LE LIVRE DU MOIS : AVRIL 2017 |
Banatski kulturni centar 2017
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Vladislav Petković Dis LES AMES ENGLOUTIES Утопљене душе Traduit du serbe par Dr Boris Lazić Présentation du traducteur Poète visionnaire, chantre de la décadence et de la mort, peintre de la décrépitude et du néant, mais aussi poète de l’ardent désir d’amour, de reconnaissance par-delà les signes manifestes du néant, peintre d’une lassitude aussi vaste que la vie et érigée en métaphysique, Dis réussit à traduire sa quête spirituelle, l’expression de l’inconscient et de l’irrationnel, par la sonorité et la musicalité du vers. Sa poésie représente l’aboutissement du mouvement symboliste serbe. Elle en exprime la quintessence réflexive et musicale. Elle exprime le sentiment de finitude, de lassitude, d’inanité et s’articule autour de trois symboles principaux : la geôle, les étoiles, les yeux. Tous trois sont présents dans son poème programmatique Тамница / La geôle ainsi que dans Можда спава / Peut-être dort-elle et Нирвана / Le Nirvana. Le lyrisme de Dis évoque le gouffre du vide, du temps, des éons – reflet des nouvelles connaissances scientifiques de l’époque (Le Sixième jour de Rastko Petrović en témoigne aussi). Lyrisme du symbole, identification de l’âme du monde à l’âme de l’homme, cosmogonie lyrique et individualiste où le sujet lyrique est entre éveil et rêve, au seuil d’illuminations aussi soudaines qu’aléatoires. A cela s’ajoute, sur le plan du langage, les valeurs musicales et sonores (introduction de prosaïsmes, de fonctions lexicales ou syntaxiques du langage parlé, ouverture vers le vers libre, blanc, surtout dans ses poèmes d’exil), l’élaboration d’un lyrisme musical qui exprimerait le rythme du monde, son envolée créatrice, son inexorable chute dans le néant. |
Vladislav Petković Dis (1880-1917)
Admirable figure que celle de Vladislav Petković Dis, parnassien et symboliste, dont Les Ames englouties (1911) marquent, sous le sceau du scandale, l’avènement de la poésie décadente dans les lettres serbes. Compagnon de route de Sima Pandurović et de la bohème de Skadarlija, ennemi doux et placide de l’Université et de l’Académie, figure légendaire du Parnasse serbe, celui dont la poésie chantait "les âmes englouties" et l’ardent amour de la Patrie trouvera lui-même la mort dans les eaux troubles de l’Adriatique lors de la Grande Guerre, après que son bateau eut été torpillé par l’ennemi, au large de l’île grecque de Corfou. Mort stupéfiante, mort ô combien symbolique pour le « poète maudit », peintre de visions macabres, nihilistes. [>Texte intégral<] Boris Lazić |
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