LE LIVRE DU MOIS : décembre 2015 |
Gallimard Collection Du monde entier 144 pages 2002
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Borislav Pekić L'HOMME QUI MANGEAIT LA MORT Čovek koji je jeo smrt Traduit du serbo-croate par Mireille Robin David Albahari GOETZ ET MEYER Gec i Majer Gallimard, 2002
Borislav Pekić L'HOMME QUI MANGEAIT LA MORT Čovek koji je jeo smrt Traduit du serbo-croate par Mireille Robin Présentation de l'éditeur Un professeur de lettres entre deux âges, juif belgradois, célibataire, est amené à fouiller les archives et à explorer la période de la Deuxième Guerre mondiale qui a vu disparaître presque toute sa famille, au point que la cime de son arbre généalogique se trouve réduite à quelques branches malingres et presque sèches. Au cours de ses recherches, il trouve la trace de Goetz et de Meyer, deux jeunes sergents-chefs S.S., envoyés de Berlin à Belgrade dans un but précis : dans un camion spécialement aménagé, avec Goetz ou Meyer au volant, cinq mille femmes, enfants et vieillards juifs de Serbie devaient être exterminés. Quels sont les vrais visages de Goetz et de Meyer ? Cette question devient l'obsession du professeur, et la quête d'une réponse s'égrène au fil des pages de ce livre où le désespoir et l'impossible identification aux bourreaux, afin de comprendre, se disent avec une violente ironie.
L’Histoire, contestation de la mort Sans surprise pour qui a lu les livres précédents de David Albahari, le thème de la souffrance des juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale attendait tout simplement l’écrivain. Dans sa prose, ce thème s’était dans un premier temps trouvé confiné dans un silence permanent, obstiné, sans doute à cause de son insupportable intensité tragique. En lien direct avec ce silence est le fait que tous les héros juifs du cercle fictionnel d’Albahari, du « je » narrateur, parlent bas, durablement affligés, en derniers gardiens du souvenir de la mort massive, monstrueuse, qui glacerait le diable en personne tant elle outrepasse toutes les formes de son imagination. Pour exprimer les choses différemment : le thème de l’Holocauste est le fonds implicite, actif dans le mutisme, de l’histoire que narre Albahari. Quand il n’est pas de mots pour la traiter, reste le silence. Et il en fut longtemps ainsi. [...] > Texte intégral < |
David Albahari |
Auteur : David Albahari (1948)
Chef de file de la jeune génération des prosateurs des années 1980 et promoteur fervent des idées postmodernistes venues d’outre-Atlantique, David Albahari – nouvelliste, romancier et traducteur de l’anglais – est l’une des figures de proue de la littérature contemporaine serbe. Il s’affirme d’abord en tant que maître du récit court en publiant toute une série de recueils de nouvelles qui se présentent à la fois comme autobiographiques, fictionnelles et métafictionnelles. […] Un changement notable dans la vie et dans la prose d’Albahari s’opère durant les années 1990, à une époque particulièrement agitée marquée par la guerre fratricide en ex-Yougoslavie. Issu d’une famille juive marquée par les traumatismes causés par l’holocauste, et désemparé devant l’absurdité de la guerre civile dans son pays, Albahari a décidé de s’installer au Canda. Ni proscrit ni persécuté, ni réfugié ni exilé, il a choisi, en fait, délibérément le destin de l’expatrié pour pouvoir « respirer librement ». […] Certes, dans les romans écrits depuis son expatriation en 1994 – L’Homme de neige, L’Appât, Ténèbres, Goetz et Meyer, Globe-trotteur, Sangsues … – on retrouve toujours les traits caractéristiques de sa poétique postmoderniste. Mais le champ thématique de ces livres est sensiblement différent : dans l’univers clos et intimiste des nouvelles, a fait irruption la Grande Histoire, la bouleversante histoire des Balkans. […] Traduit jusqu’à présent en une quinzaine de langues, dont le français, Albahari est en bonne voie pour atteindre un prestige international semblable à celui de son grand prédécesseur, Danilo Kiš. > Texte intégral < A lire aussi : |
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