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HAUT MODERNISME ET POÉSIE DE FIN DE SIÈCLE

par

BORIS LAZIĆ

 

Résumé : L'étude a pour but d'établir, sur des bases textuelles, les thèmes et enjeux de la poésie serbe contemporaine. Entre poésie de l'exil et travail de mémoire, à la fois postmoderne et néochrétienne, elle témoigne, d'à même les ruines, d'un nouvel éruditisme et spiritualisme orthodoxe. 

Mots-clé : Mémoire, spiritualité, exil, postmodernisme, nouvelle avant-garde.

 

Introduction

Voici une Invitation au voyage en terre de poésie. On voyage – pour paraphraser le poète au rire amer, sardonique – comme on s’enivre : les manières sont diverses, leur but unique : se quitter, se perdre afin de se mieux retrouver, peut-être, en bout de course. Il existe ainsi plusieurs formes de récit de voyage de même qu’il y a plusieurs trips : la prose est par elle-même un voyage au cœur des existences individuelles, des psychologies humaines particulières, c’est une traversée de paysages variés des relations et interactions humaines, un rendu exact de ce que l’homme fait de l’homme, de ce que l’homme peut faire de l’homme. Le récit de voyage (l’ivresse des départs et des abandons aux routes nouvelles, aux corps de transports, de voluptés soudains), exprime le besoin de dépaysement au même titre qu’une volonté de comprendre l’autre. Il épanche la soif d’inconnu, de dépassement de soi et est, dans un même mouvement, une étude des accomplissements humains, des paysages, architectures et êtres façonnés par l’homme.

La lecture est une forme de voyage, de fuite. « Fuir, là-bas fuir ! » – certes, car il faut bien quitter, ne serait-ce que pour peu de temps, l’ego insupportable. Mais ce là-bas, où est-il ?, quel est-il ? En littérature, en poésie, on avance vers l’autre comme on avance vers soi-même : il s’agit d’un cheminement paradoxal, parallèle qui s’effectue en deux sens et dont le but ultime est l’archipel de l’universelle humanité. C’est à la lecture des belles lettres que l’homme se découvre, qu’il s’ouvre à lui-même. Divertissement et réflexion entremêlés donnent naissance aux extases des lettres.

La poésie témoigne de notre déficience ontologique. Cette déficience est l’essence de notre présence au monde. L’être qui n’a pas de fondement en lui-même (l’être conscient de sa perte irrémédiable), aspire à la grâce rédemptrice. La seule grâce impartie aux modernes est celle de l’acte artistique : acte libérateur, à la fois témoignage et réponse à la déficience ontologique. Et de même qu’il en est le témoignage, sa vertu esthétique la surpasse et la sublime. Car la poésie naît dans le sublime et n’existe que pour lui. C’est pourquoi toute poésie est extase, de même que tout acte de création est un divin transport qui sublime notre finitude. Finitude est notre présence au monde. La conscience et l’expression de cette finitude trouvent leurs formes les plus accomplies dans le poème, qui est la forme artistique la plus achevée : à la fois parole et rythme/mélodie, réflexion libre et associative, danse exacte et polycentrique, elle s’inscrit dans le temps et l’espace d’une écoute et par là est architecture de l’intellect, de la pensée.

Longue est sa tradition en pays serbe. Notre monde païen survivait hier encore dans la poésie lyrique et les gestes épiques des rapsodes féminins et masculins de Vuk Stefanović Karadžić : chute et rédemption dans les canons byzantins, à la grâce sévère et mélancolique ; le délire divin et la jouissance dans les beautés de la langue vernaculaire, chez nos romantiques. Le modernisme a vu la fusion du discours slavon serbe, à l’hexamètre ample et mesuré, réflexif, de Stojković, de Mušicki, de Sterija, et des versifications postromantiques variées de Vojislav Ilić, dans le vers libre aux autres contraintes des avant-gardistes. Chacune de ces voix poétiques est singulière, irremplaçable, unique : chacune entretient un dialogue avec la tradition (nationale, mondiale) et l’enrichit de son apport personnel, chacune recompose et renouvelle un monde à l’échelle des aspirations et regrets humains. Car puisqu’elle résume chacune de nos pertes, toute poésie est par définition une poésie des regrets.

1. La poésie serbe contemporaine

La poésie serbe contemporaine offre un important champ d'étude. Afin de pouvoir la rendre accessible au lecteur français, il a été inévitable d'effectuer un choix, d'y représenter un de ses échantillons, une des lectures possibles de sa diversité contemporaine. Le souhait du traducteur et rédacteur de cette étude est que le choix des poètes présentés puisse ouvrir de nouvelles perspectives quant à la réception de ce monde poétique aussi bien dans les cadres de recherches universitaires que littéraires. Ceux, parmi les écrivains et critiques qui étudient la littérature serbe contemporaine ou qui souhaiteraient la découvrir pourront trouver dans cet essai quelques nouveaux noms, nouvelles approches formelles dans le traitement du corps poétique, des sensibilités lyriques diverses et nuancées.

Il nous est apparu souhaitable de limiter ce choix d'auteurs à des écrivains dont la production littéraire débute dans les années soixante-dix pour pleinement s'épanouir dans les décennies suivantes. On peut ainsi avoir un aperçu du développement de la poésie serbe depuis les poétiques avant-gardistes des années soixante-dix et quatre-vingt jusqu'aux voix polyphones de la production littéraire actuelle.

Les poétiques présentes participent de plusieurs courants littéraires. Ce qui caractérise néanmoins les poètes de cette étude est une excellente connaissance de la tradition littéraire serbe, de la poésie serbe moderne[1]. Celle-ci va des post-romantiques et symbolistes Vojislav Ilić et Laza Kostić - précurseurs des temps nouveaux et des nouvelles rigueurs formelles - suivies par Vladislav Petković Dis et les modernistes de l'art pour l'art tels Milan Rakić et Jovan Dučić, des expressionnistes et avant-gardistes Milos Tsernianski, Momčilo Nastasijević, Rastko Petrović, Stanislav Vinaver et Rade Drainac, de la poésie imprégnée de mélodie romantique de Desanka Maksimović, à une autre grande école - avec celle de Paris - du surréalisme européen, représentée par Dušan Matić, Milan Dedinac et Oskar Davičo ; de la deuxième vague moderniste affranchie, après-guerre, du « Réalisme socialiste » - vague symbolisée par deux recueils et deux écrivains, « L'Écorce » de Vasko Popa et « 88 poèmes » de Miodrag Pavlović - auxquels il faut rattacher le lyrique Stevan Raičković ; à la figure mythique du néo-symboliste Branko Miljković et les poètes de sa génération ou ceux qui le précèdent de peu, Jovan Hristić, Borislav Radović, Miroslav Antić, Milovan Danojlić, Ivan V. Lalić.

Voilà pour ce qui est de la tradition littéraire nationale dans laquelle ils s'inscrivent. Il va sans dire qu'être poète aujourd'hui comprend également une excellente connaissance de la tradition poétique européenne et des précurseurs majeurs dans la poésie mondiale : il y est fait implicitement référence dans le long poème de Zoran Đerić.

Plusieurs conceptions disparates se rejoignent ici pour offrir au corps textuel, poétique une grande richesse d'éléments formels. Il en est ainsi du narratif et néo-lyrique, du recours au mythe, au discours métaphysique (souvent accompagné du souffle long), de la poétique de rupture du langage. Poétique de l'ironie, du doute, d'une remise en question du matériau (la langue) grâce auquel prend corps l'œuvre même, le poème. Ce travail sur le renouveau de la langue est un des traits essentiels de la poésie serbe moderne. Renouveau du langage, du vocabulaire, recherche de la « mélodie maternelle », expérimentations avec la graphie, mais aussi renouveau des thèmes et sujets abordés par les auteurs. Jeux transtextuels avec les grands thèmes, essai de réalisation du « Livre intégral », d'une « totalisation » de l'hypertexte en un souffle éclectique et baroque d’une part, d’une autre part poésie du dépouillement verbal souvent doublée d'une veine néo-lyrique (dont la tradition remonte à S. Vinaver et M. Nastasijević) au souffle bref et qui est non sans rappeler l'extrême économie avec laquelle, en France, Guillevic construisit son « Art poétique ». Un sentiment de perte, de mélancolie, irrémédiables, imprègne ces poèmes : entre identité(s) subie(s) et identité revendiquée[2], il témoigne d’une atmosphère et d’un temps (régime socialiste ; guerre civile ; transition démocratique).

2. Choix d'auteurs et de thèmes

Nous présentons poètes et poèmes par ordre chronologique. Les thèmes essentiels de la poésie serbe des deux décénies passées y sont présents et forment un corps distinct dans les lettres serbes contemporaines. Deux thématiques ressortent: d'une part la critique du monopartisme, de la dictature titiste, qui provoque l'exil pour des raison politiques, éthiques : d'autre part l'approche critique de la guerre civile yougoslave et de l'engagement occidental, la peinture du drame de l'exil (celui-ci aura pour raison le racisme, le nettoyage ethnique : destruction des Serbes de Krajina et du Kosovo, qui en tissent la trame essentielle).

Aleksandar Ilić oppose à Sarajlić une lecture critique de l'engagement communiste à l'aune des camps staliniens. Il s'agit d'un poème de la colère, semblable en ce sens à celui de Stanivuk, toutefois moins élégiaque et plus vindicatif. Là où Ilić pointe le doigt sur les inconséquences du bloc de l'Est, Stanivuk, Tontić, souffrants tous deux de la solitude de l'intellectuel serbe en but à l'incompréhension à la fois des siens et d'un occident qui déverse sur lui l'ostracisation de sa communauté d'origine en général font, l'un en France, l'autre en Allemagne, la critique de l'intelligentsia occidentale. Anušić et Devetak témoigne du nettoyage ethnique : le poème du premier est non sans rapeller, par ailleurs, la technique de l'énumération de la geste épique. Zoran Đerić parachève ce mouvement en composant une vaste lamentation sur la condition du poète, de l'intellectuel d'Europe centrale, balkanique et de l'est, depuis la figure de Kafka à la déchéance des exilés Newyorquais.

Il existe, toutefois, une consolation: à la lecture de ces poèmes, on comprend qu'il s'agit de la consolation par la culture. La poésie est vécue d'une manière sacrale, liturgique. Elle panse les blessures et ouvre, par ses vertues esthétiques, les voies à de nouvelles transfigurations. À la fois postmoderne et néochrétienne, elle est la marque, d'à même les ruines, d'un nouvel éruditisme et spiritualisme orthodoxe.

1. ALEKSANDAR ILIĆ (1945)

JE SAIS

À Miodrag Perišić

À la différence d’Izet Sarajlić[3] je ne peux pas uniquement célébrer
car Je Sais tout non seulement à propos de la chute de Berlin
mais aussi à propos du pacte signé par Hitler et Staline
À la différence de Sarajlić je ne sais pas « avec quelle stupéfaction
Ezra Pound et Louis-Ferdinand Céline ont pu prendre cette nouvelle »
Je Sais en revanche pourquoi n’ont pas eu le temps de le célébrer
Vladimir Maïakovski et Sergueï Essénine.
À la différence d’Izet Sarajlić je ne peux pas célébrer
car Je Sais qu’en août de l’année 1939
quatre jours avant le début de la Seconde guerre mondiale
ont été proclamés frères Hitler et Staline à Moscou et Berlin
les drapeaux rouges flottaient claquaient
symboliques des couleurs médiévales
buvaient des cocktails Molotov
et Ribbentrop
célébration magnificente accord fraternel
quatre jours après s’embrasait la fatale guerre
du totalitarisme contre la démocratie
les Baltes tombaient déjà on se partageait fraternellement la Pologne
de singuliers champignons poussent encore dans la forêt de Katin
pour ne point parler de l’attente de la mort des patriotes sur les bords de la Visla
l’une après l’autre pourries et mensongères tombaient les démocraties bourgeoises
(là où de nos jours encore le frêle capitaliste, à la taille Cardin, oppresse
la classe ouvrière)
devant le pont au début du chemin de fer aux rails étroits un train large fraternel s’arrête
on ne peut aller plus loin ! on ne peut aller plus loin !
on jette du train les paquets cadeaux
les communistes les socialistes les démocrates les juifs allemands
ce cadeau est expression de l’amour et de l’alliance fidèle jusqu’à
l’infidèle attaque
Joukov souriant réprimande Montgomery pour le second front
vous avez honteusement différé dit-il
Monty porte un toast au second front
second second front
Joukov croit que Monty bafouille mais celui-ci dit
on l’a tenu deux ans ce second front
vous étiez alliés alors
Lit Izet le dernier Joukov auquel on imposait de se taire
revois tes propres sources
qui est responsable pour les dizaines de millions d’âmes russes et non-russes non seulement du Goulag
mais aussi pour les fosses communes des premiers mois de guerre
de destruction de terrible défaite
ce ne sera pas Béria que tu maudis de manière hypocrite
c’est la plus comique des versions officielles de Nikita
qui a condamné le culte mais pas le système de Staline
Béria et Iejov et Iagoda sont petits pour tant de maux
Pourquoi ne fais-tu que célébrer Izet pourquoi ne pas douter un peu
Ne serait-ce qu’un petit peu
Mais non !
tu célèbres même le père de Mirka laisse donc Mirka en Paix
pourquoi ces codages secrets si indignes si immondes
Izet laisse
Le Nuage en pantalon
et écris-toi
de vive voix :
C’est Zogović[4] que je célèbre !
Les dissidents je les gronde !
Car tu le dis toi-même ils écrivent les livres avec de la salive
Les Livres Izet on les écrit avec de l’encre du sang du sperme de la sueur des larmes
et de la salive
est-ce bien important, l’important c’est la vérité
quand tu fermes la gueule à quelqu’un soixante dix soixante cinquante quarante trente
vingt dix cinq ans
même une demi-heure merde Izet
la salive lui monte à la bouche
et qu’y faire Izet ?
Il s’agit d’un fait douloureux, naturel.
Tu voudrais Izet qu’ils continuent à l’avaler leur salive qu’ils continuent à se taire
Ce n’est pas bon pour le métabolisme Izet
Eux devraient l’avaler leur salive et se taire l’avaler se taire l’avaler se taire
et toi de chanter de célébrer de célébrer de chanter et célébrer
eux de taire les dizaines de millions
d’âmes mortes
qui depuis la glaciale tempête de l’histoire crient implorent pleurent et prient
et toi de chanter de célébrer
avec de l’encre multicolore
Fermez-leur la gueule ! ordonne Gargamelle (voir Igor Mandić[5])
qu’ils avalent leur propre salive leur sang leurs larmes leur sueur et qu’ils
se taisent à jamais
Mais vois !
On envoie des fleurs sur la tombe de Tarkovski qui n’avait même pas cinq
kopek pour l’autobus dans sa patrie
on écrit des nécrologies honnêtes dans la Litgazet
Que faire maintenant, Izet ?
En ce qui est des choses d’ici Izet
tu voudrais que notre mer soit nôtre uniquement
il y a une mer qui est leur uniquement
l’albanaise
vas-y Izet si elle te convient tant
on y astique même sur le square le monument à Hazjaninov
on y célèbre toute sorte de Radovan locaux
c’est le deutschemark allemand qui sur notre littoral te gêne Izet
la misère dalmate les mendiants les hommes de Dieu
ne te dérangeaient pas
ils te dérangent maintenant qu’ils vivent décemment
en ce qui est du deutschemark et du dinar Izet
vous les jeunes lisez les vieux journaux puisque les vieux ne disent pas la vérité
il fut un temps avant ton délire en état de veille
avant celui de Radovan
où le dinar avait un fondement en lingots d’or
Enfin bref
Adieu Izet
Car tu écris (à l’encre) :
« L’automne compte sur l’âme toujours mais l’âme est chez Sarajlić et Audn
toujours un peu démodée ».
Je ne sais Izet ce qu’il en est pour Audn
mais Je Sais ce qu’il en est pour toi
il ne s’agit pas d’une âme automnale mais hivernale, glaciale,
l’âme est à jamais humaine
de celui seul qui entendit les cris des dizaines de millions d’âmes
et – sans encre –
s’écria.
 

2. STEVAN TONTIĆ (1946)

L'EUROPE, AUJOURD'HUI ET DEPUIS TOUJOURS

J'entends dire que les Serbes sont aujourd'hui le peuple le plus vil d'Europe
des assassins et des barbares,
des semi-asiatiques, des bêtes fauves,
destructeurs et fossoyeurs,
hordes de sauvages impies non encore apprivoisées
par l'esprit saint, la civilisation.
 
L'Europe est - de fait - emplie
des peuples les plus vils
L'Europe, fier berceau
de l'Histoire, de la puissance, de l'esprit, de la culture
( - un peu de Mozart, un peu de torture ! - ),
L'Europe, notre mère blême,
ils l'aviliront et la trahiront,
L'Europe, parée pour la noblesse et les serfs,
L'Europe, notre gloire, notre cimetière.
 
Mais qu'en est-il de l'esprit secret d'Europe,
créateur, majestueux ? Il n'est pas assis
les bras croisés ! Il crée, celui-là !
de l'infortune, des misères et de la crasse séculaire
des peuples européens,
du frisson et de l'horreur de l'histoire européenne
il façonne infatigable et distille de main de maître
la poésie, la philosophie et d'autres choses
pures et inutiles,
qui - s'évaporant de la fosse à fumier européen -
ont rendu folles les autres parties de la planète.

 
3. ANĐELKO ANUŠIĆ (1953)
 
ÉPITAPHE POUR QUELQU’UN D’INCONNU
 
D’aucuns dans la bardane, dans le sureau, dans l’aliment pour la bruyère,
et moi nulle part – ni sable de rivière –
 
de Dieu les yeux innombrables – ne bercent
mon reflet dans ces divines eaux ; sans éclat
 
est mon grain ; d’aucuns sur la route, d’aucuns sur le bord de la route
sur la stèle funéraire ; mais moi nulle part – sot de l’Autre Versant
 
à manger mon grain infime –
de la fève l’âpre alphabet –
je n’ai point passé l’examen dernier ;
 
d’aucuns par-dessus la Una – au cou de son amant, du saule,
d’aucuns dans la Drina, la Save…
dans le royaume des poissons ; mais de ma tête
 
nulle part de marque ; d’aucuns dans l’ambre nordique,
sous le givre du pissenlit ;
seul à ma graine il n’est de trace, infime même ;
 
quelqu’un dans la prière, le juron, le conte, le poème ;
dans un dessin mural ; un vitrage, une fresque ;
 
sous la pierre frontalière quelqu’un d’inconnu
contemple, sur l’Autre Versant, la patrie en fleur ;
 
mais moi nulle part, sur aucun point, aucune cote ;
mes yeux – sous quel soleil se sont-ils éteint, qui les a bus ;
 
quelqu’un dans le Verbe, le Feuillet, le Livre,
mais il n’est de moi à jamais, nulle trace, nul vivre

4. NEBOJŠA DEVETAK  (1955)

LE MÉTIER DE L’EXIL

Ce syntagme m’est resté d’une lecture d’un poème
Du poète polonais Stanislav Barancsak
Je me souviens, à peu près, de l’atmosphère du poème,
Pas de son « contenu ». Et même si je m’en souvenais
Serait-il possible de paraphraser un poème
 
Cette construction m’a plu notamment
Parce qu’elle offre d’innombrables possibilités d’associations
À des situations auxquelles moi-même j’ai du faire face
Dans mon exil
 
Comme il en va souvent des choses qui nous mettent dans l’embarras,
On crée, par rapport à ce mal-là aussi,
de manière inconsciente, un mécanisme de défense
On devient, au bout du compte, à tout indifférent
On cache son état d’immigré
Comme le tronc d’une main amputée
S’écartant de ce dont on ne peut échapper
Par une fuite quotidienne
Jusqu’à ce qu’une circonstance
N’envoie la bouée de sauvetage
 
On nage précautionneusement, précautionneusement
Appuyant du pouce sur le bouchon de gonflage
 
Et même si, Dieu nous en garde, la bouée se dégonflait
On fera comme si de rien n’était
On redoublera les coups de rame
Un havre quelconque
Finira bien par apparaître

 

5. ZORAN DJERIĆ (1960) 

ESCAPISME, ÉLÉGIE

Andrić s’est réfugié sous un pont, sur la Drina.

Boulgakov, tel un chat, demeure sur les toits et dans les caves de Moscou.

Cvetajeva, Marina, est une tendre apparition, tel un ange.

Ćorović Vladimir et Svetozar, les frères, ont vu plus que Vidaković et Vidojević : l'un le passé, l'autre l'actualité de la Bosnie et de l'Herzégovine. Quand au futur, adressez-vous à Ćorkan.

Georg Trakl, morphinomane, s’est enfui, en profondeur, dans le rêve.

De Dučić,  l’âme a quitté le corps, mais pas la terre : elle végète parmi les feuilles d’herbes dans les alentours de Trebinje.

Eliot est une corde, T. S. un archet. Nous écoutons actuellement le Cinquième quartet, en ré mineur.

Étrange poétesse que cette M. Čudina.

- Tu as lu ses livres ?

- Je les garde tels des enchantements.

- Et as-tu lu Aïgy, le Tchouvache ?

Franz Kafka. Voir sous K.

Georges Bataille s’est travesti en Georgine, du Bleu du ciel. Sa lecture le trahit : Sur Nietzsche.

Gyorg Konràd aurait pu devenir Georg/e, George ou Đorđe, mais il est resté Gyorgy, un juif hongrois.

István Domonkos de Zmajevo, mon voisinage s’est, en mordant le mur à pleines dents, esquivé par la fenêtre… Il s’esquive encore.

James Joyce ? Serait-ce ce vagabond au dépotoir de Dublin ?

Joseph Brodsky est depuis cinq ans déjà un petit bateau, une barque, une gondole vénitienne.

K. est le gardien du château de Karlstein, mais on peut aussi le rencontrer devant les portes de Kokoržina, Konopište et Krživoklata, ainsi que celles d’autres châteaux tchèques.

Kostić Laza dont je rencontrai l'esprit en l'été 1990, dans la ville sur l'eau, là où chaque visage est suivi d'une ombre reélle, épouvantable.

Lechoń Jan a fait son nid sur le faîte d’un building de New York : 353 West 57 Street. Une de ses plumes s’est posée jusqu’au Laskach natal, près de Warszawą.

Lvov (Львов, Лоллий Иванович), poète méconnu de l'émigration russe a échangé les quatre huit de sa biographie (né en 1888 – mort en 1968), pour un ∞, de sorte qu'il erre à présent sans fin par les villes qu'il a chantées : Paris, Munich, Florence…

Mann a traversé l'océan à plusieurs reprises avant de retrouver, au bout du compte, la paix sur sa Montagne magique.

Nabokov est, enfin, papillon : Plebejus (Lysandra) Cormin Nabokov.

New York dont les lumières ont attiré les papillons slaves et d'autres insectes divers – leur brûlant les ailes, brisant leurs pattes de manière impitoyable…

Osip Mandelstam, même après les poisons et les lames n'a eu de cesse de rêver de son reflet, évanescent, dans l'azur.

Pan Cogito (deuxième nom de Herbert) a totalement repoussé le premier. Le procès, qui a débuté en 1974, a pris fin en 1998. À la mort du poète triomphait son Double.

Pound s'est libéré de sa cage d'acier et est revenu en Italie. Il est de nouveau sur la place saint Marc tel un grand lion de pierre.

Rainer Maria Rilke n'est pas un étendard sur le donjon de Duino mais une fenêtre, ouverte, où se précipitent et d'où s'élancent les oiseaux. La mort est tout un amas de rimes nouvelles!? Elles surgissent du Rhône et sous les eaux nagent.

Schultz Bruno vient de sortir de Sous la clepsydre et d'entrer dans  Les boutiques de cannelle. «Qu'est-ce que ce charlatan fait là-bas ?», demande le Père, en montrant du doigt un mannequin chauve dans la vitrine.

Trois noyés serbes majeurs : Šantić, noyé dans la tristesse de Mostar ; Dis, une âme noyée dans la mer ionienne ; et Milutin Bojić, noyé dans le poème «Le cimetière bleu» : requiem… sur les eaux saintes également pour ces trois-là !

Ungaretti : Un grido e paesaggi (un manifeste et un paysage). Des mots seuls – l'air, la terre, l'eau. Niente!

Vislava Szymborska, telle une holothurie, s’est fendue en deux face au danger : la foule a déjà dévoré une partie tandis que l’autre, repliée sur elle-même, se protège.

Zabolotsky peut à tout instant apparaître de l’autre côté du miroir.

28 octobre 2001.

6.  RADIVOJ STANIVUK  (1960)

ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE CELAN

Au bout du compte, on se fatigue de tout, des livres et des poèmes, des discours et des lettres,
de l’indifférence de ceux dont on s’attendait à un accueil fraternel,
de l’ostracisme dans un pays qui produit des milliers de grands poètes,
où chaque infime pensée est sortie de l’inspiration des poètes,
où l’on te rejette comme un corps malade, étranger dans un corps sain,
au bout du compte, ils l’emportent sur tout raisonnement, sur toute question de goût,
ces éternels prescripteurs de goût et d’habitude, car ils sont, tout simplement, trop nombreux
et se régénèrent comme les vers de terre et la vénéneuse vermine,
remuant la terre de tous côtés, d’un commun accord avec les bourreaux et les taupes,
 
aujourd’hui cette foule commémore le souvenir d’un poète désespérément seul,
de son temps rejeté par une foule semblable
et contraint de chercher asile et salut dans la Seine obscure,
car, comme un autre solitaire l’écrivait, affirmant que tous composeraient des poèmes[6],
aujourd’hui ceux-ci l’emportent sur les voix esseulées,
 
Que dire à propos de tout ça, c’est une vieille histoire, aussi vieille que la Genèse,
ils ont rejeté tes poèmes sans les avoir lus comme ils ont rejeté
les désirs et pensées de tes proches sans les avoir écoutés, leur imposant avec orgueil
leur armement et leur pensée, en vigueur dans toute cette Europe pourrie,
privée de tout courage et de toute compassion,
ils ont déchiré tes pensées et d’un coup de couteau du bonheur
ont fendu ton esprit en deux morceaux, entre l’Est et l’Ouest,
ils ont trahi ton espoir, ils ont mis en place le chanter à l’unisson et le marché,
là où le marché n’a pas raison d’être car la poésie n’est ni pour le cirque ni pour la foire,
 
On en viendrait à pleurer sur leur langage incompréhensible,
sur leurs pensées inachevées aux idées interrompues en pleine effervescence,
sans aucun centre de gravité dans l’esprit,
on en viendrait à hurler un muet avertissement aux cieux,
une révolte au cœur du langage,
on en viendrait à dire : assez de cette pratique des indulgences !
le crime dont tu parles ne sera pardonné à personne, Celan,
ce crime, qui aujourd’hui encore, sur d’autres, se répète.
 
St. Hilaire de Villefranche, le 15. septembre 1995.
 

3. Notices biographiques des poètes

Aleksandar Ilić (1945), professeur de littérature à l’Université de Belgrade, traducteur littéraire. En décembre 1989, membre du Comité fondateur du Parti démocratique. Editeur en chef du journal Demokratija. Ambassadeur de Serbie et Monténégro en République Tchèque de 2001 à 2005.

Stevan Tontić (1946), né à Sanski Most, Bosnie-Herzégovine. Il a fait des études de philosophie et de sociologie à l'Université de Sarajevo où il a vécu de 1976 à la mi-janvier 1993, date de son départ en exil à Berlin. Il est l'auteur de nombreux recueils de poésie, dont : Science de l'âme et autre histoires drôles, 1970; Хулим и посвећујем/Hulim i posvećujem (Je blasphème et je sanctifie), 1983; Seuil, 1986; Le ring, 1987; le très fameux Сарајевски рукопис/Sarajevski rukopis (Manuscrit de Sarajevo), 1993 et Mon psaume, 1997. Il est également auteur de deux anthologies: Nouvelle poésie de Bosnie et d'Herzégovine, 1990; et La poésie serbe moderne, 1991, anthologie capitale de la fin de siècle dans les lettres serbes.

Anđelko Anušić (1953), né à Gradina, Suva Međa, Bosnie-Herzégovine. Poète, romancier, chroniqueur. Auteur d’ouvrages importants sur le drame de l’exil et l’histoire tragique des Serbes de Krajina. Poésies : Крст од леда/Krst od leda (Croix de glace, 2000) ; Слава и поруга/Slava i poruga (Goire et dérision, 2008). Sa poésie, qui porte l’empreinte de la foi chrétienne orthodoxe, est un exemple réussi entre littérature postmoderne et religion.

Nebojša Devetak (1955), né à Mala Gradusa, Krajina, Croatie. Poète, rédacteur littéraire, auteur d’anthologie, dont l’Anthologie de la poésie serbe du XXème siècle en Croatie (2002) et Les routes sont notre Patrie (2006). Poète du drame de l’exil, du déracinement et de la solitude. Recueil de référence : Расуло/Rasulo (La débandade), 1997.

Zoran Đerić est né en 1960 en Serbie. Docteur en Etudes slaves, spécialiste des littératures de l'exil. Poète, dramaturge, professeur à l’Université de Banja Luka, membre du comité de rédaction de plusieurs revues littéraires dont Поља/Polja, Златна греда/Zlatna greda, etc. Il a publié plusieurs recueils de poésies et d'essais, dont Caractéristiques intérieures, 1990, La sœur, 1992, livre sur l'inceste, Respiration, 1994 et Аз, Бо, Виде/Az, Bo, Vide, 2000. Il vit à Novi Sad.

Radivoj Stanivuk est né en 1960 à Zrenjanin, Serbie. Diplômé en sciences politiques à l'Université de Belgrade, il obtient un D.E.A. en littérature générale et comparée à la Sorbonne Nouvelle en 1994. Il a travaillé comme journaliste et animateur du programme littéraire de la Maison des jeunes de Belgrade. Poète et nouvelliste, critique littéraire et essayiste, il a publié les livres suivants: La trace, 1983; La bâtisseuse sombre, 1988; Langueur et colère, 1991; La semaine sans nom, 1994; Rythmes de la mégapole, 1997 ; Langueur et colère, odes et poèmes de voyage, 2000 ; La nuit des étoiles errantes, 2010 ; Éloge des mouvements naturels, 2010. Il a vécu dix ans en France où ses poèmes, traduits par Christine Chaton ou Boris Lazić, ont été publiés dans Europe, Nota bene, Sud, Caravane, Prétexte, Méditerranéennes, La nouvelle alternative, Encre vagabonde, Variable et Dialogue. Il vit aujourd’hui à Maglić, près de Novi Sad.

4. Appendice

La poésie serbe est présente dans les publications périodiques françaises et plusieurs auteurs de premier ordre ont été traduits en français[7]. Toutefois, si la prose classique et contemporaine est présente en librairie et accessible au lectorat, il n’en va pas de même de la poésie. Le lecteur intéressé doit, dans sa recherche du matériau lyrique, faire preuve de ténacité. Il est vrai que trouver de la poésie serbe en France relève d’un parcours du combattant. Cette étude, préliminaire d'une Anthologie de la poésie serbe contemporaine que nous nous proposons de publier bientôt a pour ambition de combler, en partie, cette lacune.

5. Bibliographie

anthologies[8], panoramas, numero thematique de periodique (en langue française)

Anthologie de la poésie yougoslave des XIXe et XXe siècles, avec une introduction et des notices par Miodrag Ibrovac, en collaboration avec Savka Ibrovac, Librairie Delagrave, Paris, 1935.

Anthologie de la poésie yougoslave contemporaine, traduction et avant-propos de Zoran Michitch, avec notices sur les auteurs, Paris, Seghers, 1959.

La poésie surréaliste de Yougoslavie, choix et introduction de Branko Aleksić, traduit par Vera Deparis, Bojana Jungić-Vladić, Milena Đorđić, Koča Popović, Tomislav Srdanović et Harita et Francis Wybrands, Poésie-Bis, 1, Paris, 1985.

Patrimoine littéraire européen. Vol.1-12 / Sous la direction de Jean-Claude Polet. – Article sur la littérature et les écrivains serbes : Jovan Deretić et Paul-Louis Thomas. – Bruxelles : De Boeck Université, 1992-2000. (trad. de J.-Cl. Roberti, D. Lecco, Cl. Fauriel, A. Dozon, P.-L. Thomas, M. Aubin, M. Ibrovac, D. Vékovitch, L. D’Orfer, Lj. Huibner-Fuzellier et R. Fuzellier, A. Vaillant, L. Kovacs, T. Todorović, B. Lazić). Dans la même collection, un essai de référence : « Histoire de la traduction en français des littératures serbe et croate » de Paul-Louis Thomas in Actes du colloque international, Namur, 26-28 novembre 1998.

Les Saluts Slaves, une anthologie poétique, traduction de Kolja Mićević, Editions Kolja Mićević, Paris, 2002.

Poèmes serbes, Traductions en vers de Jean-Marc Bordier, postface de Milovan Danojlić, Plato, Belgrade, 2002.

Sources sur les activités poétiques du monde littéraire serbe 

Agon ; Balkanski književni glasnik ; Elpenor ; Jurodivi ; Koraci ; Metafora ; Novine beogradskog čitališta ; Polja ; Povelja ; vasapavkovic.com ; Zlatna greda.

Prix littéraires

Zmajeva nagrada (prix qui couronne l’œuvre d’une vie) ; Brankova nagrada (prix éminent attribué à un auteur débutant) ; parmi d’autres prix d’importance citons : Disova nagrada ; Nagrada Vasko Popa ; Miljkovićeva nagrada ; Žička hrisovulja ; Nagrada Meša Selimović ; Njegoševa nagrada.

 


NOTES

[1] Aucun ouvrage de synthèse sur les lettres et la culture serbes n’a été publié en France. Pour de plus amples indications sur certains des auteurs cités et sur les courants littéraires et artistiques en général, le lecteur intéressé devra donc consulter L’histoire du peuple serbe de Dušan T. Bataković (Editions L’Age d’Homme, Lausanne, 2005), seul ouvrage de référence disponible en librairie.

[2] Identités subies (régionales ou étatiques, linguistiques ou nationales, par leur essence inexactes et réductrices,  elles peuvent représenter une négation de la conscience identitaire originelle) : bosnienne/bosniaque ; croate ; kosovare ; macédonienne ; monténégrine ; voïvodinienne, voire « serbienne » (србијански/srbijanski, se référant à la Serbie centrale qui seule, selon ce projet politique, exprimerait la « serbité »). Elaborées sous le régime titiste,  encore parfois d’actualité dans l’Union européenne, ces « identités », dans l’espace de l’ancienne Yougoslavie, restent en conflit latent avec l’identité revendiquée (identité nationale et linguistique serbe), qu’elles aspirent à effacer (législations et pratiques discriminatrices des nouveaux États issus de la SFRJ).

[3] Izet Sarajlić (1930-2002), poète, traducteur, professeur à la Faculté de philosophie de Sarajevo. Auteur de plus de trente livres de poésies, traduit en quinze langues, il occupe dans la Yougoslavie socialiste, par sa popularité en tant que poète, une position analogue à celle qu'occupe, comme romancier et nouvelliste, Branko Ćopić. Le poème est d'autant plus polémique que Sarajlić, bien que fidèle au dogme communiste, est un poète élégiaque, lyrique, à l'humanisme prononcé. 

[4] Radovan Zogović (1907-1986), poète et traducteur serbe/monténégrin. Il participe brièvement, sous le régime titiste, à l’élaboration d’une identité monténégrine distincte de l’identité serbe. Communiste, stalinien (il sera persécuté sous Tito en raison de son attachement à l’URSS). Ses meilleures pièces poétiques, réflexives, représentent un incessant dialogue avec la tradition poétique serbe (notamment la poésie de geste et celle de Njegoš) et la poésie de Dante.

[5] Igor Mandić (1939). Critique littéraire, publiciste et polémiste croate (Igor Mandić a soutenu Danilo Kiš lors de sa polémique avec le critique littéraire Dragan Jeremić). Yougoslave, démocrate, il s’engage de nos jours pour le renouvellement de l’idée fédéraliste serbo-croate. Livre de référence : La police de la pensée, Zagreb, 1979.

[6] « Tous écriront de la poésie », poème de Branko Miljković (traductions publiées : Origine de l’espoir (Порекло наде/Poreklo nade). Trad. collective avec la collab. de L. Albertini, E. Guillevic. – Paris : Centre Culturel de la RSF de Yougoslavie, [1982] ; Eloge du feu (Похвала ватрe/Pohvala vatre). Poèmes choisis / Choix et postface de Jezdimir Radenović. Dessins de Vladimir Veličković. Trad. du serbo-croate par Zorica Terzić. – Paris : Transition, 1999 ; La poésie de Branko Miljković a donné lieu au récital La pensée du chant (Мишљење певања/Mišljenje pevanja), Atelier Théâtre serbo-croate, Université Sorbonne Paris IV, UFR d’Etudes Slaves. Adaptation pour la scène : Sava Anđelković, trad. Zorica Terzić, Boris Lazić, 2010.

[7] Pour une liste détaillée des éditions se reporter à l’excellent ouvrage de synthèse de M. Srebro : Bibliographie de la littérature serbe en France, Bibliothèque nationale de Serbie, Belgrade, 2004 (des exemplaires sont disponibles au Centre Culturel de Serbie, à Paris). On remarquera que plusieurs poètes majeurs de langue française ont participé à cet effort de traduction, dont Alain Bosquet, Michel Deguy, Eugène Guillevic, Robert Marteau.

[8] Dans les anthologies du vingtième siècle, l’identification de la poésie serbe pose problème : elle est souvent présentée sous un qualificatif qui ne correspond pas à son identité nationale mais embrasse de manière générale la production poétique yougoslave dans son ensemble. On parle en effet alors de « Littérature(s) yougoslave(s) » et non de littérature – poésie – serbe. Nous n’y avons pas inclus, en raison d’enjeux esthétiques, les panoramas de poésies naïves et paysannes.

 

In : Revue du Centre Européen d'Etudes Slaves - Représentations artistiques, poétiques et littéraires slaves | La revue | Numéro 1.

[En ligne] Publié en ligne le 09 mai 2012.

URL : http://etudesslaves.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=263

 

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