Les Lettres françaises poursuivront leur route après la libération, sous la direction de Claude Morgan, et publieront des textes et reportages dans plusieurs rubriques : « Arts », « Lettres », « Musique », « Patrimoine », « Savoir » et « Théâtre ». À partir de 1953 jusqu'en 1972, Les Lettres françaises, dirigées par Louis Aragon, bénéficieront du soutien financier du Parti communiste français, ce qui leur permettra d’envoyer des correspondants partout en Europe et de publier une imposante et très diverse collection de textes sur la littérature et l’art en Europe.

Dans cette riche collection une place est réservée également aux pays balkaniques. D’ailleurs, le premier reportage publié dans cet hebdomadaire peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale présente les arts de la Yougoslavie, de la Bulgarie et de l’Albanie.[2] Mais c’est en particulier la Yougoslavie, avec laquelle la France partageait la même sensibilité idéologique et une orientation antifasciste, qui suscitait l’intérêt des auteurs des Lettres françaises, notamment pour la littérature serbe ancienne et contemporaine ainsi que pour l’art contemporain, les musées récemment ouverts, les festivals et le cinéma.

Dans notre étude, nous allons présenter et analyser tous les textes publiés dans Les Lettres françaises de 1945 à 1970, où figurent des analyses de la littérature serbe faites par des auteurs français, mais aussi des textes critiques d’auteurs yougoslaves et serbes. Nous tenterons d’expliquer la perception par les auteurs français de la littérature serbe dans un pays multiethnique, multilingue et ayant donc plusieurs littératures, et dans quelle mesure l’image de cette littérature dépend du contexte personnel, politique ou idéologique. La date de parution de ces écrits et les circonstances de leur publication en France nous permet de diviser notre article en trois principales parties : la première consacrée aux textes publiés juste après la Seconde Guerre mondiale, la deuxième à ceux qui traitent de la littérature serbe contemporaine, la troisième portant sur la présence du poète serbe Dušan Matić dans cet hebdomadaire.

I. La littérature serbe dans Les Lettres françaises juste après
la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale, les relations franco-serbes évoluent dans un nouveau contexte socio-politique, surtout marqué par l’orientation antifasciste des deux pays. Marko Ristić, grand connaisseur de la culture française et ex-surréaliste ayant des contacts en France, n’a pas été choisi fortuitement pour être le premier ambassadeur de Yougoslavie en France.[3] Il entretenait de bons rapports avec les intellectuels et les hommes politiques français, les anciens surréalistes et résistants, surtout avec Louis Aragon et son épouse Elsa Triolet qui lui rendaient régulièrement visite à la résidence de l’ambassade yougoslave à Paris. Preuves de la permanence de ces relations, les livres que Louis Aragon a offerts à Marko Ristić, avec des dédicaces et notes de bas de pages très précieuses pour une nouvelle interprétation des idées politiques d’Aragon, aujourd’hui déposés à l’Académie serbe des sciences et des arts à Belgrade.

Autre preuve de la relation entre le couple Aragon-Triolet et l’ambassadeur Ristić, le texte de Louis Aragon publié en 1946 dans Les Lettres françaises intitulé « À Paris comme à Rebesinje, les liens de la France et de la Yougoslavie »[4], le premier à mentionner la littérature serbe dans cet hebdomadaire. En effet, même s’il parle d’un pays appelé Yougoslavie, comme le démontre explicitement le titre de l’article, Aragon met l’accent sur la littérature, les auteurs et les grands événements historiques serbes, comme les insurrections contre les Ottomans et le héros national Karageorges. Pour ce qui est de la littérature, il s’intéresse, entre autres, aux sujets serbes dans les œuvres françaises, en particulier celles du XIXe siècle, comme La Guzla de Prosper Mérimée, pour laquelle l’écrivain a trouvé son inspiration dans les chansons de geste serbes du Moyen Âge, ou encore le roman L’Uscoque de George Sand et les écrits de Charles Nodier. Il évoque les premières œuvres de la littérature serbe du XIIIe siècle La vie de Saint Syméon et La vie de Saint Sabba (sic !) rédigées sur le mont Athos par le moine Domentian, tout en soulignant que ces textes avaient été publiés à Paris en 1858 par l’orientaliste Alexandre Chodźko[5]. Selon le poète français, saint Sava, le premier archevêque serbe, est une figure importante pour la littérature serbe, raison pour laquelle il mérite d’être présenté au public français.

Dans le même texte Aragon évoque également des étudiants serbes, refugiés de la Première Guerre mondiale, devenus plus tard poètes surréalistes et avec qui il maintient le contact : Monny de Boully, Marko Ristić et surtout Dušan Matić, avec qui le couple Triolet - Aragon entretiendra des relations étroites jusqu’au décès d’Elsa Triolet en 1970 :

Voyez-vous quand j’étais enfant et que ce siècle était jeune, il y avait autour de moi, dans l’entourage de ma famille, de nombreux jeunes gens serbes, des étudiants venus à Paris pour apprendre.[6]

Il explique aux lecteurs français la grande influence des auteurs serbes sur son éducation ainsi que celle du roman Militza[7] qu’il avait lu et qui évoque la révolte en Herzégovine lors de la domination ottomane. Auteur bien informé, il paraphrase pour terminer le titre d’une nouvelle de Simo Matavulj qui lui a inspiré celui de son texte : « L’amour n’est pas une plaisanterie même à Rebesinje ».

L’auteur de l’article suivant, intitulé « Avec Paul Éluard en Yougoslavie », est Jean Marenac[8] qui affirme avoir assisté avec le poète français au procès de Draža Mihajlović à Belgrade, mais dit aussi que c’était une bonne occasion de parler de littérature. En effet, il présente aux lecteurs français les mouvements littéraires de Belgrade, sans oublier, bien entendu, le surréalisme qui a marqué la période de l’entre-deux-guerres. Il cite les revues surréalistes belgradoises : Nadrealizem danas i ovde [Surréalisme aujourd’hui et ici] et leurs auteurs : Koča Popović, Oskar Davičo, et le théoricien du surréalisme et ambassadeur de Yougoslavie en France Marko Ristić.

Tous ont retrouvé le devoir humain, et savent, dans un monde où l’espoir existe, que le temps du refus est dépassé, et qu’ils sont désormais, selon le mot de Rimbaud, rendus à la terre, avec la réalité rugueuse à éteindre.[9]

Dans le reportage qui a pour titre « Au premier congrès des écrivains yougoslaves »[10], Jean-Richard Bloch donne des informations sur cet événement littéraire mais aussi politique dont il fut le témoin.[11] Il compare ce congrès belgradois et celui des écrivains soviétiques et souligne leur grande différence, la littérature yougoslave étant partagée en six ou huit littératures provinciales sans grand contact entre elles. Ces variétés, selon lui, sont une source de problèmes, mais aussi une grande richesse pour la fondation d’une nouvelle culture. Constatons que Bloch ne connaît pas les différences entre les littératures en Yougoslavie, pays qu’il perçoit comme un vaste espace culturel avec de nombreuses cultures nationales, et précise que l’influence française sur l’art et la culture yougoslave est évidente. Il évoque les bibliothèques de l’université de Belgrade et ses fonds français appréciés par les Yougoslaves amateurs de culture française. Ajoutons ici que le même mois Les Lettres françaises publièrent un entretien avec Tristan Tzara[12] qui, tout comme Bloch, avait assisté au congrès des écrivains yougoslaves[13]

« Quatre langues une littérature » [14] est le titre du texte suivant, de Dominique Desanti. Il y explique la naissance de la langue commune serbo-croate. À propos de poètes serbes, il cite Skender Kulenović, trouvant que sa mélancolie et sa passion gardent un rythme folklorique. Évidemment, il n’oublie pas lui non plus de mentionner les surréalistes serbes qui avaient participé à la Seconde Guerre mondiale :

Pour eux, maintenant, la littérature est devenue un moyen d’expliquer les forces du pays, de les rendre perceptibles à ceux-là mêmes qui les représentent, plus qu’un témoignage individuel. C’est ainsi que Oskar Davičo, ex-surréaliste, garde uniquement de ces recherches passées le sens de l’image, rare chez les Serbes, qui fait sa personnalité.[15]

Dans la suite de son article, Desanti évoque plusieurs autres écrivains. Il décrit Ivo Andrić comme un écrivain opposé à Miroslav Krleža et à son style particulier tout en citant ses paroles : « Il faut être économe de ses mots ».[16] Toujours à propos d’Andrić il observe qu’il appréciait particulièrement la culture française, surtout Stendhal et Mérimée[17], et a publié trois romans après la libération : Mademoiselle, L’histoire du Pont sur Drina (sic!)[18] « qui depuis des siècles relie la Bosnie à la Serbie »[19], et La chronique de Travnik.  Il insiste sur l’importance de traduire ce dernier roman en français. Pour Desanti, le journal de Vladimir Dedijer est aussi très important, puisque c’est le témoignage le plus précieux de l’épopée de Tito. Il mentionne enfin Ivan Goran Kovačić, dit « Le Dante yougoslave », et son poème La fosse et conclut que les poètes de Belgrade et Zagreb ont été nourris par Maïakovski ou Essenine et que l’influence française sur la littérature contemporaine serbe n’est pas remarquable : « Il semble que la majeure partie de notre production ne puisse rencontrer grand écho ici. »[20]

II. Les auteurs serbes contemporains dans Les Lettres françaises

Au vu du nombre d’articles dédiés à un écrivain serbe dans Les Lettres françaises, le nom de Miodrag Bulatović occupe la première place. Nous le retrouvons dans cinq textes : « Serbe ou croate ? Yougoslave ou monténégrin ? » (1963), « Le loup et la cloche de Miodrag Bulatović »[21] (1964), « Quatre questions de Miodrag Bulatović »[22] (1965), « Un certain été au Monténégro »[23] (1966) et « Fêtes de la dérision, Arrête-toi, Danube »[24] (1969). Ces textes accompagnant les publications en traduction française des livres de Bulatović[25] donnent des informations sur certaines questions essentielles de sa poétique : la sexualité, la misère, la guerre. Considéré comme un prosateur hors norme et d’un remarquable talent qui mêle dans ses romans lyrisme et grotesque, Bulatović a été accueilli en France avec enthousiasme[26]. Dans le texte « Serbe ou croate ? Yougoslave ou monténégrin ? » Hubert Juin cite une réaction peu diplomatique de l’écrivain au sujet de l’accueil de la littérature serbe dans l’Hexagone : « Les Français n’ont pas assez de curiosité pour nous, et ça m’offense, car nous sommes un peuple énormément doué »[27]. Pour étayer ses propos Bulatović mentionne Ivo Andrić, devenu l’écrivain yougoslave le plus connu en France après l’attribution du Prix Nobel en 1961, et rappelle que la littérature et la culture serbes existent depuis le Moyen Âge. Il fait particulièrement l’éloge des chansons de gestes et précise qu’il ne faut pas confondre la littérature yougoslave avec celle qui vient de la Russie. À la question sur le rapport entre Muharem, le personnage central de son roman Coq rouge, et lui-même, il répond :

Je ne suis pas Muharem. Je suis son coq. Ou plutôt Petras (l’un des vagabonds) ...Et si vous continuez à chercher, je suis Ivanka (la rouge et grosse jeune mariée), cette jeune fille qui ne se laisse pas conquérir, qui est dure comme la terre.[28]

À propos de la figure du vieillard qu’il introduit dans son roman, l’écrivain indique qu’il s’agissait d’un Karamazov qui porte en lui son péché. À ses yeux, son grand père n’est autre que Dostoïevski, et ses cousins des figures comme Gogol, Lautréamont et les surréalistes. Dans les textes « Le loup et la cloche » et « Quatre questions à Miodrag Bulatović », Jean Gaugeard salue le talent, le style de l’écriture de Bulatović et, après la constatation que Le loup et la cloche est un roman de guerre et de misère, il donne la parole au romancier :

C’est après l’avoir achevé que je me suis rendu compte à quel point je haïssais la guerre, à quel point j’étais antifasciste, avec aussi une petite tendance anarchiste qu’il me faut confesser.[29]

Le ton de la critique évolue quelque peu après la publication du recueil de nouvelles Arrête-toi, Danube, et dans le dernier texte consacré à Bulatović dans Les Lettres françaises : « Fêtes de la dérision » Tristan Renaud analyse méticuleusement le style et les thèmes abordés. Selon lui, ce livre regorge d’un goût immodéré pour le grotesque. C’est pourquoi il le qualifie d’« à moitié réussi, à moitié décevant, sans une étincelle de passion véritable »[30]

D’autres écrivains serbes sont cités dans Les Lettres françaises dans un article du romancier et critique littéraire Pierre Gamarra, publié en 1959[31], qui présente la parution d’Anthologie de la prose yougoslave contemporaine[32]. L’auteur de l’article évoque surtout l’avant-propos de cette anthologie rédigé par Jean Cassou qui met l’accent sur la diversité et la richesse de la littérature en Yougoslavie venant de l’Histoire et d’une tradition indépendante. Parmi plusieurs prosateurs serbes, dont les récits sont publiés dans cette anthologie, Gammara mentionne en particulier les nouvelles « Un encombrant compagnon » de Branko Ćopić et « Une cuillerée de kaimak » d’Antonije Isaković, en les considérant comme des chefs-d’œuvre de sobriété et d’humanité, avec une dimension ironique en dépit du tragique du sujet.

En 1963, Jean Gaugeard publie un article consacré à Branko Radičević dans lequel l’écrivain serbe est dépeint comme : « un conteur exigeant envers son auditoire et, peut-être, un peu inquiet. Avec lui il faut toujours s’attendre à un ‘Vous devinez ?’, à un ‘Vous avez compris’. »[33] L’article fait suite à la publication française du roman La femme blanche – le trou de la serrure, dont le personnage principal est une jeune femme, Ivana, victime d’un traumatisme sexuel (elle regardait par la serrure les ébats amoureux de sa mère). Le scandale provoqué en Yougoslavie démontre, selon Gaugeard, que la société yougoslave n’était pas prête pour ces thèmes. Dans la suite du texte il cite une réflexion de l’écrivain sur la fonction de la sexualité dans La femme blanche.

Elle constitue une méthode romanesque. Elle me permet une opinion sur mes héros et, finalement, sur le monde. Elle n’est pas une fin en soi, elle n’a pas plus d’importance que l’assassinat dans une œuvre comme Crime et Châtiment. [34]

Cette réflexion de Radičević révèle aussi la possibilité d’une nouvelle interprétation de son roman : en parlant de son héroïne, l’écrivain déclare que la sexualité l’avait traumatisée et que ce serait la raison pour laquelle elle se donnait à qui voulait la prendre. Le motif de la blancheur, très présent dans le livre, est porteur d’une symbolique liée à la pureté : « Par son écriture même, remarque Jean Gaugeard, ce roman devient ainsi l’histoire d’une purification. Et ce n’était rien d’autre que son sujet. »[35] Et en conclusion il constate que cette œuvre – lyrique, harmonieuse, écrite à la première personne – est de grande valeur.

III. Dušan Matić dans Les Lettres françaises

La Yougoslavie, qui avait subi une grande influence de l’URSS dans les années de l’après-Seconde Guerre mondiale, change radicalement d’orientation sur les plans politique et culturel après le conflit Tito–Staline en 1948. Comme le souligne Goran Miloradović dans son étude Lepota pod nadzorom : sovjetski kulturni uticaji u Jugoslaviji : 1945-1955 [La beauté contrôlée : l’influence culturelle soviétique en Yougoslavie : 1945-1955][36], la nouvelle orientation du pays vers l’Occident et les États-Unis se voit également dans le nombre d’artistes et cinéastes européens et américains invités à des réceptions chez les dirigeants yougoslaves. Mais cette rupture avec l’URSS, qui eut par ailleurs un impact positif sur le développement des arts en Yougoslavie, ne sera pas perçue d’un bon œil par la direction et les collaborateurs des Lettres françaises : elle provoquera même la séparation entre les surréalistes français et serbes, l’hebdomadaire ne publiant qu’un seul texte en 1948 qui mentionne la Yougoslavie, et cela d’une manière très discrète.[37]

La situation change après la mort de Staline (1953) et nous retrouvons après 1956 plusieurs textes qui témoignent d’un nouvel intérêt et d’une nouvelle passion pour les arts de de la Yougoslavie, pays que les dirigeants des Lettres françaises considéraient auparavant comme « traître ». Á ce propos, il est intéressant d’observer que, malgré les polémiques entre les poètes serbes et français suscitées par les évènements sociopolitiques, Louis Aragon – qui s’était éloigné de ses anciens amis, surtout de Marko Ristić – a toutefois tenu une correspondance avec un écrivain serbe, son ami de Paris, Dušan Matić. Ce dernier lui a même rendu visite au Moulin de Villeneuve près de Paris, peu avant la mort d’Elsa Triolet.[38] Ces relations étroites entre le poète serbe et le directeur des Lettres françaises auront un certain impact sur la place accordée à Matić dans l’hebdomadaire. En effet, ses œuvres seront louées dans le journal à plusieurs reprises, ce dont témoignent trois longs textes qui leur sont consacrés, textes tous aussi divers qu’instructifs que nous présenterons dans l’ordre chronologique.

En 1968 Les Lettres françaises publient un dossier consacré à ce poète surréaliste. Depuis la fondation de cet hebdomadaire, c’est la première fois que le nom d’un poète yougoslave et serbe figure à la Une, avec un titre très élogieux : « Hommage à Dušan Matić »[39]. Le dossier ouvre une biographie détaillée de l’écrivain présenté comme « romancier, essayiste et poète yougoslave (serbe) de langue serbo-croate ». On y trouve également une bibliographie en serbo-croate établie par Dejan Bogdanović (cousin du poète), divisée en plusieurs parties : « romans », « essais », « traductions françaises des textes de Matić », « articles en français » sur son œuvre et trois études en langue serbo-croate, « indispensables pour la connaissance » de son œuvre, qui ont pour auteurs Dragan Jeremić, Draško Ređep et Jovan Hristić. Suivent deux poèmes : Liubno, traduit par Petar Popović, en 1962 et La pêche en eau claire, traduit par Koča Popović et l’auteur lui-même en 1930, ainsi qu’une étude signée par Dragan Jeremić.

La biographie qui ouvre ce dossier offre les données les plus importantes sur la vie et l’œuvre du poète serbe, souligne qu’il a fait ses études à Paris après la Première Guerre mondiale et adhéré au mouvement surréaliste en 1924. Dans la suite du texte sont évoqués en particulier son emprisonnement à cause de sa prise de position en faveur de l’Espagne républicaine et son incarcération dans un camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale à Belgrade. C’était en fait une manière de montrer la grande proximité du poète serbe avec Les Lettres françaises et son directeur, Louis Aragon. L’auteur de cette note biographique met l’accent aussi sur les rapports que Matić entretenait avec la littérature française qu’il connaissait très bien. Ses traductions de Germinal de Zola ou du Cahier gris de Martin du Gard, en témoignent ainsi que ses notes de lecture sur l’œuvre d’Éluard, Henri Michaux, et d’autres auteurs français réunies en 1952 dans un livre intitulé Un aspect de la littérature française [Jedan vid francuske književnosti]. Dans cette note biographique sont cités : Bagdala [Bagdala, 1954], le recueil de poèmes Alea jacta [Kocka je bačena, 1957], le roman La robe de bal d’Ana [Anina balska haljina, 1956], un essai À la sellette du jour [Na tapet dana, 1962], les poèmes Songes et mensonges de la nuit [Laža i paralaža noći, 1962] et le roman en deux volumes À la brume [Gluho doba].

Occupe cependant la place centrale du dossier l’étude Un poète sous le ciel étoilé[40] du critique serbe Dragan Jeremić qui se penche sur la poétique de Matić qu’il qualifie d’auteur sans œuvre prédominante, à l’inverse de Dante ou de Baudelaire. Selon lui, la riche production littéraire de Matić ne permet pas en fait de le placer dans un mouvement littéraire strict :

Dušan Matić est un écrivain de cette espèce : à la fois poète, essayiste, romancier, théoricien, littéraire et dramaturge, et tout cela à la fois dans une même œuvre parfois dans un seul récit, dans un seul essai.[41]

Le critique cite ensuite un extrait de l’un des écrits de Matić lui aussi « difficile à classer », La chambre d’hôtel, dans lequel le poète fait une déclaration importante sur lui-même :

Depuis que j’ai posé dans La Mâchoire de la dialectique la question – Une journée entière ! Ne vous semble-t-il parfois qu’elle ne finira jamais ? – je n’en ai jamais posé d’autres. J’ai cherché là ce que j’ai fait et dans tout ce que je n’ai pas fait, dans tout ce que j’ai écrit et dans tout ce que je n’ai pas écrit, dans le futile et dans le serieux (...) La question posée était, en vérité, la question de l’existence même.[42]  

Cette déclaration est capitale, selon l’auteur du texte puisqu’elle nous fait savoir que Matić, même s’il a écrit sur les auteurs français ou sur les paysages de Belgrade et de Sparte, n’a cessé de parler de l’homme, de son bonheur ou de son avenir. C’est d’ailleurs pourquoi il est présenté dans ce texte comme un écrivain philosophique qui percevait le surréalisme comme une sorte de Weltanschauung, comme un « nouveau cogito », capable de rivaliser avec la clarté et la précision de Descartes pour « devenir une nouvelle volonté, un nouveau mode de vie, peut-être même un changement de la vie »[43]. Le titre de son essai, Dogme et création, nous fait découvrir l’un des postulats essentiels de sa pensée : au dogme, Matić oppose la création qui est par principe un ennemi du dogmatisme.

Quant à sa pensée théorique et sa production littéraire, Jeremić souligne une contradiction persistante entre les deux activités de Matić mais précise qu’il a créé une œuvre poétique qui s’apparente à une réaction toute personnelle aux évènements des quatre dernières décennies de son pays et capte en même temps l’esprit de l’Histoire de son peuple.

L’œuvre de Matić est en effet davantage une chronique poétique des évènements historiques et culturels qu’une œuvre écrite selon un plan dicté par une idée précise et un idéal esthétique.[44]

En conclusion de son étude, Dragan Jeremić souligne à quel point cette œuvre a influencé et inspiré d’autres écrivains serbes de l’époque, Jovan Hristić, Borislav Radović, Draško Ređep. Les recherches sur son œuvre démontrent que celle-ci demeure le lien le plus sûr entre la littérature serbe traditionnelle et moderne.

L’année suivante, en 1969, Les Lettres françaises publie un entretien avec Dušan Matić réalisé par René Lacote[45]. Par rapport au texte précédemment évoqué, le point de vue diffère : c’est un auteur français qui, à travers une optique personnelle et lyrique, à travers les souvenirs et témoignages du poète serbe qui a passé en France une partie de sa jeunesse, s’attache à sa vie et à son œuvre. Ainsi, avec une émotion particulière, Matić se souvient de l’année 1916 et de sa première venue à Paris :

C’était un Paris de guerre qui vivait en sourdine, beaucoup de magasins étaient fermés : il n’y avait pas d’étrangers, Notre-Dame était recouverte de sacs de sable…[46]

Être à Paris et assister à la naissance de l’art moderne était primordial pour le jeune homme, très stimulant aussi pour son intense activité artistique. En expliquant à Lacote l’importance, la singularité et la place du surréalisme yougoslave – venu à Belgrade dans les bagages des étudiants serbes comme il le dit – Matić affirme qu’il le considère comme le premier et le plus remarquable mouvement de l’entre-deux-guerres. Mais ce qui demeure la caractéristique particulière du surréalisme à Belgrade, précise-t-il, c’est son développement sous un régime de terreur policière.

Dans cet entretien, Lacote regrette que les traductions françaises des écrits de Matić soient dispersées mais argue que le public français a besoin d’ouvrages publiés sous forme de livres. À la question : « Comment, selon-vous, en attendant un tel ouvrage, pourrions-nous sommairement situer votre œuvre poétique ? », Matić répond :

On dit que je suis deux fois poète. J’ai publié des poèmes dans la période 1920-1930. Après la dernière guerre, j’ai recommencé à publier beaucoup de poèmes. Mais j’ai toujours une hésitation à publier. Cela vient d’un scepticisme, d’une réserve que dans les années 20 nous avions à l’égard de la chose publiée.[47]

Le poète avoue avoir été très inspiré par les auteurs français qu’il estimait beaucoup, notamment Chateaubriand. À propos du romantisme et de l’influence de ce mouvement artistique qu’il aurait subie, il souligne combien, selon lui, tout vient du romantisme :

Le surréalisme est un moyen d’aller aux sources de la pensée. Au commencement, écrire, c’était pour nous trouver des métaphores. Tout un texte est une métaphore. J’ai écrit un poème qui s’intitule Arènes, sur ces fenêtres romaines ou l’infini se répète. Si l’infini se répète, je ne sais pas ce qu’il est.[48]

Suite au décès de son amie Elsa Triolet au mois de juin 1970, Matić sera le seul écrivain de langue serbo-croate qui aura l’honneur d’être sollicité par la rédaction des Lettres françaises pour rédiger un texte qui sera inclus dans un bloc thématique qui réunira ceux des plus grands auteurs de l’époque, Pablo Neruda, Jacques Mayol, Alain Bosquet, Jean-Louis Barrault… Matić intitulera sa nécrologie « La voix d’Elsa »[49], un hommage rendu à une grande écrivaine, journaliste et amie, et aussi à la poésie de Louis Aragon dont beaucoup de poèmes portent des titres identiques. Nous noterons non sans intérêt que Matić commence son article par des vers de l’écrivain romantique serbe Branko Radičević : « Elle n’était plus. Elle était la voix ».[50] La présence de l’écrivain serbe dans ce numéro spécial des Lettres françaises a eu son écho dans la presse littéraire en Yougoslavie. Књижевне новине [Le journal littéraire] de Belgrade, le journal phare de la littérature et de la culture en Yougoslavie de l’époque, et pour lequel Matić a rédigé un nombre imposant de textes sur les auteurs français, a annoncé le 4 juillet 1970, dans le numéro 368, la parution de ce texte dans Les Lettres françaises. Il y souligne l’honneur pour cet écrivain de se trouver parmi les plus grands intellectuels de l’époque.

Conclusion

En analysant la présence de la littérature serbe dans Les Lettres françaises, nous avons constaté que cette revue a consacré une attention particulière à une littérature peu connue en France, et aussi que sa présence dépendait des relations entre la France et la Yougoslavie de l’époque. Toutefois, et même si ces relations avaient dans une certaine mesure influencé les rapports entre les poètes français et serbes, Les Lettres françaises auront réussi à entretenir, vingt-cinq ans durant, un intérêt continu pour les auteurs contemporains serbes et surtout pour le mouvement du surréalisme qui a soudé les deux cultures et littératures. Par ailleurs, tous les auteurs français qui ont écrit sur la littérature serbe ont presque tous fait le même constat, à savoir qu’il s’agit d’une littérature primordiale, mais insuffisamment connue en France.

 

BIBLIOGRAPHIE :

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Lacombe, Lia, « Un certain été au Monténégro », Les Lettres françaises, 3-10 mars 1966.

Lacote, René, « Dušan Matić, poète yougoslave sur les traces de Dusan Matić à Paris », Les Lettres françaises, 7-13 mai 1969, n°1282.

Marenac, Jean, « Avec Paul Eluard en Yougoslavie », Les Lettres françaises, 2 août 1946, n°119.

Matić, Dušan, « La voix d’Elsa », Les Lettres françaises, 24-30 juin 1970, n°1340.

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Renaud, Tristan, « Fêtes de la dérision », Les Lettres françaises, 5 mars 1969

 

Велимир Младеновић

СРПСКА КЊИЖЕВНОСТ У ЧАСОПИСУ LES LETTRES FRANÇAISES
(1945-1970)

Сажетак : Овај рад има за циљ да покаже и анализира све текстове објављене у часопису Les Lettres françaises од 1945-1970 године у којима се налазе информације о српској књижевности. Како су ти текстови објављени за време постојања Југославије, логично је да нема много прилога који се директно односе на српску књижевност као националну, али је зато у већини објављених чланака реч о српским ауторима и њиховим делима. Наша анализа покушава да одговори на следећа питања: које теме, жанрови и писци су изазвали интересовање француског недељника ; и шта је мотивисало, на политичком и естетком плану, објављивање у Les Lettres françaises текстова који се односе на српску књижевност ?

Кључне речи: Les Lettres françaises, српска књижевност, Луј Арагон, Миодраг Булатовић, Душан Матић

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NOTES

[1] Francois Eychart, Georges Aillaud, Les lettres française et Les Étoiles dans la clandestinité, Le Cherche Midi, Paris, 2008, p. 9.

[2] Claude Morgan, « Soleils sur les Balkans », Les Lettres françaises, du 1er décembre 1945, n° 84, p.1.

[3] Marko Ristić a été l’ambassadeur de la Yougoslavie en France de 1945 à 1948.

[4] Louis Aragon, « Á Paris comme à Rebesinje », Les Lettres françaises, 14-21 mai 1946, n° 108, p. 5.

[5] En 1858 il est devenu le directeur de la chaire des études slaves au Collège de France.

[6] Louis Aragon, op. cit., p. 5.

[7] Il s’agit du roman de Constantin Amero Militza, histoire d’hier, Ernest Flammarion, Paris, 1894.

[8] Jean Marenac (1914-1984), écrivain, poète, journaliste français, très proche de Louis Aragon et Elsa Triolet. Il a traduit les poèmes de Pablo Neruda en français.

[9] Jean Marenac, « Avec Paul Éluard en Yougoslavie », Les Lettres françaises, 2 août 1946, n°119, p.7.

[10] Bloch J.R., « Aux premiers congrès des écrivains yougoslaves », Les Lettres françaises, 17 janvier 1947, n° 143, p. 5.

[11] Le premier Congrès des écrivains yougoslaves s’est tenu à Belgrade du 17 au 19 novembre 1946.

[12] De son vrai nom Samuel Rosenstock (1896-1963), essayiste et écrivain de langue roumaine et française, l’un des fondateurs du mouvement Dada dont il sera par la suite le chef de file.

[13] Jean-François Chabrun, « Á travers les Balkans, une interview avec Tristan Tzara », Les Lettres françaises, 31 janvier 1947, n° 145, p. 5.

[14] Dominique Desanti, « Quatre langue une littérature », Les Lettres françaises, 20-27 juin 1947, n °161, p.7.

[15] Ibid., p. 7.

[16] Ibid., p. 7.

[17] Pour plus de détails sur le rapport d’Andrić à la littérature française, voir : Jelena Novaković, Ivo Andrić : la littérature française au miroir d’une lecture serbe, Paris, L’Harmattan, 2014.

[18] Ce roman est publié en français sous deux titres différents : Il est un pont sur la Drina (1956, trad. de Georges Luciani) ; et Le pont sur la Drina (1994, trad. de Pascale Delpech).

[19] Ibid., p. 7.

[20] Ibid., p.7.

[21] Jean Gaugeard, « Le loup et la cloche de Miodrag Bulatovic », Les Lettres françaises, 17-24 décembre 1964, p. 7.

[22] « Quatre questions à Miodrag Bulatovic », entretien, propos recueillis par Jean Gaugeard, Les Lettres françaises, 18-24 novembre 1965, p. 13.

[23] Lia Lacombe, « Un certain été au Monténégro », Les Lettres françaises, 3-10 mars 1966, p. 9.

[24] Tristan Renaud, « Fêtes de la dérision », Les Lettres françaises, 5-11 mars 1969, p. 4.

[25] Le Coq rouge (Crveni petao leti prema nebu). Roman, Trad. du serbo-croate par Edouard Boeglin. – Paris : Editions du Seuil, 1963. – 286 p. / Le Loup et la cloche (Vuk i zvono). Roman, Trad. du serbo-croate par Janine Matillon. – Paris : Editions du Seuil, 1964. – 186 p. / Le Héros à dos d’âne (Heroj na magarcu). Roman, Trad. du serbo-croate par C. Bailly. – Paris : Editions du Seuil, 1965. – 379 p. / Arrête-toi, Danube (Ðavoli dolaze). Nouvelles, Trad. du serbo-croate par Claude Bailly. – Paris : Editions du Seuil, 1968. – 266 p.

[26] Voir sur ce sujet : Milivoj Srebro, « Génie ou imposteur ? Miodrag Bulatović vu par la critique française », Serbica, revue électronique, Université Bordeaux Montaigne, n° 10, novembre 2014. URL : https://serbica.u-bordeaux-montaigne.fr/index.php/recherches/etudes-de-reception/154-recherches/reception/831-genie-ou-imposteur-miodrag-bulatovic-vu-par-la-critique-francaise-m-srebro

[27] Hubert Juin, « Serbe ou croate, yougoslave ou monténégrin », Les Lettres françaises, 14-20 février 1963, n° 965, p. 5.

[28] Ibid,  p. 5.

[29] « Quatre questions à Miodrag Bulatovic », op. cit., p. 13.

[30] Tristan Renaud, op. cit., p. 4.

[31] Pierre Gammara, « La prose yougoslave contemporaine », Les Lettres françaises, 18-24 juin 1959, n° 778, p.3.

[32] Anthologie de la prose yougoslave contemporaine, traduit du serbo-croate en français par : Vera Naumov - Zoritsa Hadji-Vidoïkovitch, Seghers-Unesco, Paris, 1959.

[33] Jean Gaugeard, « Branko Radičević, Demande à être compris », Les Lettres françaises, du 7 au 13 mars 1963, n° 968/, p.3.

[34] Ibid, p.3.

[35] Ibid, p.3.

[36] Goran Miloradović, Lepota pod nadzorom, sovjetski kulturni uticaji u Jugoslaviji 1945-1955, Insitut za savremenu istoriju, Beograd, 2012.

[37] Il s’agit du texte « Un Sarajevo de la paix », du 20 mai 1948, n°209, p. 1, dans lequel l’auteur parle de la situation politique à Bogota. 

[38] Dans une lettre d’Antoine Vitez (inédite, déposée à la bibliothèque Dušan Matić à Ćuprija) adressée à Dušan Matić en 1974, nous lisons qu’ils se sont rencontrés chez Louis Aragon quelques jours avant la mort de Triolet.

[39] Les Lettres françaises, du 18 au 24 septembre, n°1249/1968, p. 1 ; 3-6.

[40] Divisée en trois parties : « Le ciel poétique de Matić », « Un poète dont l’œuvre contient des antinomies » et « L’imperfection comme principe », cette étude, traduite en français par Zlata Cognard, fut rédigée spécialement pour ce numéro.

[41] Ibid., p.3.

[42] Ibid., p. 3.

[43] Ibid., p. 4.

[44] Ibid., p. 4.

[45] René Lacote, « Dušan Matić, poète yougoslave sur les traces de Dusan Matić à Paris », Les Lettres françaises, du 7 au 13 mai 1969, n°1282, p. 3.

[46] Ibid., p. 3.

[47] Ibid., p. 4.

[48] Ibid., p.4.

[49] Dušan Matić: « La voix d’Elsa », Les Lettres françaises, du 24 au 30 juin 1970, 1340, p. 8.

[50] Ibid., p. 8..

 

Date de publication : octobre 2019

 

DOSSIER SPÉCIAL : Les relations littéraires et culturelles franco-serbes dans le contexte européen

 

Date de publication : juillet 2014

 

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Le poème titré "Salut à la Serbie", écrit en janvier 1916, fut lu par son auteur Jean Richepin (1849-1926) lors de la manifestation pro-serbe des alliés, organisée le 27 janvier 1916 (jour de la Fête nationale serbe de Saint-Sava), dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. A cette manifestation assistèrent, â côté de 3000 personnes, Raymond Poincaré et des ambassadeurs et/ou représentants des pays alliés.

Grace à l’amabilité de Mme Sigolène Franchet d’Espèrey-Vujić, propriétaire de l’original manuscrit de ce poème faisant partie de sa collection personnelle, Serbica est en mesure de présenter à ses lecteurs également la photographie de la première page du manuscrit du "Salut à la Serbie".

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