![]() Ljubomir Nenadović
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LITTÉRATURE — CHRONOLOGIE
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1804 - 1918 : De la Première insurrection serbe à la formation du premier Etat yougoslave
1804-1813 Première Insurrection serbe contre la domination ottomane en Serbie. Avec le début de la libération du pays, une activité culturelle et littéraire s’amorce. Des intellectuels serbes, venus de toutes parts s’assemblent dans Belgrade libéré, et parmi eux Dositej, qui fut le premier ministre de l’Education du gouvernement insurrectionnel.
Publication des premières œuvres de Vuk Karadžić (1787-1864) : une Grammaire et un recueil de Chants populaires. Vers la fin de cette même année et au cours de la première moitié de l’année suivante, il recueille en Syrmie (Srem) d’autres chants populaires. Plus tard, en poursuivant cette tâche dans diverses régions serbes et croates, il note, lui-même ou avec le concours de collaborateurs, un très grand nombre de chants qu’il publie en quatre volumes (un volume de chants lyriques et trois de chants épiques). En 1853, il fait imprimer un recueil de contes populaires et, en 1836, un recueil de proverbes. Après sa mort, paraît une édition de ses recueils de littérature populaire en dix volumes.
Sima Milutinović-Sarajlija (1791-1847) écrit ses premières poésies romantiques (poèmes d’amour, poèmes d’inspiration cosmique, poèmes patriotiques). Plus tard, il se rapproche du pseudo-classicisme, alors en vigueur, surtout dans son épopée intitulée Srbijanka (1862) qui traite de la lutte contre les Turcs. 1818 Srpski rječnik (Dictionnaire serbe) de Vuk Karadžić, œuvre capitale de la philologie et de la culture serbe. Avec Karadžić apparaît la première critique littéraire serbe (1817) et les premiers travaux historiques rédigés dans un esprit critique. Ceux-ci sont consacrés surtout aux protagonistes de la Première Insurrection serbe, dont il était le contemporain. Dans ses écrits Karadžić fait preuve d’un extraordinaire don de prosateur.
Dictionnaire serbe
Fondation de Letopis Matice srpske (Annales de la Matica serbe), revue qui n’a cessé depuis de paraître, sauf pendant les deux guerres mondiales. Annales de la Matica serbe
1830 Après s'être essayé, dans sa jeunesse, à des tragédies dont les sujets étaient puisés dans l’histoire serbe et bulgare, Jovan Sterija Popović (1806-1856) se tourne vers la comédie où il obtient de grands succès : Tvrdica (L’avare), Rodoljupci (Les patriotes) etc. Il écrit aussi des romans et des poésies. Son œuvre poétique marque la fin du pseudoclassicisme serbe, avec son recueil de poésies de méditation pessimiste, intitulé Davorje (1854).
L’avare
1834 Pustinjak cetinjski (L’ermite de Cetinje), recueil de poésies de Petar Petrović Njegoš (1813-1851), prince-évêque du Monténégro. Outre des odes de circonstance, ce recueil contient des vers d’une puissante inspiration religieuse et historique qui annoncent un grand poète.
Fondation, à Belgrade, de la Société des lettres serbes qui, plus tard donnera naissance à l’Académie serbe (1886).
Luča Mikrokozma (La Lumière du Microcosme) – épopée spirituelle de Petar Petrović Njegoš, originale par sa conception et fondée sur une riche tradition mythique, religieuse et philosophique. La Lumière du Microcosme 1847 Triomphe de la réforme de Vuk Karadžić : publication de sa traduction du Nouveau Testament. Gorski Vijenac (La Couronne de la Montagne), poème dramatique de Petar Petrović Njegoš, exaltant la lutte pour la liberté, une des plus grandes œuvres de la littérature serbe. Pesme (Poésies) de Branko Radičević (1824-1853), l’un des plus purs romantiques serbes. Rat za srpski jezik i pravopis (La guerre pour la langue et l'orthographe serbes) – traité philologique de Djura Daničić (1825-1882) qui a renforcé la base théorique du combat de Vuk Karadžić.
Ljubomir Nenadović (1826-1895) publie son premier récit de voyage intitulé Pisma iz Graifsvalda (Lettres de Greifswald), suivi plus tard des Pisma iz Švajcarske (Lettres de Suisse), puis d'Italie, d'Allemagne etc.
Dva idola (Deux idoles) de Bogoboj Atanacković (1825-1858), début du romantisme dans le roman.
Epoque de l'Union des Jeunes Serbes: épanouissement du romantisme, âge d'or du lyrisme: Jovan Jovanović-Zmaj (1833-1904), Djura Jakšić (1832-1878), Laza Kostić (1841-1910) etc.
Après d'infructueux essais dans le domaine du roman historique, Jakov Ignjatović (1822-1889) se tourne vers le roman social avec des sujets contemporaines et obtient de grands succès : Milan Narandžić, Čudan svet (Un drôle de monde), Vasa Rešpekt, Večiti mladoženja (L’éternel fiancé) etc.
Djulići (Les petites roses) de Jovan Jovanović-Zmaj (1883-1904), recueil de poésies amoureuses et familiales, que suivra plus tard un autre recueil intitulé Djulići uveoci (Les petites roses fanées). Zmaj est le poète romantique serbe dont l’inspiration est la plus variée. En plus de ses œuvres lyriques, il a écrit des poésies satiriques, politiques et patriotiques ; en outre, ses poèmes pour enfants sont restés jusqu’à nos jours très appréciés du publique. Les petites roses et Les petites roses fanées
Maksim Crnojević, tragédie historique de Laza Kostić : triomphe du romantisme dans le drame. Djura Jakšić, lui aussi, excella dans ce genre.
Svetozar Marković (1846-1857), un des premiers socialistes serbes expose son programme dans un article intitulé Pevanje i mišljenje (Poésie et idées), critiquant le romantisme de son temps et plaidant pour le réalisme. Son utilitarisme social fut combattu par Laza Kostić, qui défendait l’indépendance de la poésie.
Premiers recueils poétiques de Djura Jakšić et de Laza Kostić. Jakšić écrivit des vers lyriques passionnés, mais s’essaya aussi avec succès au drame et à la nouvelle ; il fut en même temps un des peintres les plus remarquables de l’époque. Kostić unissait des tendances philosophiques à des expériences de langue et à des jeux de sonorité. Il s’est souvent heurté à l’incompréhension de ses contemporaines. Aujourd’hui, il est considéré comme un précurseur de la poésie moderne.
Naissance de la revue Otadžbina (La Patrie), principal organe littéraire de l’époque réaliste. Il doit son nom au poème de Djura Jakšić, publié dans le premier numéro. Avec Milovan Glišić (1847-1908) commence la période du conte réaliste rural. Stefan Mitrov Ljubiša (1882-1878) publie les Pripovjesti crnogorske i primorske (Contes du Monténégro et du Littoral) où il traite des sujets historiques et folkloriques de son pays natal. La revue Otadžbina (La Patrie)
Večiti mladoženja (L’éternel fiancé), le roman le plus important de Jakov Ignjatović où est dépeint un type de dandy provincial.
Apparition de Laza Lazarević (1851-1891), créateur de la nouvelle psychologique qui analyse surtout des conflits moraux entre l’individu et la société ; c’est un des plus grands maîtres de la prose serbe ["Prvi put s ocem na jutrenje" (La première fois que j’aillai à matines avec mon père), "Švabica" (L’Allemande) etc.]
Premier volume de nouvelles de Janko Veselinović (1862-1905), paru sous le titre de Slike iz seoskog života (Scènes de la vie rurale). Le réalisme non dépourvu d’éléments idylliques, qui le caractérise, se retrouve dans ses nouvelles ultérieures, ainsi que dans ses romans Seljanka (La paysanne), Hajduk Stanko (Le héidouque Stanko). Représentation de la première comédie de Branislav Nušić (1864-1938) Narodni poslanik (Le député) où l’auteur dépeint, comme dans toute ses comédies, le milieu petit-bourgeois et tourne en ridicule les travers et les abus de la vie politique.
Premier recueil de poésies de Vojislav Ilić (1860-1894) ; il marque la rupture avec le romantisme, introduit l’objectivisme dans la poésie et annonce le symbolisme.
Bakonja fra-Brne, roman pittoresque de Sima Matavulj (1852-1908), histoire d’un franciscain, grande œuvre du réalisme serbe. Par la suite, Matavulj a surtout excellé dans la nouvelle.
Essais critiques de Ljubomir Nedić (1858-1908), rupture avec la critique biographique et impressionniste, début de la critique esthétique.
Stevan Sremac (1855-1906), s’assure une place parmi les meilleurs prosateurs de l’époque. Il s’acquiert une grande popularité avec ses récits nostalgiques et humoristiques [romans : Ivkova slava (La fête d’Ivko), Pop Ćira i pop Spira (Le pope Ćira et le pope Spira), Vukadin, Zona Zamfirova et plusieurs volumes de nouvelles]. Mostar devient un centre littéraire important. Autour de la revue Zora (L’aube) se rassemblent les jeunes poètes Aleksa Šantić (1868-1924) et Jovan Dučić (1874-1943), Svetozar Ćorović (1875-1919) etc.
Gorski car (Le roi des forêts) de Svetolik Ranković (1863-1899), roman qui retrace le destin d’un hors-la-loi ; cette œuvre marque un tournant vers le roman psychologique.
Récits satiriques de Radoje Domanović (1873-1908) sur la vie politique de l’époque : "Stradija", "Danga" (Stigmates), "Vodja" (Le chef) etc. 1901 Fondation de la revue littéraire Srpski književni glasnik (Le messager littéraire serbe), organe le plus important des courants littéraires modernes. Son premier rédacteur en chef, Bogdan Popović (1863-1944), critique littéraire et théoricien, exerça une grande influence sur ses contemporaines. Le messager littéraire serbe Parution du premier recueil de poèmes de Jovan Dučić qui devint par la suite (1908-1911) la figure dominante de la poésie serbe. Quoique connu dès cette époque comme un maître de la forme, excellent versificateur et adepte de l'esprit occidental ses meilleurs poèmes sont ceux de son dernier recueil Lirika, paru en 1943.
Après ses deux recueils de nouvelles : Stari dani (Les jours anciens) et Božji ljudi (Les hommes de Dieu) et son drame lyrique Koštana, Borisav Stanković (1876-1927) devient un des écrivains les plus remarquables de l'époque. Nouvelles de Petar Kočić (1877-1916) : scènes de la vie des paysans exploités de Bosnie, imprégnés du sentiment de la nature.
Poésies de Milan Rakić (1876-1938) qui, avec Dučić, est un des célèbres poètes de l’époque : scepticisme intellectuel et pessimisme. 1908 Posmtrne počasti (Hommages funèbres) de Sima Pandurović (1883-1960) : lyrisme moderne, accueilli par la critique comme une sorte de « contagion littéraire » d’une sombre vision du monde.
Santa Maria della Salute de Laza Kostić, un des plus grands poètes de langue serbe : expression mystique et extatique d'un amour éprouvé pour une jeune fille morte. Après plusieurs livres de nouvelles consacrées à la Dalmatie, Ivo Ćipiko (1869-1923) publie sa meilleure œuvre, un roman social intitulé Pauci (Les araignées). Déjà connu comme poète, Veljko Petrović (1884-1967) qui, avec Šantić, renouvele la poésie patriotique, devient un bon prosateur et aborde les sujets les plus divers.
Nečista krv (Le sang impur) de Borisav Stanković, roman psychologique puissant qui dépeint, dans un milieu oriental, des passions refoulées et des destins tragiques. Chef-d’œuvre de la littérature serbe. Došljaci (Les nouveaux venus) de Milutin Uskoković. Premier roman sur la vie belgradoise 1911 Antologija novije srpske lirike (Anthologie de la poésie serbe moderne) de Bogdan Popović : un des recueils les plus déterminants de la littérature serbe ; le choix est fondé sur des critères esthétiques cohérents. Utopljene duše (Les âmes noyées), poèmes de Vladiislav Petković-Dis (1880-1917) ; expression irrationelle du mal de son siècle. 1914 Istorija nove srpske književnosti (Histoire de la littérature serbe moderne), œuvre capitale de Jovan Skerlić (1877-1914), synthèse de son travail de critique et d’historien de la littérature, Pisci i knjige (Ecrivains et livres, I-IX), et de plusieurs monographies, Srpska književnost u XVIII veku (La littérature serbe du 18e siècle), Omladina i njena književnost (Les Jeunes Serbes et leur littérature) etc. Aucun critique n’a exercé sur le public et sur les écrivains une plus grande influence. Il a également pris part à la vie publique et il défendit, à la veille de la Première Guerre mondiale, les idées de la social-démocratie et des conceptions pro-yougoslaves.
La vie littéraire, interrompue par la guerre, renaît en émigration. A Corfou paraît une revue, Krfski zabavnik (Magazine de Corfou), qui attira non seulement des écrivains serbes, mais aussi croates et slovènes. A Saloniquqe parut un recueil de poésies de Milutin Bojić (1892-1917), épuisé par les souffrances de la guerre, Pesme bola i ponosa (Poèmes de douleur et d’orgueil). Dès l’avant-guerre, Bojić s’était fait une renommée de poète et d’auteur dramatique de talent.
Le Sud littéraire Fondation à Zagreb, de la revue Književni jug (Le Sud littéraire) qui militait pour l’unité de la littérature yougoslave. Parmi ses rédacteurs se trouvent Miloš Crnjanski et Ivo Andrić qui, cette année-là, publient leurs premières œuvres : Crnjanski, une comédie poétique, Maska (Le masque), et Andrić, un recueil de poèmes en prose ayant pour sujet la guerre et l’exil (Ex Ponto). |