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![]() Rastko Petrović
![]() Stanislav Vinaver
![]() Ljubomir Micić
![]() Isak Samokovlija
![]() Momčilo Nastasijević
![]() Marko Ristić
![]() Branko Ćopić
![]() Isidora Sekulić
![]() Skender Kulenović |
LITTERATURE — CHRONOLOGIE
– 4 – 1918 - 1945 : Du Royaume de Yougoslavie à la Deuxième guerre mondiale
1919 Lirika Itake (Lyrique Ithaque), recueil de poèmes de Miloš Crnjanski (1893-1977), personnage central du « modernisme d’après-guerre » : expression d’une révolte contre la guerre, d’une sensualité douloureuse et d’un cosmopolitisme purificateur. Lirika Itake / Lyrique d'Ithaque
Srpski književni glasnik (Le messager littéraire serbe) est à nouveau publié, mais s’éteindra en 1941, à la suite de l’invasion du pays par les Allemands. Le jeune poète Dušan Vaslijev (1900-1923) exprime d’une manière authentique l’état d’esprit défaitiste « d’une génération perdue » dans une poésie intitulée Čovek peva posle rata (L’homme chante après la guerre). Ivo Andrić abandonne la poésie pour la prose et, durant l’entre-deux-guerres, s’affirme en tant que peintre de la Bosnie d’autrefois. Il joint à la peinture réaliste du milieu oriental un sentiment moderne de la solitude et des dangers qui menacent l’homme.
Dans la collection de l’Albatros sont publiés les livres des principaux modernistes de Belgrade : un roman de Rastko Petrović, intitulé Burleska gospodina Peruna boga groma (Le burlesque du seigneur Péroune, dieu de la foudre), Dnevnik o Čarnojeviću (Le journal de Čarnojević), roman lyrique de Miloš Crnjanski et Gromobran svemira (La paratonnerre de l’univers), recueil d’essais de Stanislav Vinaver. Déjà connu avant la guerre, Vinaver (1891-1955) a laissé un œuvre abondante : poésies et essais, dans lesquels il consacre une attention particulière au langage moderne [Jezičke mogućnosti (Possibilités du langage), Jezik naš nasušni (Notre langue quotidienne) etc.]. Stražilovo – poème de Miloš Crnjanski sur les thèmes de l’errance, du retour et de la mort, une des meilleures créations de la poésie serbe.
Nouvelle montée de l’avant-garde littéraire. Revue Putevi (Chemins), Svedočanstva (Témoignages), Zenit (Zénith). Cette dernière, en réunissant, en plus des modernistes yougoslaves, plus d’une centaine d’écrivains et d’artistes étrangers, inaugure un nouveau courant artistique, appelé « zénithisme ».
Otkrovenja (Révélations) – poésies d’avant-garde de Rastko Petrović (1898-1949). Il s’est exprimé aussi en prose : récit de voyage Afrika (Afrique, 1930), un bref roman intitulé Ljudi govore (Les hommes parlent, 1931) et un ample roman posthume évoquant la Première Guerre mondiale et publié sous le titre de Dan šesti (Le sixième jour, 1955).
Premier livre de poésies de Desanka Maksimović (née en 1898) dont les caractéristiques – la simplicité de l’expression, la diversité de thèmes et des nuances, une douce sensibilité et une forme traditionnelle – se maintiendront dans ses très nombreuses œuvres ultérieurs.
Anti-poème d’avant-garde, Javna ptica (L’oiseau public) de Milan Dedinac (1902-1966), futur surréaliste.
Bandit ili pesnik (Bandit ou poète) de Rade Drainac (1899-1943) : poésie de la bohème et du « paysage urbain ».
Un groupe d’intellectuels de gauche lance la revue Nova literatura (Littérature nouvelle) qui marque le début d’une littérature à caractère social, prédominant dans les littératures yougoslaves jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les idéologues de ce courant et les écrivains qui s’en réclamaient demandaient la rupture avec le modernisme, le renouveau du réalisme et la subordination de la littérature à la lutte de la classe ouvrière pour une transformation révolutionnaire de la société (Pavle Bihalji, Oto Bihalji-Merin, Jovan Popović, Djordje Jovanović, Radovan Zogović, Milka Žicina, Čedomir Minderović etc.)
C’est en écrivant Gospodja ministarka (La femme du ministre) que Branislav Nusic, après une interruption de plusieurs années, se tourne de nouveau vers la comédie. Seobe (Migrations), roman poétique et historique de Milos Crnjanski sur le thème de l’émigration et des pérégrinations. Pripovetke (Nouvelles) d’Isak Samokovlija (1889-1955), découvrant le monde de Sefardim de Bosnie.
Le surréalisme belgradois, en tant que mouvement organisé, est étroitement lié au surréalisme français. Almanach Nemoguće (L’impossible), œuvres collectives, Pozicija nadrealizma (Position du surréalisme), Nadrealizam danas i ovde (Le surréalisme ici et maintenant) etc., plusieurs œuvres individuelles parmi lesquelles il convient de signaler surtout les poèmes d’Aleksandar Vučo (1897). Les principaux représentants du mouvement sont : Marko Ristić, Milan Dedinac, Dušan Matić, Aleksandar Vučo, Oskar Davičo.
Nemoguće / L’impossible et Nadrealizam danas i ovde / Le surréalisme ici et maintenant
Pet lirskih krugova (Cinq cercles lyriques), poésies de Momčilo Nastasijević (1894-1938) à l’expression condensée, à la fois archaïque et moderne, avec des éléments d’un mysticisme folklorique et religieux. Nastasijević a écrit, en outre, des nouvelles, des drames musicaux et des essaies. Il rejetait les influences étrangères pour rechercher des modèles poétiques dans la tradition nationale, en particulier dans les textes médiévaux et dans la littérature orale.
Le roman Pokošeno polje (Le champ fauché) de Branimir Ćosić (1903-1934) : son optique de l’occupation austro-hongroise et sa critique de la société belgradoise après la guerre. Parution de Danas (Aujourd’hui), revue de gauche, dirigée par Miroslav Krleža et Milan Bogdanović et qui publia, entre autres, un essai de Marko Ristić (1902), intitulé Moralni i socijalni smisao poezije (Le sens moral et social de la poésie) où l’auteur tente de réconcilier « la révolution surréaliste » avec une nouvelle tendance qui mettait « le surréalisme au service de la révolution ». Revue Danas / Aujourd’hui, n° 1
Premiers livres de nouvelles de Branko Ćopić (1915-1984), écrivain fécond d’inspiration diversifiée : le tableau qu’il brossa des paysages bosniaques et de la situation où se trouvait la Bosnie est imprégné de lyrisme et d’humour. Ćopić est le meilleur représentant de la prose régionale qui, vers les années trente, connut un renouveau (Dušan Radić, Isak Samokovlija, Borivoje Jevtić, Dušan Djurović, Marko Marković et d’autres).
Essai de Marko Ristić San i java Don Kihota (Le rêve et la réalité de Don Quichotte), publié dans la revue Pečat (Le sceau) où Krleža fit imprimer son écrit polémique bien connu, intitulé Antibarbarus : les deux œuvres constituent une défense de la liberté de création contre l’art à thèse étroitement conçu ; ce fut là le moment crucial du conflit au sein de la gauche, entre le groupe de Krleža et les représentants de la « littérature sociale », proches du Parti communiste de Yougoslavie. Revue Pečat / Le sceau
Apogée de la création littéraire d’Isidora Sekulić (1877-1958) : publication de sa meilleure œuvre en prose, Hronika palanačkog groblja (La chronique d’un cimetière de province), traitant de la décadence sociale et morale des familles bourgeoises de son pays natal, ainsi que de son recueil d’essais le plus important, Analitičke teme i trenuci, I-III, où elle prend parti pour le non-conformisme et apparaît comme une virtuose du style.
A la suite de l’occupation de la Yougoslavie par les puissances de l’Axe, des soulèvements populaires, dirigés par le Parti communiste de Yougoslavie, éclatent dans le pays tout entier. Au cours de la lutte de libération une littérature spécifique se crée, reposant sur la tradition patriotique et révolutionnaire, étroitement liée aux conditions et aux objectifs de cette lutte. Les œuvres les plus importantes sont : Stojanka majka Knežopoljka (Stojanka, une mère de Knez-polje) de Skender Kulenović (1910-1978), poème écrit dans le style des lamentations populaires, Istinita legenda (Une légende vraie) de Jovan Popović (1905-1925), récits sur les exploits de personnages réels, Ognjeno radjanje domovine (Naissance de la patrie dans le feu) de Branko Ćopić, poèmes d’inspiration populaire, Iz partizanskog dnevnika (Pages de mon journal de partisan) de Rodoljub Čolaković (1900-1983). |